Cap Nord-Est

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Je ne crois pas que l'existence soit quelque chose de banal, je la trouve formidable. La vie néanmoins, dans certains de ces aspects nous accule à des retranchements, des spirales et des dynamiques qui nous interrogent sur nos valeurs. Sommes nous si importants, ou sommes nous si insignifiants? Il semble qu'il faille naviguer paisiblement entre ces deux extrêmes en gardant un certain sens du sacré (pardonnez moi mes maladresses, il est toujours difficile d'être précis sur ces choses verticales, car personne n'aura le fin mot il faut croire). Autant tout échantillon en dit suffisamment long sur son substrat, autant je dois me faire à l'étrangeté de cette vulgaire existence qu'est la mienne. Face à la submergeante complexité de la matrice qui nous accouche, certains voudraient croire qu'ils produisent la réalité, je n'y contreviens pas. Cela dit, je préfère voir l'existence comme un héritage, quelque chose qui transite par mon être, si j'hérite pour de bon de cette transcendance, j'ai besoin d'un signe, que dis-je d'un sceau, d'une marque d'appartenance au grand tout en guise de valorisation (gardez moi du sceau de la bête, je ne suis pas près à pactiser) et qui valide ma perception. Et puisque "demande il te sera donné", je présume "chères forces cosmiques", "puissances d'en haut" que vous pourrez faire simple, plus sûr, moins contraignant que cette oscillation entre pire et meilleurs qui aboutit à la banalité pour finir par rimer avec tracas. Si vous me promettez des choses simples (des choses binaires en m'épargnant les "peut-être") je continuerais à vous implorer comme il semble de mise. Certes, observer les vives effets de l'existence sur mon cuir me donne suffisamment de réponses sur les actions immédiates: trop chaud, je cherche du frais, trop frais je cherche du chaud. Quand j'ai faim je mange, quand je suis repus je m'arrête (Ô grand privilège de ma classe moyenne je réaliserai plus tard). C'est vrai que cela ressemble à la binarité valvaire (entrée/sortie), en apparence seulement. De ce peu d'éléments pour mon guidage terrestre, je pense pouvoir extraire avec certitude que l'existence est un super calcul face auquel je suis bien faillible et sur lequel avec mes petits ajustements je produis peu d'effet.  Ce marasme qui nous touille tous l'esprit y implante comme dans des reins usés des milliers de calculs insolubles, de la petite faille de vie édulcorée à une inconnue (x=celà peut-il durer?) au cauchemar sur pied à inconnues multiples (x=cela va-t-il durer? / Combien de temps? X Pourquoi? ). On sait que tout est théoriquement possible dans le grand ordinateur quantique, néanmoins la moitié des résultats escomptés n'arrivent jamais que pour ajouter au gouffre une paralysante incertitude. Misez plutôt sur la sérendipité. Cette vie parfaitement exaltante qu'on se projette tous en HD lorsqu'on ose encore avoir une foi, cette équation vicieusement intangible qui à chaque nouveau résultat décale tout d'une virgule pour nous faire gratter encore et plus de pages blanches qui bien souvent le restent, cette intime conviction que tout pourrait être tellement mieux organisé nous force à croire que nous ne sommes pas là par hasard. Il faudra bien composer avec le mystère, le sang et la sueur. C'est le viol originel, cette idée si profondément introduite (que dis-je?), encodée dans les gènes, qu'elle nous rend fou de rage. Non je ne pleurs plus, mais diantre, je n'ai rien demandé moi!Et pourtant, j'accepte de m'acharner encore à retrouver les résultats improbables du pourquoi et du comment. 

En vérité, ce à quoi j'aspire en insistant sur la banalité de mon existence c'est à entrer en alignement avec l'ordre naturel. Tout ce que je demande c'est d'être intuitivement porté par les règles physiques et métaphysiques. Si tout est déjà écrit, cette dernière option ne serait-elle pas plus confortable? Bizarrement opposée à l'esprit humain, il y a la vie humaine qui est là pour vous répéter comme un crédo "on ne peut pas tout avoir, contente toi de ça déjà et sois heureux!". De la merde, je refuse cette forme de résilience! C'est énervant car la vie humaine a parfois de quoi vous dépiter sans qu'on veuille s'en séparer toutefois. Réconcilier l'esprit humain et l'existence c'est accepter le paradoxe que ce lieu parfait vissé dans nos psychés, l'idéal au sein du grand flot, est peut être ce qu'on aura régurgité du viol originel. C'est ce que j'appelle la condition humaine. Elle nous fait vivre toutes les émotions et cracher toute sorte de fluides jusqu'à ce qu'on en crève, tout ça pour que l'on dise de vous " quel vécu".

FrégateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant