AMBRE
Mes yeux s'ouvrent difficilement. J'ai mal partout. Je me relève et me souviens alors m'être endormie sur mes draps, dans ma tenue de soirée. Mes cheveux doivent être dans un état pitoyable et je ne veux même pas savoir à quoi ressemble mon visage.
Faiblement, je me penche pour attraper mon téléphone. 12h28 ? Tout compte fait, mon réveil tardif n'a rien de dramatique si je le compare à tout ce qu'il s'est passé hier soir.
Ma tête tombe dans mes mains alors que j'imagine déjà la punition qui m'attend. Privée de sortie jusqu'à la fin de ma vie ? D'argent de poche ? Ils vont peut-être m'envoyer vivre chez mes grands-parents, ou pire... Au couvent ! Je pourrais peut-être rester dans cette chambre jusqu'à Noël. D'ici là, ils auront peut-être oublié.
C'est alors que les paroles d'Arthur reviennent sagement me rappeler que je ne dois pas laisser tomber. Je me suis promis de tout faire pour obtenir ce que je veux. Et ce que je veux, c'est être heureuse. Je veux le bout du monde.
Alors, je me relève douloureusement et me faufile jusqu'à la salle de bain. Étrangement, il n'y a toujours aucun bruit dans la maison.
Quoiqu'il en soit, je me concentre sur mon but. Devant le miroir, je réalise que mon apparence est aussi affreuse que la boule qui se forme dans mon ventre. Je prends une douche, tente tant bien que mal de démêler mes cheveux et retourne dans ma chambre enfiler un jogging, un débardeur et de grandes chaussettes. Je vais me battre pour mes choix mais on est tout de même dimanche.
Après avoir longtemps inspirer puis expirer devant mon miroir, je me sens prête à descendre. Hésitante, je me dirige jusqu'à la cuisine et tombe nez à nez avec mes parents. La boule dans mon ventre grossit. Soudain, je n'ai plus vraiment faim. L'ambiance est pesante et je me dirige tête baissée vers la panière à fruit.
Ils n'ont toujours rien dit. Pourquoi ils ne disent rien ?
Alors, je m'oblige à lever la tête.
– Si vous voulez me faire la morale pour ma fugue ou me dire que je ne reverrai plus jamais Ben, je vous en prie... Ne vous donnez pas cette peine. Je n'arriverai pas à entendre ça une fois de plus...
Et je rebaisse la tête. Aucune réponse. C'est ma mère qui prend la parole en premier :
– Nous n'allions rien dire de tout cela, murmure-t-elle maladroitement.
Je relève vivement la tête. Je m'attendais à tout, sauf à ce ton-là. Mon père a les yeux rivés sur sa tasse de café et ma mère sur ses dossiers. Aucun d'eux ne semblent en colère. Pas de sourcils froncés. Pas de lèvres pincées. C'est quoi ce bordel ?
- Vous n'allez pas me gronder ? Ni me punir ? Ni me dire que je suis trop jeune pour savoir ce qui est bon pour moi et que vous faites ça pour mon bien ?
Je ne veux plus entendre tout ça, c'est clair. Mais je veux qu'ils parlent. Peu importe ce qu'ils diront. Il faut qu'ils me disent quelque chose. Je veux parler de ce qu'il s'est passé hier.
– En fait, nous allions nous excuser, intervient alors mon père.
J'ai du mal comprendre.
– Vous alliez vous... Vous excuser ? Auprès de moi ?
Mon père acquiesce. Je jette un regard vers ma mère et aperçois une larme couler sur sa joue. Est-ce que je suis en train de rêver ? Ou alors j'ai atterri dans une autre dimension. Oui, ça doit être ça.
– Vous... Euh... Je...
Je suis déstabilisée. Je ne suis pas habituée à me trouver face à des parents incertains et prêts à faire un pas vers moi.

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No Boy, No Drama
RomanceUne famille nombreuse, des parents modèles, et des règles strictes. La plus importante de toutes : pas de garçon avant 18 ans. Ambre est la cadette, et a vu ses quatre sœurs devenir des jeunes femmes parfaites aux yeux de leurs parents. Il ne lui r...