Chapitre 19

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AMBRE

Je n'ai quasiment pas dormi. J'ai passé la moitié de la nuit à parler avec Ben de ce que nous avons vu plus tôt, et l'autre moitié à réfléchir au meilleur moyen d'en parler à Adèle. Je n'ai pas recroisé Camille depuis hier après-midi et c'est tant mieux. Je ne sais pas comment j'aurais réagi face à elle. Le problème c'est qu'avec si peu de sommeil, je suis loin d'être au top de ma forme pour le match d'aujourd'hui, ce qui ne fait qu'augmenter mon stress. Aujourd'hui, nous jouons les quarts de finale.

En arrivant devant le gymnase, je croise Marianne et Victoire.

– Qu'est-ce que vous faites là ? Le match ne commence que dans une heure.

– On voulait être sûre que tu allais bien, me dit Marianne.

Je les regarde alors, le visage peint d'une expression pleine d'incompréhension.

– Ben nous a dit pour Camille et Mathieu, m'explique Victoire. On est désolé.

– C'est pour Adèle que je suis désolée. Ce n'est pas moi qui ai été trahie par ma sœur et mon mari, je dis en dévoilant sans le vouloir un ton très contrarié.

Victoire et Marianne se lancent un regard inquiet, mais n'insistent pas et me souhaitent bonne chance.

Lors de l'échauffement, le coach a la merveilleuse idée de me demander de m'entraîner avec Marine. Heureusement, Julia nous rejoint et naïvement, je me dis que cela apaisera les tensions apparues entre nous depuis que j'ai obtenu le poste de capitaine. Mais lorsque ma coéquipière se rend compte que je ne suis pas dans mon assiette, elle semble sauter sur l'occasion.

– Excuse-moi, capitaine. Ça serait possible de jouer proprement ? J'ai l'impression d'avoir affaire à une débutante, me lance Marine de l'autre côté du filet.

J'ai un tempérament plutôt calme et je choisis souvent d'ignorer ce genre de remarque, mais elle a mal choisi son jour. Julia lance le ballon au filet, je cours, saute, et frappe de toute mes forces dans le ballon, qui vient s'écraser dans un bruit assourdissant, juste au pieds de Marine. Cette dernière recule en voyant la balle foncer vers elle. Elle relève la tête, furieuse. Elle paraît scandalisée par mon attaque.

– C'est assez propre pour toi ? Je lui demande ironiquement lorsque je passe devant elle pour aller chercher ma bouteille d'eau.

– Tu aurais pu me blesser ? S'indigne-t-elle en revenant à la charge.

– J'aurais pu. C'est là toute la beauté de cette attaque.

Je n'ose même pas me retourner, mais je suis sûre que son visage s'est coloré d'un rouge éclatant. Puis, je l'entends partir en trombe, martelant le sol de ses baskets hors de prix.

*

Alors que je pensais que j'allais manquer d'énergie pendant le match, il faut croire qu'apprendre qu'une femme aussi incroyable qu'Adèle est trahie par deux personnes en qui elle devrait avoir toute confiance, ça procure la rage nécessaire pour gagner. Mes actions sont parfaites, agressives et précises. Heureusement, ma colère vient s'apaiser lorsqu'une fois dans les vestiaires, le coach nous félicite pour notre victoire et notre qualification pour les demi-finales. Puis, il vient me féliciter en tant que capitaine.

– Il n'y a pas de doute, tu es faites pour jouer, Ambre, ajoute-t-il en s'éloignant.

Un immense sourire apparaît sur mon visage et j'en vient presque à oublier la crise qui menace ma famille.

*

– Il faut que tu creuses un peu le truc, me conseil alors Marianne.

No Boy, No DramaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant