Chapitre onzième

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Non loin d'ici, un autre groupe s'avançaient à travers les sombres arbres.

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- Là ! Je suis sûr que c'est par là ! Vous entendez ces loups ? Ça signifie que nous ne sommes plus très loin du château, indiqua Kenny à ses passagers.

- Cette fois la coupe est pleine, il faut qu'on retourne au village, souffla Reiner, agacé de cette promenade nocturne forcée.

- Stop ! On y est ! leur indiqua le vieil Ackerman. C'est ici. C'est cet arbre-là. J'en suis certain, finit-il en descendant de la charrette. Il avait été abattu par l'éclair, je m'en souviens très bien. Mais... maintenant il.... il a repris sa position verticale, grâce à.... un tour de.... de magie, ou je ne sais quoi.

- Tu veux vraiment faire partie de cette famille ? chuchota Berthold devant cette scène de divagation plus qu'étrange, inquiet de la santé mentale du vieil homme.

- Ce qui veut dire que... le château est là ! fit Kenny en tendant le bras vers la gauche. Non ! Euh... là ! dit-il en pointant la droite. Non, non c'est... Fuit, bam, imita Kenny, en accompagnant ses paroles du geste de l'arbre qui tombe vers la gauche. Par là. Sans l'ombre d'un doute. Par là, termina-t-il en remontrant la droite.

- Ça suffit ! gronda Reiner. J'ai assez joué à ce petit jeu. Dis-moi où est Livaï !

- La Bête l'a enlevé et elle habite là ! répondit Kenny, en pointant toujours la direction du château.

- Il n'y a jamais eu de Bête ! Ou de tasse à thé qui parle ! Ou de magie ! Mais il y a : du loup, de la famine et de la glaciation !

- Respire à fond Reiner. Respire, lui conseilla Berthold en se levant de son siège.

Le géant respira profondément plusieurs fois avant de reprendre.

- Alors faisons plutôt demi-tour, et rentrons à Villeneuve ! Je suis sûr que Livaï est chez vous et vous prépare un charmant dîner.

- Si tu penses que je délire totalement, pourquoi es-tu venu m'aider à le retrouver ?

- Parce que je veux l'épouser sans tarder ! Voilà. Rentrons ! termina Reiner en se retournant pour aller vers la charrette.

- Livaï n'est pas à la maison ! Il est avec... cette-

- Si tu dis encore Bête une SEULE fois, je te livre aux loups pour qu'ils te dévorent !

- Reiner ! Arrête ! Respire ! Pense à des choses amusantes ! Rappelles-toi la guerre ! Le sang, les explosions, les centaines de veuves ! lui fit Berthold en lui attrapant les épaules.

- Les veuves...

- Oui, oui. Là, ça y est. Ça y est.

Reiner poussa un long soupir, un air idiot plaqué sur le visage, avant de se tourner vers Kenny, un sourire hagard sur les lèvres. Ce dernier recula légèrement, étonné de voir ce changement autant rapide, surtout avec des évocations autant lugubres.

- Kenny, haha. Je t'en prie, pardonne-moi vieux frère. C'est vraiment pas une façon de parler à mon futur oncle, hein ?

- Ton futur oncle ? Reiner, tu n'épouseras jamais mon neveu, passes ton chemin.

Il y eu un moment de silence où chacun regardait l'autre dans les yeux, avant que Kenny ne fasse un petit sourire lorsque l'information fut arrivée dans la petite cervelle de Reiner. Celui-ci se fit envahir par la rage avant de mettre une droite dans la tête du vieil oncle qui tomba au sol, totalement sonné.

- Je savais que ça finirait comme ça, fit Berthold, en regardant le corps sur le sol, un air désolé sur le visage.

- Si Kenny me refuse sa bénédiction, il devient un obstacle. Quand les loups en auront fini avec lui, Livaï n'aura plus d'autres protecteurs que moi, commenta Reiner, alors qu'il attachait sa victime à un gros arbre, près de la route. Il vérifia la solidité des noeuds avant de monter sur la charrette.

- Dans le seul but de passer en revue toutes les options, ne pourrions-nous pas envisager une solution moins, euh... un peu moins définitive ?

- Tu viens ou pas ?

Berthold ne se le fit pas dire deux fois avant de grimper sur le char, en lançant un dernier regard à Kenny, attaché à son arbre, alors que les loups hurlaient.

Non loin de là, un rugissement terrible se fit entendre. C'était le prince, couché dans son royal plumard, qui se faisait soigner par le noiraud.

- Aïe ! C'est douloureux !

- Si vous restiez tranquille, ça vous ferait sans doute moins mal, lui apprit Livaï, assis sur le lit, en lui désinfectant ses nombreuses plaies.

- Si vous ne vous étiez pas sauvé, nous n'en serions pas là !

- Si vous ne m'aviez pas fait peur, je ne me serais pas sauvé !

- Vous ne deviez pas aller dans l'aile Ouest !

- Et vous, vous devriez essayer de vous contrôler, vous ne croyez pas ?!

- Humpf, fit la Bête, à court d'arguments.

Il se retourna violemment sur le côté, tournant le dos à son infirmier de fortune. Celui-ci allait recommencer à tamponner les blessures, mais s'arrêta en entendant des sortes de reniflements, comme si la créature pleurait doucement.

- Tâchez de vous reposer.

- Merci mon ange, souffla Erwin, inquiet.

- Nous vous en serons à jamais reconnaissant, continua Armin.

- Pourquoi aimez-vous tellement votre maître ?

- Nous avons veillé sur lui toute sa vie, lui apprit Mr. Smith.

- Mais il vous a tous condamné ! Pourquoi ? Vous n'aviez rien fait !

- Oh, c'est tout à fait le mot, mon cher. Voyez-vous, lorsque le maître a perdu sa pauvre mère, son père, un homme cruel, a tout fait pour que son âme innocente devienne aussi féroce que lui. Et nous n'avons rien fait, termina la théière, Livaï se tournant vers la Bête qui semblait endormie.

Il rêva de sa mère, froide et étendue sur son lit, avant que son père ne le tire de force hors de la pièce. Sa vie avait changé du tout au tout ce jour-là. Il a perdu une des seules personnes qui acceptait ses sourires et ses rires, le laissant entre les mains de celui qui ne voulait qu'un garçon sans coeur pour fils. Ce jour-là, toute l'innocence d'enfant d'Eren Jaeger disparu pour laisser la place à la future cruauté que son propre père lui apprendra. Plus de compassion, ni d'amour. Juste une attitude hautaine et bien trop fière.

Livaï se tourna ensuite vers la rose.

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