Mon humeur fait des montagnes russes. J'ai beau fumer de la rouge, je suis toujours aussi perdu. Je me sens seul. Trop seul. Et je pleure aussi comme une merde, mais ça, ça ne change pas. Je chiale à cause de Changbin. Pour je-ne-sais-quelle-raison, juste penser à lui me met dans des états pas possible. Mon cœur se serre et j'ai toute la peine du monde à retenir d'immondes larmes. Ce qui me fait passer pour le pleurnicheur de service.
Alors quand Hyunjin m'a proposé d'aller en boîte de nuit, j'ai sauté sur l'occasion.
***
La musique fait vibrer mon âme, les couleurs des néons éclairent brièvement les danseurs collés-serrés et les cris fusent dans la salle. Je n'étais jamais allé dans une boîte avant, mais c'est carrément génial. Les potes de Hyunjin sont plutôt sympas avec moi et me font bien rire. Pour fêter notre rencontre, on a trinqué au bar, verres d'alcool à la main et cigarettes entre les doigts. C'était vraiment super super fun.
Pour faire office de contre-soirée, on est allés chez Yeosang, un garçon un peu plus grand que moi et des cheveux bruns. Son appartement est plus grand que celui de Hyunjin mais je ne prête guère attention aux détails, l'alcool fuse dans mon sang et la cigarette embrume mes pensées. Les autres mecs sont étalés sur un canapé et Hyunjin s'est littéralement endormi sur un fauteuil.Yeosang m'a proposé de boire un autre verre d'alcool. Au début, j'ai refusé, mais je ne voulais pas le décevoir et j'ai sifflé le verre en un rien de temps. Yeosang m'a regardé en riant et je me suis demandé pourquoi je commençais à me sentir bizarre. Trop trop bizarre même. La pièce s'étire et... il fait chaud. Ou est-ce moi qui a chaud ? Un ballet de couleurs vives dansent devant mes yeux, piquent ma vision. Je ferme à peine mes paupières qu'une autre vague de chaleur me secoue et je me rattrape au comptoir. Mes yeux s'ouvrent en grand. Le salon n'est plus qu'une vague toile de peinture. Je frotte mes mains moites entre elles et tentent de m'essuyer mon front, sûrement couvert de sueurs aussi, autant froides que chaudes. Un des autres mecs se dirige vers moi et me saisit par l'épaule pour me dire que tout va bien, que ça va passer. Je le regarde quelques nanosecondes sans comprendre puis, j'ai éclaté de rire. Un rire presque hystérique. Je n'avais rien entendu de si drôle.
Mes épaules tressautaient et mes yeux s'embuaient de larmes. J'étais pris d'un fou rire incontrôlable à chaque fois que j'essayais d'en placer une. On me tire par le bras. Sûrement l'autre mec. Je m'en fiche. Je traîne des pieds sur le sol, fixe le plafond multicolore. Je me sens mou et je m'entrave à plusieurs reprises. J'ai l'impression de tout ressentir.
Cette main qui tient mon poignet, qui me fait hérisser mes poils sur les bras (je les entends même se dresser !) et qui ne compte pas me laisser. Oh non, je ne voudrais pas que cette main me laisse. Jamais. Je ricane à nouveau. J'ai envie de danser, de m'amuser, de sauter partout.Je vivais une merveille. Les murs semblaient se rapprocher de moi et s'éloignaient à toute vitesse. Les cadres posées sur les murs ou les tables ressortaient en mille dimensions, vivaient littéralement. J'ai voulu en toucher un, mais la main me tire plus fort et me demande d'aller plus vite. J'explose à nouveau de rire en regardant une porte. La poignée se déforme, comme une bouche et de vagues mots s'en échappent. Je voudrais tellement partager ce que la porte me dit. Ce sont des mots étranges, salaces et intriguant. La porte me parlait ! Quelle découverte étrange. La main m'écrase le poignet, enfonce des ongles rongés dans ma peau, et la moiteur devait me révulser, mais je suis trop ailleurs pour que ça me dérange. Je m'entrave à nouveau, hilare dans ma tête, et la bouche pâteuse. Je voudrais tant parler. Mais chaque mot auquel je pense s'évanouit sur mes lèvres, tombe sur le sol avant de s'éparpiller. Pourquoi s'échappe-t-il ? Je veux parler !
Je m'effondre sur quelque chose de doux, qui sent bon. Ca se froisse sous moi. Je le sais, je le sens. Est-ce si mauvais que de vouloir s'enfoncer dans la matière ? Elle est si... accueillante. Est-ce Morphée ? Vient-il me cueillir pour que je dorme ? Je l'espère bien oui. Je me sens... fatigué, mais énergique à la fois ! C'est bizarre, hein ?
Je regarde à nouveau le plafond. Des couleurs, encore des couleurs. Elles sont partout. Même quand je ferme les yeux, je les vois. Qu'est-ce que le réel et l'illusion ? Je n'arrive plus à différencier. Qu'est-ce qui importe de toute manière ?
Ah... je me sens si bien. Je veux que ce moment dure à jamais. Je me projette dans la galaxie. Mon corps n'est qu'une étoile filante. Et je vole ! Je vole au travers des étoiles, dans l'espace... Où suis-je de nouveau ? Je me suis perdu. Des ruisseaux dévalent de mes yeux. Je les sens. Des limaces viennent et disparaissent de mon cou. C'est très désagréable. Des vers se tortillent dans ma bouche. C'est ignoble. Mais que sont ces diverses sensations qui parcourent ma peau, mordillent ma chair et l'embrassent avec ardeur ? Tout est nouveau pour moi. Même ce bâton qui s'insinue en moi, se tord pour m'exploiter et m'écarter de l'intérieur. Mon dos s'arc. J'ai mal. J'ai si mal. Je veux que ça s'arrête, mais mon corps est en ébullition, aussi bouillant que de la lave. Suis-je malade ? Suis-je en manque ? De faibles souffles inconnus s'échappent de ma bouche. Qu'est-ce qui m'arrive ? Les couleurs se font plus violentes, abîment mes yeux, détruisent mes repères. Me revoilà dans un abîme de torture. Je ferme mes yeux. Rien n'y fait !Un étau poisseux resserre mes hanches, des griffes s'enfoncent dans ma peau et je me sens déchiré de l'intérieur. Les souffles ne me font plus crier, ils me font rire. Rire si fort que je me crois devenu complètement cinglé, tandis que les ruisseaux deviennent des cascade et que mon corps est secoué. Terriblement secoué. Les couleurs me parlent, se moquent de moi, m'insultent, me crient des injures et se resserrent autour de moi. La chaleur est insupportable. Je me noierai dans un bain de glaçons si je pouvais. Du froid... du froid... la Menthe. Elle me manque. Elle me manque atrocement. Ma fièvre augmente, mes lèvres tremblent et mon corps se brise en morceaux. Je ris, je ris. Je pleure, pleure, pleure, encore et encore. Rien ne s'arrête. Je ressens tout au centuple.
Je veux hurler, frapper, rire, m'énerver, pleurer.Les limaces sont de retour, les vers aussi. Je respire mal. Je suffoque. Je me laisse engloutir par les ténèbres. Ca bouge trop. Que quelqu'un arrête le manège. Je veux vomir. Un autre étau poisseux serre ma gorge. Un bref frisson m'envahit. Un frisson glacé. Puis quelque chose s'est déversé, je ne sais quoi ; c'était poisseux, tout comme cette poigne, et affreusement rapide et sale. Sale ?
Les couleurs se sont arrêtées... Et Morphée est venu pour de bon pour m'emporter de force avec lui, dans un monde peuplé de rêves colorés et oniriques.

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𝐦𝐞𝐧𝐭𝐡𝐞 ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ ᵇⁱⁿˢᵘⁿᵍ
Fanfiction❝ 𝘑𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 ; 𝘭𝘶𝘪, 𝘤'é𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘭𝘦 𝘨𝘢𝘳𝘴 𝘴𝘦𝘶𝘭 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘴𝘢 𝘤𝘭𝘢𝘴𝘴𝘦, 𝘶𝘯 𝘱𝘦𝘶 𝘮𝘢𝘭 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘴𝘢 𝘱𝘦𝘢𝘶, 𝘱𝘦𝘳𝘥𝘶. 𝘊𝘩𝘢𝘯𝘨𝘣𝘪𝘯 ; 𝘭𝘶𝘪, 𝘪𝘭 𝘷𝘰𝘶𝘭𝘢𝘪𝘵 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘦 𝘥𝘦𝘷𝘦𝘯𝘪𝘳 𝘢𝘮𝘪 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘑𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨. ...