Je déteste le sable, je déteste la mer...et les cartes postales !

La famille, il n'y que ça de vrai ! (1ère partie)

Comme je suis un peu en avance, et que je n'ai pas envie de me retrouver seule au restaurant, je me dirige vers le bar pour y commander un virgin mojito. Tout en sirotant ma boisson, je repense à ma conversation sur la plage avec Adrien. Et...comme si nos pensées étaient connectées, le voilà qui fait son apparition à quelques mètres de moi.

Il est vêtu sobrement : chemise classique blanche et un pantalon beige. Ça change du t-shirt chiffonné et du short de sport ! Après avoir salué deux employés, il me rejoint avec un grand sourire :

— Et bien Naïs, vous semblez en forme. Vous avez abandonné les béquilles ?

— Oui, j'arrive à tenir sur mes deux pieds sans provoquer de catastrophe, c'est un signe encourageant. Mais dites-moi, que faites-vous ici ? Oh, excusez-moi, ma question était indiscrète.

— Du tout ! J'ai apporté quelques livres pour la bibliothèque de l'hôtel.

— Ils ont une bibliothèque ? Accessible aux clients ?

— Bien sûr ! Vous ne le saviez pas ? Je ne sais pas s'il y a beaucoup de livres en français mais vous devriez demander.

— Cela tombe bien que vous soyez là. Je voulais vous demander si je pouvais vous donner ma réponse après mon retour en France ?

— Bien entendu ! Je ne tiens pas à ce que vous preniez une décision sans peser le pour et le contre et sans en parler éventuellement avec votre famille.

— Ma famille...

Adrien fronce les sourcils en entendant mon petit ricanement. Comme il a été sincère avec moi et qu'il m'a dévoilé une partie de son passé, je décide de ne rien lui cacher. Je lui montre le message de mon adorable frangin. J'éclate de rire en observant son regard stupéfait puis j'assène :

— La famille, il n'y a que ça de vrai !

— Mon dieu, je suis désolé Naïs, je ne voulais pas...

— Oh, relax Adrien ! S'il croyait m'atteindre cet imbécile, il a bien foiré son coup. Cela ne m'atteint pas. Ou, du moins, maintenant que je connais les véritables pensées de mes proches, ce ne sont pas ces quelques idioties qui vont me faire du mal. Je suis plutôt consternée par le geste de mon frère. Je le croyais plus intelligent.

— On pense connaître les gens et puis...

Un voile de tristesse apparait dans ses yeux.

Merde.

Je me rappelle qu'il a une sœur mais, à part le fait qu'elle était danseuse professionnelle, Adrien ne m'avait rien confié à son sujet. Je le vois hésiter un instant avant de me demander s'il peut me tenir compagnie avant que je ne me rende au restaurant. J'accepte, désireuse d'en apprendre un peu plus à son sujet.

Pour la première fois, je le sens confus et embarrassé.

J'appelle un serveur et je demande à Adrien de choisir dans la carte, en précisant que je lui offre le verre.

Il s'assied dans le fauteuil face à moi et n'attends pas de recevoir son cocktail pour reprendre notre conversation :

— Vous savez, j'ai beaucoup songé à vous ces derniers jours. Et je me rends compte que nous avons bien plus de points communs que ce que j'imaginais. Le message de votre frère me touche particulièrement car il me fait penser à une douloureuse dispute avec ma sœur. Elle me trouvait sans caractère simplement parce que je n'avais jamais osé me rebeller contre mes parents et que je n'avais pas osé choisir la voie professionnelle qui me plaisait vraiment. Je résume très fort mais cela me fait penser aux accusations de votre frère, d'une certaine manière. Souvent, elle prétendait être fille unique parce qu'elle avait honte de mon job trop commun. Elle, elle côtoie le beau monde du cinéma, de la musique, de la jet set, et a fini par envoyer promener mes parents. Je n'ai plus de contacts avec elle depuis plus de dix ans. Mais, rassurez-vous, ça ne me manque pas. Nous n'avons simplement pas la même vision des choses. Elle se complet dans le luxe, elle aime être admirée là où moi je préfère vivre simplement mais disposer de véritables amis francs et honnêtes.

Adrien s'interrompt pour boire une gorgée de son mojito. J'en profite pour lui indiquer que j'ai accepté de vendre mon agence.