J'assassine qui en premier ? (1ère partie)

20 4 0
                                    

Voilà une semaine que je cogite et que je prépare mon retour en France. Je suis ravie d'avoir eu la présence d'esprit d'emporter un bloc-notes avec moi car à présent, mon plan de bataille est parfaitement établi et tient sur une vingtaine de pages !

J'essaie de me préparer psychologiquement à la confrontation inévitable entre mes proches et moi. Quoi que, à bien y réfléchir, je connais leur position à présent. Est-ce bien nécessaire de provoquer une réunion familiale ? Non, finalement, un mail groupé suffira.

En parlant de mail, je ne quitte plus mon téléphone : suite au licenciement de Clara, j'ai demandé à Maryam, ma dernière assistante, de la remplacer à la tête de la gestion de l'agence. C'est l'une des rares à m'avoir témoigné son soutien depuis que mes ennuis ont commencé.

Elle était censée s'occuper de la liquidation de la boite mais, il y a deux jours, elle m'a transmis une demande d'un investisseur américain qui n'est pas réfractaire à l'idée de reprendre ma société.

Je n'ai pas encore répondu mais cette nouvelle est une bénédiction pour moi : Monsieur Garrett me rachète tout. Immeuble, contrats en cours, employés, mobilier, il prend tout. Il n'y aurait aucun licenciement. Et il s'en fiche de la mauvaise publicité suite au suicide de la jeune mannequin russe, qui, comme il l'a souligné, n'était pas sous contrat chez moi.

J'ai encore trois jours pour prendre ma décision. Et je pense que je vais accepter. Mon avocat pense que ce serait une folie de refuser. D'autant que notre candidat acheteur est prêt à reprendre la gestion dans l'immédiat. En gros, dès que je signe la vente, je ne dois plus m'occuper de rien. C'est tentant.

Je jette un coup d'œil sur mes notes : si je me débarrasse de l'agence, je n'ai plus que trois points importants à régler. Publier un nouveau communiqué de presse, plus long pour réitérer mes excuses et prendre congé du monde de la mode, déménager et prendre une décision au sujet de la proposition d'Adrien.

Avec l'argent que j'ai de côté et celui de la vente de l'agence, je ne devrais pas avoir trop de mal à trouver un logement confortable. Pourquoi le faire, me direz-vous ? Tout simplement parce que je veux prendre un nouveau départ. Donc, si je veux être cohérente, je dois faire table rase du passé. De plus, continuer à vivre dans l'immeuble adjacent à celui de mon ancien job, ça ne va pas le faire, non.

Par contre, je n'ai aucune idée de l'endroit qui serait idéal pour moi. Habituée à vivre dans un quartier très animé, j'aimerais maintenant profiter d'un peu de calme mais aussi de verdure. Il semble que les 7ème, 14ème, 15ème et 20ème arrondissement soient ceux où la criminalité est la plus faible, c'est un point à prendre en compte.

Un appel sur mon smartphone interrompt mes réflexions : ah tiens, c'est Albert, pas le cinquième mousquetaire comme dans le dessin animé, mais mon avocat. Après les salutations d'usage, il s'excuse de me déranger mais il a reçu un mail de mon potentiel repreneur :

— Naïs, je suis vraiment désolé de te contacter pendant tes vacances mais Monsieur Garrett me demande s'il peut faire signer tous les papiers dès demain ?

— Euuuuuh, c'est quoi l'urgence ? Non, parce que ce serait sympa de me laisser le temps de me retourner non ?

— C'est une opportunité qui ne se représentera plus Naïs. Je suis pour cette vente.

Pffff, je déteste lorsqu'on me force la main. Mon esprit s'égare un instant et je repense à la confrontation de ce matin. Mon imagination débridée me pousse alors à poser une question stupide :

— Albert, Monsieur Garrett, il vient d'où déjà ?

— Des Etats-Unis.

— Oui, mais quelle ville ?

— Oh, euh, attends. Ah voilà, ses bureaux se situent à Albuquerque au Nouveau Mexique. Il est né à Carrizozo, Comté de Lincoln, toujours dans le même état.

— Sérieusement ? Albert, tu te moques de moi là ?

— Jamais de la vie ! Pourquoi ?

— Albert... Comté de Lincoln, Garrett, tu ne trouves pas que c'est un peu gros ? Il ne s'appelle pas Patrick tout de même ?

— Mais de quoi parles-tu Naïs ?

— Oooooh ne me dis pas que tu ne connais pas Pat Garrett, le shérif du comté de Lincoln qui a tué Billy le kid ? Tu n'as jamais regardé Chisum ? Seigneur, je vais devoir m'occuper de ta culture général, Albert ! 

Je déteste le sable, je déteste la mer...et les cartes postales !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant