J'assassine qui en premier ? (2ème partie)

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J'entends Albert s'étrangler avant de me rassurer. Pas de Patrick ni de Floyd et encore moins de Jarvis. Ouf, je ne vais pas vendre mon agence à l'homonyme d'un shérif très connu du 19ème siècle. Finalement, mon avocat n'a pas besoin de beaucoup d'arguments pour me convaincre. En deux temps trois mouvements je m'entends lui donner l'autorisation de régler toute la paperasse administrative. Lorsque je raccroche, c'est un véritable poids que l'on m'enlève de mes épaules.

Plus détendue, je décide quitter le transat sur lequel je suis installée pour aller nager quelques minutes dans la piscine. Très vite, je remarque un garçon d'environ sept ou huit ans, assis sur l'une des marches immergées dans l'eau. Aucun adulte ne se trouve avec lui et il n'a pas de brassards autour de la taille ou des bras. Ne désirant pas assister un à drame, je décide de rester non loin de lui, au cas où.

Et pour une fois, mon intuition était la bonne. Le gamin s'avance là où il n'a pas pied, panique, se débat avant que je ne le ramène en lieu sûr. Gentiment, je lui explique qu'il ne doit jamais se trouver dans la piscine seule et il acquiesce en continuant de pleurer à chaudes larmes. Je le berce dans mes bras quelques instants, le temps qu'il se calme.

Ou, plus exactement, jusqu'à ce qu'une furie, en l'occurrence sa mère, ne vienne me l'arracher des bras en me traitant de kidnappeuse et en menaçant d'appeler la police.

Je tente vainement de lui faire comprendre que je viens de sauver son fils de la noyade mais madame ne veut rien entendre. Pire elle me suit jusqu'à mon transat en hurlant et en attirant l'attention de tous les autres clients sur nous.

Je décide de prendre mes affaires et de rentrer dans ma suite, au calme. C'est alors que je remarque que j'ai un message de mon frère sur mon téléphone.

Tandis qu'une pluie d'insultes continue de pleuvoir sur moi, j'essaie d'en faire abstraction tout en consultant mes messages privés.

Croyez-vous que mon cher frangin ait pris la peine de me contacter pour s'inquiéter de mon moral ou de ma santé ?

Nenni !

C'est à une nouvelle série de reproches que je dois faire face. Il ose m'écrire qu'il est déçu de moi, qu'il regrette mes choix discutables de carrière et la mauvaise perception qu'il donne de notre famille.

Pire, il termine en m'indiquant qu'il craint le regard des autres à son boulot à cause de mon image déplorable. Là, c'est trop pour moi. Je tente de contrôler la colère qui m'envahit et mon regard alterne entre la cinglée et mon écran. J'assassine qui en premier ?

Sans doute apeurée par la lueur démente qui est apparue dans mes yeux, Madame finit par tourner les talons, puis embarque serviettes de bain, chapeau, crème solaire, enfants et mari et déguerpit de la piscine. Bon débarras !

Moi qui espérais passer un bon moment à lézarder au bord de l'eau, c'est râpé. Bah, d'ici une petite demi-heure le soleil aura disparu à l'horizon, autant retourner dans ma suite pour me préparer pour le dîner.

Ce soir, c'est soirée mauricienne. Au menu : chants et danses traditionnels et repas typique de l'île. J'ai réserva ma table pour le premier service à 18h30.

Ainsi, j'évite l'affluence. En effet, j'ai remarqué que bon nombre de clients mangeaient plus tard et le restaurant devient alors fort bruyant. 

Je déteste le sable, je déteste la mer...et les cartes postales !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant