Chapitre dix-huitième

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- Bonsoir la bête ! fit-il en enlevant le cran de sureté.

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- Je me nomme Reiner. Je viens de la part de Livaï. Es-tu vraiment amoureux de lui ? fit le blond en le voyant détourner le regard, son arme pointée sur Eren. Et crois-tu réellement qu'il veuille de toi ?

Sur ces tristes paroles, Reiner tira dans l'épaule du prince, qui tomba du rebord à cause du choc. Il chuta sur plusieurs mètres avant d'atterrir violemment sur un des toits en tuiles. Il tenta de s'arrêter, plantant ses griffes dans l'argile. Il s'arrêta de justesse, laissant derrière lui une longue traînée d'ardoise manquante. En voyant que Reiner le regardait, il se décala rapidement, pour trouver refuge derrière le toit. Le blond mis la main à sa ceinture pour se saisir de quelques flèches, mais se tourna vivement en ne les trouvant pas. Il eu un mouvement de surprise en voyant qui les avait.

- Livaï ?

Comme seule réponse, le jeune homme prit appui sur son genou pour les briser, les envoyant plus loin.

- Où est-il ?! demanda le noiraud, paniqué à cause du coup de feu qu'il avait entendu.

- À notre retour au village tu m'épouseras, crois-moi. Et la tête de cette bête ornera notre mur ! fit-il en se saisissant de son autre pistolet.

- Jamais ! hurla le jeune homme, s'élançant contre l'affreuse ordure en face de lui. Ils se battirent quelques secondes, pour tenter de  prendre l'arme, avant que le sol sous les pieds du soldat ne s'effondre, le faisant descendre d'un étage et lâcher son pistolet, qui tomba sur le sol, bien 30 mètres plus bas.

Les deux se précipitèrent vers l'endroit de la chute, Reiner légèrement avantagé puisqu'il était plus proche.

- Tu ne perds rien pour attendre, la bête ! fit le blond, avant de sauter sur le toit pour descendre plus rapidement. Comme sur un toboggan, mais bien plus dangereux. La Bête, quant à elle, sautait de toit en toit et Livaï courait pour tenter de la rejoindre, passant sur un pont qui lâcha juste après son passage. Il finit par arriver sur une autre terrasse, et vit Eren qui était arrivé sur une des deux des plus hautes tours.

- Non ! hurla-t-il de désespoir, le voyant glisser.

- Livaï ? fit le prince, redressant immédiatement la tête. Il changea de tourelle et hurla le prénom de son aimé, la voix tremblante d'émotion. Tu es revenu !

- J'ai essayé de les retenir !

- Reste où tu es ! J'arrive !

Joignant le geste à la parole, la Bête fit plusieurs bonds spectaculaires, avant de se rattraper de justesse à une barrière en pierre. Il se hissa difficilement sur la plateforme, mais un coup de feu le fit tomber au sol. Reiner atterrit alors devant lui, avant d'arracher une des décorations en roche à côté de lui, la brandissant au dessus de sa tête. Il frappa le prince, le faisant tomber lourdement sur un des petits ponts décoratifs entre deux tours. Déjà affaibli par la destruction journalière du château, le ponton perdit encore des morceaux, devenant de moins en moins sûr. Reiner, ne voyant pas se qui se passait, avançait lentement, son arme en pierre toujours en main, poussant chaque fois la Bête de son pied, jusqu'à la plateforme suivante.

- Reiner ! Non ! hurla le pauvre noiraud, voyant le blond armer son bras.

L'arme fendit de nouveau l'air, mais fut arrêtée par Eren, qui avait réussi à se retourner et à tendre sa main par réflexe. S'ensuivit ensuite un bras de fer entre les deux forces, le prince se redressant gentiment. Une fois debout, il dépassait le soldat d'une bonne tête. Il fit ensuite un brusque mouvement de la main, arrachant la décoration de la poigne de son adversaire.
La Bête attrapa ensuite Reiner par le col, avant de le porter à bout de bras au dessus du vide. Livaï poussa un cri d'effroi, comprenant ce qui risquait d'arriver.

- Ne me... lâchez pas... Pitié... Je ferai ce que vous voulez.... Épargnez-moi, la bête !

Eren cessa de gronder, le rapprochant lentement de son visage enragé.

- Je ne suis pas une bête.

Après un dernier grognement, il jeta Reiner au sol, qui détala comme un lapin.

- Partez.... Allez-vous-en !

Il se mit ensuite à quatre pattes, fixant l'endroit où Livaï se tenait.

- Non ! Non, c'est trop loin ! paniqua le jeune homme en comprenant son intention.

Ne l'écoutant pas et voulant à tous prix rejoindre l'élu de son coeur, le prince recula de quelques pas afin de prendre de l'élan, puis s'élança dans les airs, attrapant le rebord de justesse. Il exerça une traction avec ses bras et réussit à se hisser sur la terrasse, à un mètre de Livaï. Ils se regardèrent dans les yeux avec émotion, jusqu'à ce que Reiner ne lui tire une troisième fois dessus, debout sur un ponton. Les yeux s'emplissant de haine en voyant celui qu'il prenait pour acquis se précipiter aux côtés de son ennemi, il réarma son pistolet, tandis que d'autres morceaux de pierre tombaient dans le vide.

- Non ! Je t'en prie ! le supplia le noiraud.

Mais le visage complètement fermé par la haine qu'il ressentait, Reiner tira encore une fois sur son ennemi qui était à terre, le choc de la balle poussant le prince dans la pièce à la rose. Il tomba dans les escaliers de pierre, Livaï courant après lui, complètement paniqué. Celui qu'il aimait avait reçu quatre balles dans le dos, avait reçu des coups par une décorations en pierre, et fait plusieurs chutes. Reiner était un lâche, d'attaquer dans le dos de son ennemi. Malheureusement, personne ne connaissait ce côté de sa sombre personnalité, puisque le blond ne montrait que ses meilleurs atouts.
Mais le monde est bien fait et il y a toujours quelqu'un ou quelque chose pour faire payer à ces monstres faiseurs d'injustice et de haine.
Dans cette histoire, le justicier se présenta sous la forme du petit pont sur lequel était le soldat, s'effritant de plus en plus à cause du recul de l'arme et du poids de l'homme. Celui-ci n'eut que le temps de voir un trou à côté de lui et de comprendre ce qui se passait que le pont cédait, l'entraînant dans une chute de plus de cinquante mètres. Le long hurlement qu'il poussa fut soudain coupé par un bruit sourd et celui des pierres s'écrasant ensuite au même endroit.

Pour couronner le tout dans cette mort ridicule, personne n'en avait été témoin, tous plus occupé que de faire attention à la mort d'un salopard.

Nos deux tourtereaux se tenaient la main, l'un faible, couché sur le sol, et l'autre agenouillé à ses côtés, les larmes aux yeux.

- Tu es revenu....

- Bien sûr que je suis revenu. Je ne te quitterai plus jamais.

- À présent c'est moi qui dois te quitter.

- Nous sommes ensemble.... Tout se passera bien....

- Au moins, je t'aurai revu... une dernière fois....

Sur ces mots, le dernier pétale de la rose se détacha et Eren poussa son dernier souffle, sa tête retombant sur le sol.

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