Tourments

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CHAPITRE 3


Le 23 février 2017

Regina n'avait pas programmé de réveil pour ce matin. Avec ou sans, le résultat était le même : la gueule de bois. Elle se prélassait dans son lit en essayant de se rendormir tentant d'oublier les événements de la veille. Les rayons du soleil agressaient sa peau et l'odeur d'alcool résidait encore sur son oreiller. Elle le vira au sol et se camoufla sous sa couette. Elle se concentrait sur la douceur de ses draps en soie. Elle s'imaginait se fondre dans une masse de nuage. Elle avait passé une fin de soirée étonnement agréable grâce à la rencontre d'un homme très mystérieux. Loin d'être un rat comme le recherchait-elle au Rabbit Hole, cet homme était gentleman, bien apprêté, cultivé et avait une prestance à en couper le souffle. Sa conversation n'était nullement ennuyeuse et à l'opposé des clichés de convoitises. Elle se sentait désirée avec finesse. Son charmeur privilégiait la bonne entente cérébrale plutôt que le contact de la chair. Il l'avait raccompagné jusqu'au porche de sa demeure de maire et n'entreprit le moindre geste tactile. Seul son sourire agissait. Malgré l'éclat de sa dentition parfaite, elle ne l'invita pas à entrer. L'homme n'en avait guère l'intention. Le jeu de séduction devenait plus intéressant basé sur la patience et la curiosité.

Le sommeil revenait petit à petit lorsque soudain la sonnette retentit. Elle l'ignora et grogna dans son matelas. Aujourd'hui, elle voulait dormir. Dormir jusque midi, minimum. Elle ne devait pas aller travailler. Retourner dans cette maudite pièce était hors de question. Elle ne mettra les pieds à la mairie seulement pour montrer la surprise à Henry qu'elle préparait depuis des semaines. En revanche, cela signifiait aussi.. revoir Emma. Et ça ce n'était pas une partie de plaisir. Elle ne comprenait pas ce qui l'avait amené à l'embrasser. Elle la considérait importante à ses yeux. Mais jusqu'à quel point..? Jamais elle n'aurait envisagé cette possibilité. Emma était la deuxième mère d'Henry, son égale, sa partenaire de magie, sa complice, sa confidente, son amie.. proche, très proche.. mais en aucun cas, son amante. Pourquoi ressentait-elle alors encore cette chaleur au fond d'elle? La sensation d'être en sécurité dans ses bras. De n'avoir aucune crainte. C'est étrange. Sûrement dû à leurs pouvoirs. L'attraction était puissante, presque surnaturelle. Est-ce qu'Emma aurait osé utiliser un sort sur elle? La force magnétique se dégageant entre leurs corps ne pouvait s'expliquer que par ça. Ou était-ce simplement dû à ses problèmes d'abandons? Emma ne contrôle toujours pas sa magie quand elle est émotive...

Ça n'explique pas pourquoi SON corps à elle a répondu. Pourquoi il l'a poussé à agir ainsi. Pourquoi il a fallu qu'elle dépose ses lèvres sur celles de son amie. Que se serait-il passé si l'échange s'était prolongé? Est-ce qu'elle aurait aimé que ça continue? Est-ce qu'elle aimerait que ça se reproduise? Et Henry? Comment il réagirait?

La sonnette se réenclencha avec acharnement. Très irritée par cette interruption, elle descendit sans se soucier de son apparence, et ouvrit la porte.

-"Bonjour Madame Mills!"

-"Lucilia? Que faîtes-vous ici?" demanda t-elle, déconcertée.

-"Il est quatorze heures.. vous êtes en retard! Et-. Hum. En sous-vêtements." répondit franchement la secrétaire.

Regina vérifia d'un œil furtif et se recula instinctivement derrière la porte. La gêne se propageait sur ses joues.

-"Bien. Euh.. allez-y, entrez."

Elle se changea instantanément en une pensée. Sa lingerie était à présent recouverte d'un tailleur bleu saphir.
Elle referma la porte tout en observant attentivement son employée monter les escalier du hall. La chevelure écarlate de celle-ci scintillait et chutait sur ses épaules dénudées. Sa tenue vestimentaire était un tantinet vieillotte pour son âge malgré qu'elle lui collait comme un gant. Cette robe bustier s'arrêtant à mi-cuisse, faisait ressortir la blancheur de sa peau grâce au bout de soie bordeaux enveloppé de voilages noirs. La jeune femme perchée sur ses bottines très féminines continua son chemin. Elle admirait la décoration meublée de classe et raffinement, puis, s'installa tranquillement, sans permission, dans le canapé. La mairesse ne pouvait contester la beauté de son invitée mais se fit une joie de la sermonner concernant les bonnes manières.

Le poids de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant