Chapitre 10

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Johann

Sandrine a proposé de garder Sasha et Adrien n'y a vu aucun inconvénient. Cela m'a surpris qu'il abandonne ainsi son fils pour passer la soirée avec moi, mais cela m'a d'autant plus touché. Je n'avais plus qu'une hâte, le ramener à la maison. Sandrine l'a deviné et n'a pas fait durer l'apéritif.

J'entraîne Adrien à l'intérieur, jusqu'au salon. Je ravive le feu dans le poêle et lui propose de manger un morceau, à la bonne franquette, sur le canapé, comme le premier soir. Je débouche une bouteille de vin et allume la radio sur la chaîne hi-fi. Quand je le rejoins avec le pain et la charcuterie, il a renversé la tête contre le dossier du canapé et fermé les yeux. Je l'observe pendant de longues secondes, notant de petits détails comme les fines rides au coin de ses yeux, la longueur de ses cils qui effleurent presque sa joue, sa pomme d'Adam qui saille d'une manière sensuelle... Je l'ai trouvé séduisant dès que je l'ai vu. C'est subjectif, bien sûr, j'en ai conscience, mais il est parfaitement à mon goût.

Je m'assois à l'autre bout du canapé. Il rouvre les yeux et me sourit avec une tendresse qui me chavire.

— Ton frère et ta belle-sœur m'ont fait la leçon, dit-il. Il paraît qu'il faut que je te dise si je compte revenir après les vacances ou pas.

— Ah. Et ?

Je focalise mon attention sur le pain que je coupe plutôt que sur lui, je ne veux pas le voir me dire que ce ne sera qu'un amour de vacances de Noël.

— J'ai dit à Sandrine que je n'étais peut-être pas prêt à me lancer dans une nouvelle relation.

— Je comprends.

Mes espoirs s'effondrent mais je suis mal placé pour le juger, je n'ai pas cherché à me remettre en couple après ma dernière séparation.

— Après, on a calculé que je ne vivais qu'à deux heures et demi d'ici. Ce serait facile de venir passer le week-end, en fait. Si tu veux bien de nous, bien sûr.

Mon cœur fait un bond.

— Bien sûr que je veux de vous ! m'exclame-je.

Son visage s'illumine. Je le saisis entre mes mains et l'embrasse. Je voudrais le garder ici pour toujours. C'est bien trop tôt pour dire des choses pareilles, mais c'est ce que me crie mon cœur. Je le plaque contre le canapé et pille sa bouche avec avidité. J'aimerais rattraper ces jours qu'il a passés loin de moi, graver dans sa chair l'envie de revenir. En un rien de temps, je me retrouve à moitié allongé sur lui. Sa cuisse entre les miennes attise mon désir de lui. J'aimerais lui faire l'amour, là, tout de suite. Je m'enivre de ses baisers, de son corps contre le mien, de ses soupirs.

— J'ai envie de toi, grogne-je la voix rauque.

Son sourire se fait coquin et il tire sur mon pull pour le retirer. Il en a autant envie que moi.

— Pas ici, l'arrêté-je. Ce sera mieux dans mon lit.

Il acquiesce. Je me redresse, lui tends la main et le hisse sur ses pieds. Je le remorque derrière moi dans l'escalier, l'embrasse en arrivant en haut puis reprends la direction de ma chambre. Du linge traîne par terre, je ne sais plus quand j'ai changé les draps pour la dernière fois, mais tant pis. Je lui enlève son sweat, son T-shirt, il me retire le mien. Qu'il est canon ! Il pose ses mains sur mes hanches – mes poignées d'amour plutôt – et m'attire à lui, puis reprend possession de ma bouche. Je le sens tressaillir quand je caresse son dos. J'ai déjà découvert quelques zones sensibles quand il m'a rejoint dans mon lit, la nuit avant son départ, mais nous ne sommes pas allés plus loin que des baisers. J'ai hâte d'en découvrir davantage.

Je m'attaque au bouton de son jeans. Il se charge de la fermeture et s'en débarrasse. Face à lui, j'ai à nouveau le réflexe de rentrer le ventre ; il n'a pas l'air d'y faire attention. Pourtant, quand sa bouche descend le long de mon torse, il me semble que ses baisers sont plus appuyés quand ils arrivent sur l'objet de mes complexes. Il défait ma ceinture, baisse mon pantalon, continue sur mes cuisses. Le voir à genoux devant moi fait tressauter mon sexe dans mon slip. Il tire sur le tissu, m'en libère. Ses mains se font délicates d'abord. Il ne me quitte pas des yeux tandis qu'il m'explore du bout des doigts, puis ses caresses se font plus fermes, plus ciblées aussi.

Il me fait perdre la tête. L'homme doux, un peu timide, ne manque pas d'assurance. Il se montre attentif, et c'est son regard et son sourire qui risquent de me faire venir. C'est un homme épanoui qui me touche, un type bien dans sa peau et dans sa tête, libre d'aimer. Il joue avec moi, ça lui plaît de me tenir comme ça. Ses baisers sont aussi doux que le miel, ses caresses un délice. Ma peau se couvre de chair de poule, mes orteils se crispent à mesure que le plaisir me tétanise. Je ne vais pas tenir longtemps, or je veux plus, bien plus que ça.

Je l'arrête, l'embrasse, le remercie de cet avant-goût prometteur et l'invite à me rejoindre sous la couette. Et là... Je me relève et me précipite dans la salle de bain attenante. Je mets quelques secondes à retrouver la boîte de préservatifs. Je la secoue : il y en a dedans. Je vérifie tout de même qu'il en reste plus d'un, mais c'est bon, nous sommes sauvés. Je retourne dans la chambre. Adrien me regarde, la tête dans sa main. Je brandis mon trophée ; il sourit et tapote la place vide à ses côtés.

— Parfait.

Il m'enlace, m'embrasse. Nos corps s'ajustent, se cherchent, se frottent. Son bassin ondule contre le mien. J'enserre nos verges dans mon poing et nous caresse tous les deux. Ses soupirs me font craquer. Ses baisers dans mon cou me font gémir. Il me lèche, me mordille, m'attise. Le sexe avec lui promet bien plus que les aventures que j'ai eues depuis cinq ans, tellement plus...

Je veux le voir jouir. Je le veux dans ma bouche. Je veux emplir la chambre de ses plaintes. Je me dis que le latex, ça ne durera pas. Et je me dis que ce petit air qu'il a quand il perd pied est absolument adorable. Il ne s'abandonne pas facilement, il lutte contre le plaisir. Ses muscles se tendent sous ma main, son souffle s'emballe, il se mord la lèvre. Ses bourses se contractent, il est proche. Je le sens entre mes lèvres. Il crochète ma nuque, accompagne mes va-et-vient sur sa verge, balance les hanches... Dans un dernier râle, il jouit et me bouleverse.

Je sais.

Je sais que c'est lui, qu'il est peut-être bien le bon. Celui qui a chaviré mon cœur en un rien de temps. Celui qui a trouvé sa place dans mon univers et que je ne veux pas voir s'éloigner. Je voudrais qu'il ne reparte jamais.

Adrien

Lové dans les bras de Johann, enivré et repu de sexe, de sensualité, et... et de ce qui ressemble beaucoup à de l'amour, je me sens immensément bien. Plus rien d'autre ne compte que l'homme qui m'embrasse et m'enlace. Nous avons fait l'amour et c'était... C'est là que je me rends compte que j'étais idiot de croire qu'il restait encore quelque chose entre mon ex et moi à la fin. C'était déjà terminé avant qu'il parte. C'est définitivement terminé. Il n'y a plus que Johann. Je ne sais pas où nous allons, mais nous y allons. Je ne pourrai plus me passer de lui après ça. Avant ça, même. Dès que j'ai remis un pied à Dampierre, dès que je l'ai revu, qu'il m'a embrassé, j'ai su. Et là, alors qu'il s'endort, malgré ma tête sur son bras qui doit lui couper la circulation et lui donner des fourmis dans la main, je me dis que le Père-Noël a été généreux avec moi cette année...

En panne pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant