Nos destins divergent - LFL

Chapitre 17

Yuna s'écroula. Elle était au bout de ses forces, s'était déjà trop surpassée. Sa tête tournait, son corps devenait de plus en plus lourd. La fusion entre son pouvoir et celui de sa sœur avait involontairement reproduit cette fameuse brume. Bien qu'elle soit innofensive pour ses utilisatrices, la forte humidité qu'elle dégageait était très désagréable et les dérangeait fortement, leur rajoutant une difficulté supplémentaire. Yuna croyait que ses poumons allaient exploser. Sa vision devenait trouble. Cependant, elle ne voulait pas encore arrêter de se battre. Elle voulait soutenir sa sœur qui allait réaliser la troisième étape du combat. Mais elle ne parvenait pas a se relever, et après quelques instants de lutte, s'évanouit, à bout de forces.
Sellaw se relevait, avec difficulté. La manipulatrice de l'eau lui avait infligé de sérieux dégâts, et le vieil homme avait du mal à se l'admettre, mais il commençait à avoir peur. Son viribus était devenu tellement faible, et la seule force de son corps était bien trop insuffisante pour le sauver de ses adversaires. Une fois debout, il se mit immédiatement à chercher Jedusor du regard. Il la craignait désormais. Il l'avait sous estimé, et cette dernière attaque combiné à ses discrètes interventions passées avaient eût un effet important. Lorsqu'il l'aperçut à terre, il souffla de soulagement. Très vite, il se reprit. Il en avait presque oublié sa sœur, Nina. Il devait rapidement trouver une solution, ou bien la jeune femme aura l'avantage. Intérieurement, Sellaw regorgeait de frustration et de colère. Ces deux adolescentes, qu'il avait sous estimé, étaient en train de battre l'un des membres des Legendary Ten. Elles avaient su tirer de ses faiblesses et avaient été bien plus rusées que lui. Il avait totalement échouer, et en était conscient. Il eût un rire nerveux.

- Vous auriez dû nous craindre plus tôt, fit remarquer la lycanthrope en souriant.
- Je dois bien avouer que je suis surpris. Vous êtes bien plus intelligentes que cet imbécile de Voldemort. Je vais devoir me battre sérieusement, à présent.
- Ne me faites pas croire que vous n'étiez pas sérieux jusqu'à maintenant. Ne me faites pas croire que vous n'êtes pas effrayé et à bout de force. Vous pouvez bien utiliser toute la force qu'il vous reste, nous gagnerons.

Nina se transforma en loup, sous sa forme d'animagus. Elle se jeta sur le vieil homme, et ainsi l'immobilisa. Ses pattes arrières bloquaient ses jambes, ses pattes avant bloquaient ses bras. Sellaw, dépourvu de sa baguette, ne pouvait plus rien faire. Le poids de Nina était bien trop conséquent. Sellaw était à présent effrayé. Il était pourtant tellement confiant lorsqu'il était arrivé dans la forêt, mais Yuna l'avait sérieusement épouvanté. L'homme avait perdu tout son sang-froid, et avait été pris d'une panique intense. Il culpabilisait de ne pas s'être méfier, d'avoir trop sous estimé ses adversaires, d'avoir été trop sûr de lui. Cette sensation là, il la connaissait si bien, lui qui avait toujours été un homme fier, audacieux, combatif et ayant toujours aimé provoquer, de caractère presque belliqueux. Mais ce défaut dominant lui coûta bien des échecs auparavant. Aujourd'hui, ses adversaires s'étaient servi de qui il était pour remporter la victoire.

- Je sais que j'ai été vaincu, avoua t-il rapidement.

Nina s'immobilisa un instant, sans pour autant desserrer son emprise.

- Vous êtes fortes. Très fortes, je l'avoue. Le monde des sorciers court un grave danger avec votre existence même. Mais ne vous inquiétez pas. Nous vous avons sous estimé, parce que vous n'êtes que des enfants et qu'on vous pensait aussi stupides que vos géniteurs mangemorts. Vous pensez bien plus loin. La prochaine fois, vous aurez affaire à un membre bien plus puissant que moi.
- Ne vous inquiétez pas, renchérit Nina, nous ne prendrons pas trop confiance en nous suite à ce combat. Et comme vous-même l'avez dit, nous sommes moins idiotes que ce que l'on pourrait penser.

L'homme n'ajouta plus un mot. Il se dégoûtait. Nina ne perdit pas une minute pour resserrer un peu plus son étreinte, après l'avoir profondément griffé au torse. Il ne fallut que très peu de temps pour que son habit prenne petit à petit la couleur du sang. Bientôt, il en fût devenu immergé. Nina n'avait pas visé de point vitaux, elle voulait seulement sérieusement l'affaiblir. Elle prenait son temps sans vraiment tarder, était très soignée dans chacun de ses gestes. La jeune femme avait fait des efforts considérables.
Soudain, le souffle du vieillard se fût de plus en plus rapide : il prétendait avoir abandonner mais son corps entier brûlait toujours de haine et d'agressivité. En réalité, Sellaw était en ce moment même en train de se battre avec lui-même. Abandonner face à des adolescentes... Cela était pour lui une grande honte. Les laisser gagner, c'était après tout leur ouvrir une grande voie, leur donner la possibilité d'accomplir ce qu'elles voulaient. Les laisser le vaincre, ça serait prendre le risque de leur transmettre involontairement tout son savoir, ou du moins leur en donner l'accès, la chance. Sellaw n'était pas faible. Non, il était quelqu'un de courageux, il était un homme fort et stricte aussi bien envers lui-même qu'envers les autres. Tout du moins, c'était ce qu'il se répétait depuis des années. Son passé, son vécu, son expérience, ses rencontres, son aventure, tout refit soudainement surface, et tout fusa immédiatement dans son esprit dans un feu d'artifice d'émotions : nostalgie, fierté, tristesse, joie, détermination, peur, gloire, et tant d'autres qu'il ne savait plus comment il se sentait. Vais-je mourir ? Se demandait-il sans cesse secrètement, redoutant la réponse.
Il ferma alors les yeux, aveuglé par un souvenir lénifiant pourtant jusqu'à ce moment tapit au fond de son esprit. C'était son maître et ses nombreuses leçons de vie qu'il voyait prendre possession de l'entièreté de son esprit. Cet homme qui lui avait apprit à vivre, à se battre, à désirer, cet homme qui l'avait élevé depuis sa plus tendre enfance orpheline, qui avait été le seul à persévérer à croire en lui lorsque le monde entier lui tournait le dos. Il se tenait là, juste à sa droite, assit sur un muret, silencieux mais pourtant d'une présence imposante. Sellaw avait l'air encore relativement jeune, aux alentours d'une vingtaine d'année, mais était facilement reconnaissable.
Ils n'étaient pas seuls. "Je te vaincrais" promis Sellaw avec dédain à son camarade en position de combat à une dizaine de mètres de lui. "Tu n'es qu'un nouvel élève sorti tout droit de nul part, tu n'as jamais reçu l'entraînement que j'ai reçu. Tu es inférieur à moi, sois-en certain". Son camarade, ici son adversaire, se fichait éperdument des paroles de ce dernier. Il les ignorait d'ailleurs avec une telle naturalité que cela lui donnait remarquablement un air fort indifférent. Ainsi, Sellaw commença à lancer diverses sortilèges. Sans réellement réfléchir, il exploitait tout ce qu'il avait apprit depuis le début de son existence, avec fierté. Oui, Sellaw était fière des efforts et des progrès qu'il avait fait. Et cette fierté, cet orgueil qu'il avait lui permettait d'avoir une aussi grande confiance en lui. Sellaw se sur estimait. Pire, il sous estimait alors ses adversaires. Son savoir n'avait pas été suffisant pour parvenir à vaincre le second garçon. Une minute seulement après avoir débuter le combat, Sellaw se pensait vaincu. Sellaw y ressentait une telle humiliation qu'il perdit immédiatement le contrôle de lui même. Il était tombé en arrière après avoir reçu de plein face le depulso de son adversaire et, au sol, regardait avec surprise l'autre homme. "Tu ne peux pas me vaincre" assura ce dernier. Sellaw ne trouva aucune réponse à lui accorder. Ils restèrent un long moment ainsi : le vainqueur dominant le vaincu, de haut, par son regard. Finalement, une voix s'éleva. Il s'agissait de leur "maître". "Bats-toi, Sellaw. Relève toi et bats-toi, ton combat n'est pas finit" l'encouragea t-il. Ces simples mots firent échos dans son esprit. En effet, son maître était son modèle, sa plus grande source d'inspiration et ce depuis toujours. Doucement, il se releva. Son adversaire soupira et reprit sa position de combat. "Bats-toi, Sellaw. Ne baisse jamais les bras. Même lorsqu'il ne te reste que le désespoir, tu dois continuer à te battre. Tant que tu n'es pas mort, relève toi encore et encore et l'espoir s'ouvrira alors à toi. Tu es fort". Sellaw, ému, reprit alors confiance en lui. Il avait promis de gagner, et il tiendrait sa promesse. Il leur montrera ainsi de quoi il était capable. Cette fois, le combat dura un peu plus longtemps. Sellaw était plus appliqué, plus réfléchis : son impulsivité avait fait place à la raison. Après une dizaine de depulso, de petrificus totalus et de quelques autres sortilèges similaires, il parvint finalement à désarmer son adversaire. À bout de souffle, - un mélange de concentration poussé à l'extrême et au stresse, sûrement - il se laissa tomber en arrière. Quelques mèches rebelles de ses cheveux lui chatouillaient le visage. Il venait pour les remettre en place, et alors il apperçut son adversaire le rejoindre tranquillement. "Bien joué. Mais tu ne m'auras pas la prochaine fois." Il lui tendit la main, et pendant que Sellaw s'en empara et s'en aida pour se relever, il lui murmura quelques mots. "Je m'appelle Naos. Souviens-toi de ce combat." Il lui sourit un peu, et s'en alla. Sellaw, abasourdi par cette nouvelle rencontre, interrogea son maître du regard. "C'est ton nouveau camarade. Vous travaillerez ensemble, à présent" se contenta t-il de lui répondre. "Tu en sauras bientôt plus sur lui. En attendant, laisse-moi te dire une chose." Le maître marqua une pause. Il sembla réfléchir un instant, mais se lança finalement. "Surprendre est une qualité que tu ne dois jamais considérer à la légère. Car si seulement une fois cela devenait le cas, tu pourrais amèrement le regretter. Celui qui sait tout ne sait rien, Sellaw." Et cela le plongea dans une profonde réflexion, confuse et qui dura des années. Il fallait bien avouer que cela faisait TELLEMENT d'années, que ce dernier avait totalement abandonné l'idée de comprendre et de s'imprégner de cette philosophie. C'était sur le bord de la mort qu'il y réfléchit alors une nouvelle fois.
Surprendre, prendre au dépourvu, étonner : c'était une chose dont tous les êtres humains étaient capables - sorciers comme moldus. Mais comment pouvions nous nous y prendre ? Sûrement en nous surpassant intellectuellement ou bien physiquement, en donnant le meilleur de nous-mêmes, ou bien simplement en faisant l'inverse de ce à quoi on pouvait s'attendre : en bref, être inattendu. Dans ce cas, il en était que nous ne devions jamais sous estimer cette capacité : mieux, nous devions nous en méfier. Mais la dernière phrase était celle qu'il comprenait le moins.
Ce fût Nina qui l'interrompit dans ses pensées. Elle lui donna un violent coup dans les côtes afin de le faire réagir. L'homme toussa du sang. Il plongea un regard empli de détermination, de rage et de désir de se battre dans les yeux perçants de Nina, de plus en plus impatiente.

- Toi. N'avais tu pas abandonner ?
- Moi ? Dit-il, un sourire aux lèvres. Il n'est pas dans mes habitudes d'abandonner.

Nina, à moitié convaincu, soupira et le frappa une nouvelle fois.

- Mais tu es déjà presque mort.
- Alors autant me battre jusqu'au bout, renchérit-il en se relevant et en poussant Nina en arrière.

Elle se releva rapidement. Nina savait qu'elle ne devait pas lui laisser prendre l'avantage une seule seconde. Elle se jeta sur lui, lui griffa un peu plus profondément le torse.

- Vas-tu me laisser réfléchir seulement quelques secondes ? Se plaignait-il.
- Tu n'as qu'à simplement mourir, répondit-elle en le frappant une nouvelle fois.
- Incontrôlable. Violente. Rapide. Tu corresponds parfaitement à ton élément, remarqua t-il.
- C'est à cela que tu dois réfléchir ?

Nina était sèche et pourtant agressive. Elle n'avait pas de temps à perdre, et son adversaire l'embêtait à présent. L'homme reprit rapidement la parole.

- Je voulais simplement...
- Tais-toi ou je te brûle. D'accord ?

La colère montait encore et encore en Sellaw. Humilié. Il était humilié par cette étudiante dont il pensait pourtant tout savoir. D'où lui venait cette force ? Les informations à son sujet et ses propres quelques estimations qu'il avait pu se faire d'elle discrètement à Poudlard ne mentionnaient pas un tel caractère, une telle volonté ou bien encore une telle puissance. "Celui qui sait tout ne sait rien". Ce monde était empli d'un savoir infini. Il renfermait encore tant de secrets. L'être humain étant le premier : tellement indiscernable, complexe, mystérieux. C'était comme ça, nous ne pourrions jamais tout savoir sur quelqu'un. Nous pourrions lui faire confiance, mais jamais penser que nous connaissons le fin fond de sa personne. Car malgré tout, nous ne nous connaissons pas déjà nous mêmes.
Sellaw, épuisé de ses propres pensées, se mit à sourire de sa propre naïveté.

- C'est finit, murmura t-il.
- Je me tue à te le répéter, soupira Nina, impatiente.
- Je veux dire, je dois me battre et non me tuer à réfléchir à ce genre de paroles.

Légèrement confuse, Nina se mit à penser quelques instants. Cela laissa le temps à Sellaw d'utiliser la magie sans baguette et de propulser Nina un peu plus loin. Elle était toujours sous forme de louve, et commençait également à faiblir. Sa respiration se faisait de plus en plus rapide, et elle saignait à de nombreux endroits. Soudainement, elle se demanda. Et si Sellaw jouait la comédie, plus tôt ? Et si elle était réellement en danger ? La louve ne pourra pas tenir éternellement. Elle finira par périr, un moment ou un autre. Il était impératif pour sa survie et celle de sa sœur de gagner, et au plus vite. Dans ses pensées, elle refit le tour de leur plan. Elle n'avait oublié aucun détail. Elle devait simplement se dépêcher. Nina analysa une dernière fois son adversaire. Il ne pouvait vraiment pas avoir encore assez de forces pour la vaincre. Elle allait gagner, se répétait-elle encore et encore afin de se convaincre. Nina, prise d'un élan de courage et d'hardiesse, se lança droit sur Sellaw. Elle y mit toute sa force, toute sa volonté. Ce dernier tenta tant bien que mal de se dégager, de la pousser, de la blesser : mais sans résultat. La louve était uniquement concentrée sur sa victoire. Elle voulait en finir au plus vite, et partir loin de là, quelque part en sécurité. Elle voulait vivre. Alors, sans pitié, bouillonnante, elle le rua de coups de pattes et de griffes. Elle ne s'arrêta que lorsqu'il était en sang, lorsqu'il ne réagissait plus. Elle était coincée dans un cauchemar, et sa seule issue était d'y faire face et d'avancer, encore et encore, sans réfléchir, avec pour seul objectif la liberté. Libre. Aujourd'hui, à ses yeux, elle était libre. Et rien ni personne ne l'arrêtera. Parce qu'elle ne contrôlait plus ce désir, et se battrait jusqu'à la mort si cela était nécessaire.
Nina reprit son souffle. Elle resta immobile pendant plusieurs dizaines de secondes, à seulement observer le corps, cherchant à réaliser et confirmer que le combat était vraiment fini. Son plan, lui, n'avait pas encore touché à sa fin. Yuna était toujours évanouie, plus loin, se reposant et se rechargeant de Viribus. La jeune femme avait fait confiance à sa demi-soeur, et l'avait laissé s'occuper de terminer le combat, étant totalement sûre qu'elle se réveillerait plus tard, en sécurité dans la forêt, sa sœur lui annonçant que le combat est remporté, que leur liberté est assurée. Leur travail d'équipe était également remarquable. Pourtant, la réalité en était qu'elle et la lycanthrope devaient partir loin : traverser des forêts et des montagnes, fuir Poudlard et le Ministère, survivre. Rien n'était parfait, mais elles avaient remporter une étape qui les mènerait sûrement plus tard vers la réalisation de leur rêve... Le vrai combat pour leur liberté ne faisait que commencer.