𝐦𝐞𝐧𝐭𝐡𝐞 ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ ᵇⁱⁿˢᵘⁿᵍ

✿9✿ : 10 000 Wons.

Malgré mes tremblements incessants, j'ai séché l'heure de sciences pour me rendre au parc Gongdan, à cinq minutes à pied du lycée. Pour traverser la route, je n'empruntais pas les passages piétons. Je serrais la lanière de mon sac et j'ai foncé dans le parc, enjambé plusieurs barrières au lieu de faire le tour et rejoint la connaissance de Seungmin. Lino était assis sur un banc, pianotant sur son téléphone, ses cheveux roux cuivré cachaient une bonne partie de son visage et il portait une grande combinaison noire ainsi que des Doc Martens argentées. Il s'aperçut de ma présence et se leva, me saluant brièvement de la main. Les traits de son visage étaient fins. Si je ne venais pas pour acheter de la Menthe, j'aurais pensé que c'était un mannequin. Il a la peau un peu bronzée par le soleil. Ou bien est-ce son vrai teint naturel. 

— Jisung, c'est ça ? 

— Oui. 

Je sors de ma poche un billet de 10 000 Wons froissé que j'ai piqué dans le tiroir du bureau de mon père. Il ne remarquera pas sa disparition. Et au pire, il pensera que c'est ma mère qui l'a prit pour des dépenses personnelles. Lino me prend le billet des mains et me tend à la place une boîte rectangulaire de la taille d'un paquet de cigarettes. Mes tremblements ont l'air de cesser. Sur la boîte blanche est inscrite un dessin improvisé de menthe de couleur bleue, et c'est tout. Il n'y a aucune autre indication. 

— Merci Lino. 

— De rien, fais attention en rentrant. À plus tard Jisung. 

Puis il est partit. 

Je me retrouve seul dans le parc avec mon paquet. Maintenant, c'est ma mâchoire qui tremble et mes jambes qui commencent à flancher. Par chance, j'ai aussi piqué un des nombreux briquets de mon père. Là, pour le coup, il ne se rendra pas compte de sa disparition contrairement au billet. Je m'assois sur le banc où Lino était plus tôt et extirpe un des bâtonnets blancs au nombre de 12. Coincé entre mon index et mon majeur, je me demande finalement si c'est une bonne idée. Je sors un briquet de ma poche, gratte la molette de façon maladroite mais parviens à faire apparaître une flamme bleue et vacillante. Je la rapproche du bâton blanc et le bout s'embrase rapidement. Je pince l'endroit dur de la cigarette avec mes lèvres et aspire une première goulée de la drogue. 

Le froid désagréable se répand dans toute ma bouche, ma gorge et finit sa course dans mes poumons. Au début, j'ai du mal à respirer et je ne fais que tousser. Mais l'euphorie reprend place. Le goût mentholé m'apaise et je clos à demi mes yeux. Mes problèmes s'envolent en même temps que la fumée dans les airs. Je ne me suis jamais sentit aussi bien.
Je consume la cigarette comme si elle m'aidait à vivre et quand je l'ai fini, je n'avais plus ce manque qui m'étreignait les poumons et le cœur. J'allais  mieux.