23- Filatures en course

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Nous sommes dimanche matin et je viens de me réveiller en sueur. Encore ce foutu cauchemar. Je revis cette foutu nuit depuis plus de six moi. Tous les soirs, sans relâche. J'avais eu droit à un peu de répit après ma nuit avec Rafael au chalet. Mais apparemment ce répit fût de courte durée.

Je jette un œil à l'horloge au-dessus de mon bureau ; il est cinq heures du matin. Génial, encore une grasse matinée en moins.

Bon, comme je ne vais pas pouvoir me rendormir de sitôt, je vais faire ce que je fais dans ces cas-là : je vais aller courir. Les joggings matinaux m'aident à décompresser après ces cauchemars. Bon, je dois avouer qu'ils sont rares parce que j'ai horreur du sport.

Parfois -tout le temps- je préfère aller à la bibliothèque qui ouvre assez tôt pour les étudiants. Je me prends un café dans un bar du coin et passe une bonne partie de ma matinée avec le nez dans un bouquin.

Mais aujourd'hui j'ai envie de courir ! Et surtout nous sommes dimanche...

Je me lève de mon lit déterminée et me dirige dans la salle de bain pour une douche rapide. J'enfile ensuite mon bas de sport noir Nike et mon sweat gris Oxford, qui appartenait à Carlos, un ami d'enfance. Je mets mes baskets, attache mes cheveux, branche mes écouteurs et sors de la maison, en laissant un mot à papa. Histoire de le prévenir.

Je visualise mon parcours dans ma tête en m'échauffant les muscles et c'est partie ! L'aube est assez fraîche et courir n'est donc pas trop difficile, contrairement à la journée, où il fait trop chaud pour faire un footing dans de bonne condition.

Je dirais que c'est le seul inconvénient de vivre à Miami, la chaleur toute l'année. Même en hiver, il se peut que les températures soient plus qu'agréable, comme en ce moment.

J'arrive au centre-ville et j'ai le plaisir de voir que Tate's est ouvert. C'est un café-bar vintage, ils servent toutes sortes de boissons, chaudes ou froides, et ils font de délicieux sandwich ! J'entre dans le café et l'odeur m'arrive aux narines. C'est une odeur de café en grain et d'eau de javel, qui m'est familière. Quand Tom, le directeur, me voit son sourire s'illumine.

_ Calypso ! Ma chérie, comment ça va ?

Je lui souris et le laisse m'étreindre.

_ Parfaitement et toi ?

Il me parle de ses tracas quotidien et nous finissons par discuter de tout et de rien. Tom est un homme d'une cinquantaine d'année. Il a des cheveux bruns et des yeux marron, quelques rides ont pris congés sur son visage depuis la dernière fois que je l'ai vu mais elles ne se voient presque pas.

Heureusement ! Il en ferait une attaque.

_ Et les cours, tu es toujours amie avec cette peste de Maya ? Dit-il en grimaçant.

Tom a toujours été mon confident. Quand les gens de mon lycée s'en prenaient à moi gratuitement, c'est lui qui me consolait. Plus d'une fois, il a voulu régler ces histoires, mais je le lui ai toujours empêché. Il représente ce qui se rapproche le plus d'un oncle.

Enfin, à la base j'avais plus sympathisé avec sa femme, Lise. C'était une française qui était tombée amoureuse lors d'un voyage professionnel et qui n'était jamais reparti. Malheureusement, Lise nous a quitté il y a quatre ans, emportée par un cancer.

Je me souviens qu'elle agissait avec moi comme une mère et elle a toujours remis Pénélope à sa place lorsque celle-ci me frappait trop fort et que je fuyais chez eux. Ils m'ont beaucoup accueilli et je le leur suis reconnaissante.

Un jour, j'ai eu le malheur de présenter Maya à Tom. Je devais avoir quinze ans et elle voulait absolument savoir avec qui je passais mes week-end.

B.A.N.G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant