Chapitre sixième

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Plusieurs heures passèrent et Livaï était prostré dans sa cellule quand le chandelier se mit en mouvement et ouvrit la porte.

- Navré de vous importunez jeune homme, mais je viens vous escorter jusqu'à votre chambre !

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Livaï se redressa d'un bond et se saisit d'un tabouret, qu'il brandit au-dessus de sa tête.

- Ma chambre ? Mais, je croyais... fit-il en commençant à sortir de la pièce.

- Ah, il vous a fait le coup de "Quand cette porte se fermera, elle ne s'ouvrira plus jamaaaais ! Grrr !" Hahaha, je sais, c'est son côté tragédien. Bonjour ! fit le chandelier en agitant son bras, toujours suspendu au levier.

Livaï fit un bond en arrière et profita du fait que le chandelier parlant atterrisse sur le sol pour lui éclater le tabouret dessus, en poussant un autre cri absolument pas viril.

- Vous êtes extrêmement fort. C'est une qualité appréciable, fit l'objet en rallumant ses bougies.

- Mais qu'est-ce que vous êtes ?!

- Je suis Armin !

- Et euh, vous savez parler ?

- Mais évidemment qu'il parle ! Il ne fait même que ça ! Ahh. À présent Armin, en tant que première majordome, j'exige que tu lui fasses regagner sa cellule, fit l'horloge parlante en montant difficilement les escaliers.

Livaï regagna sa cellule et se saisit d'une carafe en métal.

- Que veux-tu être jusqu'à la fin de tes jours ? Une humaine ou une pendule de cheminée ?

- Jeune homme ? demanda le dénommé Armin.

- Oh non ! fit la pendule.

- Fais-moi confiance !

Livaï les regarda encore quelques instants, avant de les suivre.

- Ne vous fiez pas à la première impression. J'espère que vous n'êtes pas trop affolé ?

- Pourquoi serais-je affolé ? Je parle avec un chandelier !

- Un candelabre, je vous prie ! Il y a une énorme différence ! Mais je suis à votre service, le château est désormais vôtre, alors promenez-vous où bon vous semble.

- À l'exception de l'aile Ouest, lui dit la pendule.

Armin fit des signes à son amie, qui comprit son erreur trop tard, laissant échapper un petit "oh".

- Qui d'ailleurs n'existe pas, tenta-t-elle de se rattraper.

- Pourquoi ? Qu'y a-t-il dans l'aile ouest ?

- Oh, rien du tout ! Rien, ce n'est qu'un débarras ! tenta de rattraper Armin.

- Un débarras, c'est tout ! C'est tout, rajouta Mikasa.

- C'est tout, termina le chandelier.

- Suivez-nous ! Direction l'aile Est ! dit l'horloge.

- Ou, comme j'aime l'appeler, l'unique aile, fit Armin, avec un petit rire nerveux. Attention à la marche ! Après vous.


Ils entrèrent dans un couloir et Armin, qui était porté par Livaï, sauta par terre, en rebondissant sur la tête de Mikasa avant d'atterrir au sol. Il ajouta à sa manoeuvre un petit "hop-là", comme s'il était parfaitement normal d'utiliser son amie comme trampoline.

Il poussa la porte d'une pièce en souhaitant la bienvenue dans ses nouveaux quartiers à Livaï.

- C'est modeste, mais confortable, ajouta-t-il.

- C'est...magnifique, fit le noiraud, bouche-bée.

- N'est-ce pas ? Le maître voulait que vous ayez la plus belle chambre du château, dit Armin en sautant sur le lut, ce qui souleva un nuage de poussière. Oulala, nous n'attendions pas d'invités.

- Enchantée jeune homme. Ne craignez rien, je ferai le ménage en un rien de temps, fit un plumeau immaculé en volant dans la pièce. Elle se posa ensuite dans les bras du chandelier, qui la fit tournoyer.

- Ton plan me semble très dangereux, lui chuchota-t-elle.

- Je serai prêt à tout pour t'embrasser encore une fois, Annie.

- Oh, mon ange. J'y ai trop souvent laissé des plumes. Nous devons être forts.

- Comment puis-je être fort, quand tu fais fondre mon coeur ?

- Hum hum, fit Mikasa.

Les deux amoureux se retournèrent d'un coup, sous le demi-sourire attendrit du noiraud, qui se tourna vers une table.

- Tout est donc vivant, ici ? demana-t-il en se saisissant d'une brosse. Bonjour ? Comment vous appelez-vous ?

Annie rigola légèrement pendant qu'Armin soupira, désespéré.

- CA, ce n'est qu'une brosse à cheveux, lui apprit Mikasa, tandis que le jeune homme reposait la brosse.

Soudain, une note chantée qui ressemblait plus à un cri hurlé retentit, faisant sursauter le garçon.

- Oh, ne vous inquiétez pas, ce n'est que votre garde-robe. Je veux dire, Madame de Garderobe ! Une grande chanteuse ! le rassura Armin.

- Quand elle ne s'endort pas, chuchota Mikasa.

- Mikasa ! Une diva a besoin de reposer sa voix., fit-elle en baillant.

- Madame Sasha ! Restez avec nous ! fit Armin, agitant les bras. Vous devez habillez notre invité !

- Ohh ! Enfin ! Un jeune homme ! Un visage d'ange ! Deux yeux de braises ! Parfait en tous points ! Oui, je vais vous trouver un costume digne d'un prince !

- Oh, je ne suis pas un prince...

- Balivernes ! Voyons un peu ce que j'ai dans mes tiroirs...

Elle en ouvrit un et un nuage de mites en sortit.

- Oh, je suis absolument navrée, leur dit-elle.

Elle chanta ensuite une note très aigu, pendant que des tissus de toutes sortes s'enroulaient autour de notre pauvre noiraud, le faisant ressembler plus à un clown qu'autre chose. Un tabouret arriva en aboyant dans la pièce, aidant sa maîtresse en tirant sur certains tissus.

- Braviiissimooo ! termina l'armoire en lui posant une affreuse perruque sur la tête.

- Subtile, sobre, discret, c'est superbe ! commença Armin, en reculant vers la porte suivit d'Annie et de Mikasa. Madame, monsieur, termina-t-il en fermant les portes.

- Embrasses Connie de ma part ! fit-elle avant de s'endormir.

Le tabouret étant sorti en même temps que les autres, Livaï se retrouva seul, sous une tonne de tissus. Il ôta la perruque, la faisant tomber sur le sol, et se débarrassa de ce surplus inutile, avant de se diriger vers la fenêtre pour l'ouvrir et regarder en bas. Il était beaucoup trop haut pour sauter. Il se retourna vers l'amas de tissus et eut une idée.


Pendant ce temps, au village, Reiner était étalé dans un fauteuil de l'auberge, à côté de la cheminée, et parlait avec Berthold.

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