Décollage, atterrissage et autres joyeusetés (2ème partie)

129 25 13
                                    

— Excusez-moi, pouvez-vous répéter ?

— Certainement, Madame Kesther. Je vous expliquais que vous disposez d'un nombre suffisant de points pour obtenir un surclassèrent en classe Affaires mais également en Première Classe. Désirez-vous les convertir ? il reste de la place pour chacune d'entre elles.

Je ne réfléchis pas longtemps. Une offre pareille ça ne se refuse pas ! Et ça me permettra d'échapper à la famille infernale ou au dragueur de service. Vous pouvez être certain que le seul mec super lourdingue du vol, à tous les coups c'est à côté de moi qu'il se trouvera.

En classes supérieures, pour avoir déjà eu le privilège d'y avoir accès, ce n'est pas la même chose.

Je fais un grand sourire à l'hôtesse :

— Et bien j'accepte. Je prendrais un siège en Première classe.

— Excellent choix ! En réalité, vous bénéficierez d'une suite privée. Mais une de mes collègues vous expliquera tout cela en détail dans quelques instants. Elle va vous conduire dans notre salon privé où vous pourrez vous détendre et vous restaurer en attendant l'embarquement.

— Oh, je vous remercie !

— Je vous souhaite un agréable vol Madame Kesther !

Même pas le temps de me retourner, une hôtesse est déjà à mes côtés et elle m'indique de la suivre avec un grand sourire. J'ai déjà voyagé en classe affaires avec de nombreuses compagnies mais je n'ai jamais occupé une suite privée. Au moins, mon voyage se déroulera dans les meilleures conditions !

Je n'ai cependant fait que quelques pas lorsqu'une violente dispute éclate derrière moi entre un couple de jeunes mariés au sujet de la question fatidique du poids des bagages. Là aussi, ma longue expérience m'a permis de repérer les voyageurs prudents qui auront pesé leurs sacs scrupuleusement avant de partir des distraits. Et les deux numéros sont clairement à placer dans la seconde catégorie. Ou du moins, madame.

Son charmant époux, perfectionniste et amoureux des chiffres sans doute, lui gueule dessus sans se soucier du monde qui l'entoure :

— Mais putain ton sac pesait dix-huit kilos et trois-cent quarante grammes avant de partir. D'où ils sortent ces six kilos supplémentaires ?

— J'avais pas pris assez de maillots de bain, de tenus de soirée et de chaussures, je ne pouvais pas partir sans avoir rien à me mettre sur le dos enfin !

— Ah non ? Attends, tu avais déjà cinq bikinis et deux maillots de sport. Et je me rappelle avoir compté douze tenues différentes et quatre paires de sandales. Tu pars pas pour la fashion week bordel !

Comble de malchance, voilà que monsieur se rend compte qu'ils ont laissé leurs papiers d'identité dans les sacs qui doivent partir en soute.

L'hôtesse, face à eux, observe la scène l'air amusé. Ce n'est pas la première fois qu'elle doit assister à pareille scène ! En tout cas, il démarre mal leur mariage à ces deux-là !

Je quitte les lieux en levant les yeux au ciel. Je suis certaine qu'il y a de quoi écrire un sacré bouquin avec tout ce qui se passe dans les aéroports !

En tout cas, moi je dis chapeau aux employés des différentes compagnies parce que leur job ne doit pas être simple tous les jours. Il y a certes des situations amusantes mais parfois, j'ai déjà assisté à ce genre de scène, il y a des voyageurs agressifs qui font toute une crise pour ne pas payer de supplément pour excédent de poids. Une fois, c'était à Londres, la sécurité avait même été appelée en renfort.

Qui dit statut VIP dit file dédiée pour le contrôle de sécurité. Décidément, je ne regrette pas ce surclassèrent inattendu. Merci à mes innombrables voyages professionnels ! à force de prendre l'avion c'est une étape que je passe toujours avec décontraction. Mais pour les néophytes, y a de quoi être déstabilisé !

Je me rappelle de cette dame d'une soixantaine d'années qui avait tapé scandale parce qu'elle avait vu un homme devant elle retirer ses chaussures, sa veste, sa montre, vider les poches de son pantalon, retirer sa ceinture...

Et elle avait hurlé pour demander qu'on empêcher ce gars de faire un strip-tease.

Il y a aussi ces mesures plus drastiques concernant les liquides. Il ne s'est jamais passé une seule fois ces dernière année où je n'ai pas remarqué au moins quelques voyageurs pris au dépourvu. Je me rappelle de ce père de famille qui avait obligé ses deux enfants à avaler chacun plus d'un litre de flotte pour ne pas « gaspiller ». Pauvres gamins...

Je me demande toujours pourquoi les gens sont toujours aussi mal renseignés. Je ne sais pas moi, quand on n'a pas l'habitude, on prend la peine de s'informer non ?

Bref !

Le contrôle passé, je rejoins le salon VIP de la compagnie aérienne. Celui-là je ne le connais pas encore, c'est la première fois que je voyage avec eux.

Il n'est pas très différent de ceux que j'ai déjà pu tester. Il comporte un espace détente, un espace restauration et un espace de travail.

Les tons neutres utilisés, différentes nuances de beige, de gris et de brun sont tout à fait appropriés au lieu qui m'apparaît d'une sobriété exemplaire.

Il est pratiquement vide lorsque j'y pénètre, ce qui ne m'étonne pas. Voyager en classe Affaires ce n'est pas pour toutes les bourses.

L'hôtesse qui m'accompagne m'indique que l'accès Internet WiFi est libre et gratuit dans tout le salon puis elle me détaille l'espace restauration.

Un copieux buffet propose de nombreux plats chauds, différentes entrées ainsi que des tartelettes appétissantes aux framboises et des fruits. Un plateau de fromage généreusement garni est également à la disposition des passagers.

Les amateurs d'alcool et de vins ne sont pas oubliés et pour les personnes comme moi qui n'en consomment pas, il y a également de nombreux sodas et jus de fruit en libre-service.

Si je le souhaite, je peux prendre une douche mais je décline poliment la proposition de l'hôtesse.

Ayant déjà mangé avant mon départ, je me contente de boire un jus de fruit et prendre un morceau de tarte au buffet.

L'immense fenêtre me permet d'observer le tarmac de l'aéroport où le personnel s'affaire autour de deux avions de la compagnie. Celui de gauche est sans doute le mien, le fameux A380. C'est vrai que cet appareil est immense. Je ne l'ai jamais pris et je dois dire que j'ai hâte !

À nouveau, en jetant un coup d'œil autour de moi, je bénis l'hôtesse qui m'a proposé d'utiliser mes points pour voyager plus confortablement. Quel bonheur d'être ici au calme et non dans la zone d'embarquement pour les passagers voyageant en catégorie économique.

Ah l'embarquement...

Je déteste le sable, je déteste la mer...et les cartes postales !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant