Chapitre 28.

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— Luna était disons... lunatique. Elle vivait dans son monde à elle.

Johana gardait le regard rivé sur le feu qui crépitait de peur qu'en le regardant en face il puisse voir l'immense inquiétude qui l'habitait.

— Comment l'as-tu rencontré ?

Pourquoi lui demander ça ? Elle n'avait pas envie de lui entendre dire à quel point sa beauté l'avait subjugué. Qu'il l'avait adoré plus que tout... plus qu'elle ! Ça lui ferait trop mal.

— Elle était patiente dans un centre de rééducation. Je l'ai croisé par hasard. Elle m'a fait penser à toi.

Luna était une jeune femme à peine majeure. Du haut de ses vingt-et-un an, elle était plutôt chétive, la peau pâle, le regard creusé par la fatigue mais les yeux pleins d'espoir. Elle était méfiante et curieuse à la fois. Exactement comme Johana la première fois qu'il l'avait vu. Il avait soudain ressenti le besoin de la protéger de lui apporter l'aide qu'il avait refusé de donner à Johana. Il pensait qu'en faisant cela il pourrait soulager sa conscience.

Johana sentit l'espoir renaître en elle. Il avait été attiré par cette femme car elle lui faisait penser à elle ?

— Que faisait-elle dans ce centre ?

— Luna se droguait, elle avait vécu une enfance difficile. Adolescente elle a dû vendre son corps pour survivre. C'est ainsi qu'elle a commencé à dépravée. Drogue, alcool, cigarette tout était bon pour lui faire oublier sa vie misérable.

Johana comprenait à présent pourquoi il disait qu'elle était lunatique; elle préférait l'imaginaire plutôt que d'affronter la réalité. Pouvait-on lui en vouloir ? La vie ne lui avait pas fait de cadeau.

— Un jour elle a fait une overdoses et a faillit y rester. Elle a été admise dans le centre de Cyriac et c'est en visitant les lieux qu'on s'est rencontré.

— Vous avez été amants ? Lui demanda t-elle la gorge nouée.

— Pas tout de suite. Je la suivais personnellement et elle se rétablissait plutôt bien. Un soir on l'a fait et plusieurs fois après.

Elle nota qu'il avait soigneusement évité d'employer le les termes " faire l'amour " et " coucher ensemble ". La pensait-il si vulnérable ?

— Tu peux le dire clairement que vous avez fait l'amour, lui dit-elle amère. Je peux le supporter.

Anthon jura en silence. Il avait l'impression que plus il essayait de la ménager, plus il la blessait.

— Luna est finalement tombée enceinte, continua t-il.  Ce n'était pas normal alors qu'elle suivait un traitement complexe.

La jeune femme en resta sans voix. Il avait eut un enfant ? Il était père ?

— Tu es papa ? S'exclama t-elle.

Un voile de tristesse assombri davantage le visage d'Anthon.

— Non. Ma fille est morte avant même de naître.

Et c'était de sa faute, songea amèrement Anthon. Il n'avait pas été à la hauteur.

— Le médecin nous a conseillé l'avortement vu les conditions de Luna. Je n'étais pas très enchanté par la grossesse car il impliquait beaucoup de risque mais Luna désirait le bébé. Alors j'ai cédé tout en sachant que c'était une erreur.

Comment aurait-il pu refuser la chose qu'elle désirait plus que tout ? Une chose qui la rendait heureuse.

— L'arrêt brutal de son traitement pouvait faire ressurgir ses vieilles habitudes. Elle m'a promis que cela n'arriverait pas. J'aurais dû me montrer plus prudent mais je lui ai accordé le bénéfice du doute. Entre mes voyages, mon métier et ma vengeance je ne lui accordais pas beaucoup d'attention. Je n'étais pas avec elle la plus part du temps. Et ça à commencer à l'agacer. Toutes ses contraintes de grossesse à gérer seule l'ont fait replongé. Et elle a commencé à mépriser sa grossesse. Elle essayait de le cacher par tous les moyens.

Un dangereux protecteur(2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant