AMBRE
Mon lit me semble de plus en plus inconfortable. Ma chambre de plus en plus étroite. Et mon bureau... Je ne peux plus supporter d'y être assise. Une prison. Voilà ce qu'est devenue ma chambre.
– Ambre ?
C'est mon père de l'autre côté de la porte. Sa visite n'est pas une surprise. Depuis une semaine, ils se relaient, Maman et lui, pour venir me réconforter. Et quel réconfort !
– Je n'ai pas faim, je marmonne comme tous les soirs.
Je connais la routine désormais. Il va quand même entrer avec un plateau dans les mains. Il le posera sur ma table de chevet, avant de récupérer mon PC, pour s'assurer que je ne l'utilise pas, si ce n'est pour faire mes devoirs.
Je sens alors le bord de mon lit s'affaisser. C'est l'étape suivante : le petit discours moralisateur.
– C'est pour ton bien, mon ange. Ne te rends pas malade à cause de ce garçon. Il aurait probablement fini par te briser le cœur...
Si seulement il pouvait voir dans quel état est mon cœur. Par leur faute.
– On t'aime et on veut éviter que tu souffres. Tu comprends n'est-ce pas ?
Je ne réponds rien. D'abord parce que je ne comprends pas, mais également parce que je suis épuisée d'avoir à leur expliquer ce que je ressens. Alors j'ai fini par arrêter de me défendre, et par me taire.
– Bien, je vais te laisser. Demain tu as un gros contrôle de physique, d'après ce que ta mère m'a dit. Il vaut mieux que tu dormes. Pas question de louper cet examen si tu veux rentrer dans une bonne prépa, pas vrai ?
Il tente de m'amadouer avec un ton rieur, alors que j'ai juste envie de lui hurler que je n'en ai rien à foutre de son contrôle et rien à foutre de sa prépa. Mais, je me tais.
Mon père finit par quitter ma chambre et je m'endors, après avoir essayé de trouver une solution pour me sortir de cette situation. Evidemment, je ne trouve rien. Alors je pleure jusqu'à épuisement. Je suis en colère contre mes parents pour m'empêcher de construire ma vie comme je l'entends, mais aussi contre moi-même, qui suis trop lâche pour oser me rebeller et leur dire en face tout ce que je pense de leur méthode éducative.
En revanche une chose n'a pas changé. J'aime Ben. Je l'aime peut-être même encore plus maintenant. C'est peut-être insensé d'aimer aussi fort à seulement 17 ans, mais c'est ce que je ressens et jamais je ne pourrais douter de ce sentiment. Alors, ils peuvent me tenir éloigner de lui si ça leur chante, on trouvera toujours un moyen de se retrouver.
*
Qu'est-ce que ce cours est long... Je n'avais jamais noté que la physique-chimie pouvait être une matière aussi barbante. Je trouvais pourtant ça captivant, avant. Mais là, j'ai l'impression que mes yeux se ferment tous seuls, et ma tête n'a jamais été aussi lourde. Elle va finir par faire plier ma main si Mme Blanc continue à parler de façon aussi soporifique.
Heureusement pour moi, la sonnerie annonce enfin l'heure du déjeuner, devenu mon moment préféré de la journée.
– Mlle Chevalier ?
Je me retourne et rejoins le bureau de ma professeure.
– Est-ce que tout va bien ?
Mon sourire de façade ressort et je tente de cacher le désarroi criant, dans mon regard.
– Oui. Bien sûr.
Mme Blanc ne semble pas convaincue, mais elle ne se montre pas trop insistante pour autant.

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No Boy, No Drama
RomanceUne famille nombreuse, des parents modèles, et des règles strictes. La plus importante de toutes : pas de garçon avant 18 ans. Ambre est la cadette, et a vu ses quatre sœurs devenir des jeunes femmes parfaites aux yeux de leurs parents. Il ne lui r...