Chapitre dixième

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Le noiraud ne le fit par répéter et s'enfuit en courant, loin du prince.

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- Échec et mat, comme d'habitude ! fanfaronna Armin, tout content.

- Quoi ? Pff, tu as encore triché ! râla Mikasa.

- Jeune homme ! Mais que faites vous ? demanda Armin en voyant le noiraud apparaître.

- Je rentre chez moi ! répondit Livaï en descendant les escaliers le plus rapidement possible.

- Arrêtez ! cria la pendule, renversant le jeu, avant de siffler, pour appeler le chien-tabouret.

- Vite Marco !

Suite au signal de Mikasa, les portes se fermèrent rapidement, et le chien descendit les escaliers en patinant.

- Oui Marco ! Rattrape-le !

- Ne le laisses pas partir ! l'encouragea le chandelier.

- Arrêtez-le ! Non, non ! Marco ! cria à son tour Erwin.

- Ce n'est pas le moment de jouer ! gronda Mikasa, alors que le tabouret faisait des cabrioles.

- Pas maintenant, gros bêta ! rajouta Armin.

- Méchant le chien, méchant ! continua la pendule, alors que l'animal passait par la petite porte pour sortir.

- Non, non ! Restez, je vous en prie ! C'est dangereux ! cria Armin, alors que Livaï suivait le même chemin que l'objet moitié chien moitié tabouret de piano à dentelle.

- Bonté divine ! termina Monsieur Smith, alors que Livaï s'enfuyait dans la nuit, sur son fidèle Philibert.

Le cavalier et sa monture traversèrent rapidement les bois enneigés, sans voir les ombres qui les suivaient. Les loups étaient de sortie, et ils avaient faim. Très faim. Ils hurlèrent à la lune avant de s'élancer à la poursuite des deux fuyards.
La course poursuite dura plusieurs minutes, le noiraud tentant de guider le cheval à travers les branchages.

Ils finirent par arriver sur un lac gelé, faisant patiner le pauvre Philibert. Les loups en profitèrent pour l'attaquer, lui mordant les jambes pour le faire tomber. Un autre lui sauta sur le dos, faisant tomber le pauvre cavalier. Ce dernier patina un peu sur la glace avant de rejoindre le bord et de se saisir d'une grosse branche cassée qui reposait là. Il s'en servit pour frapper le loup sur le dos de son cheval, le faisant redescendre, puis s'attaqua à ceux qui s'en prenait à ses jambes. Il utilisa sa branche comme une batte de baseball, la faisant siffler dans l'air. Mais plus il faisait de mouvements, plus il se fatiguait à cause de la taille de son arme.

Soudain, un des loups attrapa le bâton et commença à tirer dessus, cherchant à lui faire lâcher prise. Les autres membres de la meute l'encerclèrent rapidement. Livaï résista quelques secondes avant que le bâton ne vole dans les airs et n'atterrisse plus loin sur le lac gelé. Il se retourna d'un bond, voyant les loups tout autour de lui. Et surtout celui qui semblait être le chef, perché sur un rocher, grondant et en position d'attaque. Il allait sauter, Livaï le savait. Et à ce moment-là, le jeune homme serait en très mauvaise posture. Il le savait aussi.

Le jeune Ackerman commença à reculer, et le loup bondit... sans atteindre sa cible. Une ombre s'était interposée et avait envoyé le loup plus loin, contre les pierres qui bordaient l'endroit. Il atterrit dessus sans douceur, et tenta de se relever.

Philibert, quant à lui, rua quand les loups s'attaquèrent au nouvel arrivant, qui n'était autre que le prince Jaeger lui-même. Un d'entre eux lui sauta au visage, le faisant basculer dos contre le sol. Certains lui mordaient les pattes, d'autres l'attaquaient à la tête.
Livaï attrapa sa monture par les rênes pour la calmer alors que la bête envoyait ses attaquants voler contre les arbres. Il se débarrassa de tous ceux qui le mordaient, mais ne vit pas le chef se relever et l'attaquer par derrière. Le loup le mordit sauvagement pendant que le prince se débattait, avant de finalement l'envoyer de nouveau contre les rochers.

Ils se redressèrent en même temps, et la Bête gronda puissamment, fixant l'alpha dans les yeux. Finalement, les loups s'enfuirent la queue entre les jambes, devant le prince. Celui-ci se retourna en direction du fugitif, la respiration courte et les yeux hagards. Il dodelinait de la tête, montrant l'état dans lequel le combat l'avait laissé. Il fixa quelques instants le noiraud, toujours à côté de sa fidèle monture, avant de s'effondrer sur le sol, épuisé.

Livaï le fixa pendant de longues secondes, avant de passer les rênes par-dessus l'encolure de Philibert, les rassembler sur sa selle et se préparer à se hisser dessus. Mais en faisant ce geste, il s'immobilisa. Il entendait distinctement la respiration laborieuse de ce prince qui n'avait pas été accueillant avec lui, mais qui venait quand même de lui sauver la vie.

Il hésita plusieurs secondes, pesant le pour et le contre de ce qu'il s'apprêtait à faire. Devait-il oublier comment son hôte forcé l'avait traité, lui pardonner et le ramener dans son château, au près de ses serviteurs qui semblaient plus être des amis que des employés ? Ou tout simplement le laisser ici, en guise de vengeance pour toutes ces fois où il s'était montré insultant et effrayant, voir injuste, comme avec son oncle ?
Ici....
Dans le froid....
Sur la glace dure et peu accueillante....
En pleine nuit....
À la merci des loups affamés....

Non, définitivement, le noiraud ne pouvait pas. Malgré tout, il ne pouvait pas le laisser. Le jeune homme ne pouvait pas ignorer quelqu'un qui avait besoin d'aide, encore moins s'il venait de lui sauver la vie. Il tourna la tête pour voir le prince qui se recroquevillait sous la morsure de la neige.
Le noiraud enleva son manteau en se rapprochant et le déposa sur les épaules du blessé, qui tourna la tête vers lui.

- Il faut que vous m'aidiez.... Tâchez de vous lever....

Le noiraud le hissa péniblement sur son cheval, le recouvrant de son manteau pour lui procurer un peu de chaleur. Il tira ensuite les rênes de Philibert et le guida dans les bois pour retrouver le chemin du château, pour se mettre au chaud et le soigner. Ils avançaient lentement, sous les hurlements des loups, dépités d'avoir perdu leurs proies.

Non loin d'ici, un autre groupe s'avançaient à travers les sombres arbres.

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