HEIGHTEEN

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Quarante jours sont passés et la honte était toujours présente.

Mariem ne parlait plus à Jamila, je ne parlais plus à Tata Aïda. Encore heureuse que je ne lui ai pas cassé la gueule celle-la! On ne se calculait pas mais au moins, aussi précaire qu'elle était, on avait la paix.

Les rumeurs comme quoi on se battait pour l'argent secouaient le quartier.

Oumpagne Aïda a fait ce qu'elle pouvait le mieux faire : la calomnie...

Nombreuses de mes tantes insinuaient que Tonton Malal était victime de sorcellerie, qu'il n'aimait pas Tata Aïda.
D'ailleurs personne ne l'aimait dans la famille Diallo exceptée moi car je me disais qu'ils étaient juste xénophobes puisqu'elle n'était pas peulh mais plutôt lébou.

Grand-mère Aïcha a fait tout ce qui était en sa possession pour la séparer de son fils en vain.

De porte à porte, elle est était décidée à salir mon nom et celle de ma sœur.

Des "Ken meussoul guiss li, amougn ben fouleu thi sen bopp" ("on aura tout vu", "sans vergogne") se murmuraient dans les messes basses des Tata caweuses(commères).

C'était le 40ème jour après la mort de grand-mère et Baba Hakim et papa avaient organisé un récital du saint coran et préparé des marmites de "lakh"(plat sénégalais) qu'ils avaient distribué en l'honneur de grand-mère.

Eh oui! Un mois était déjà écoulé, un mois d'une silencieuse souffrance, de mélancolie.

Il m'arrivait de m'enfermer dans ma chambre la nuit et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Le matin j'en ressortai le sourire béat...

Grand-mère était morte et j'avais perdu mon travail.
Je ne pouvais pas retourner chez les Haidara après tous ce qui s'était passé !
Entre temps, j'ai décidé de rejoindre l'entreprise de mon oncle.

La maison commençait petit à petit à se remplir. Ce qui ne me plaisais pas du tout au vu de ce qui s'était passé.

Avec Mariem, on était enfermée dans ma chambre. On ne voulait pas que d'autres problèmes se créent vu la tension palpable qui planait sur la maison.

Des tocs à la porte nous sortîmes de nos pensées, c'était Jamila.

- Aïchatou wouyoul sa papeu(répond à ton père). Lança la voix derrière le rideau.

- D'accord. Répondis-je en soupirant

Je vis avant de sortir Mariem qui faisait son plus beau "criminal offensive side eyes"

Elle ne va jamais changer


Elle ne supportait plus Jamila après tout ce qui venait de se passer.
De mon côté, j'étais un peu tenaillée entre deux feu puisque Jamila s'était excusée auprès de nous deux et pour être honnête sa réaction était totalement compréhensible : C'était sa mère !

Je m'empressai de me lever pour répondre à mon père.

Les yeux étaient braqués sur moi dès que je fus sortie de la chambre.
Que disaient-ils sur moi ? Est-ce Tata Aïda ? Les questions se bousculaient les unes les autres dans ma tête. Les causeries et les rires bourdonnaient dans mes oreilles tel un tintamarre sans fin.

C'était avec des jambes en coton que je puis difficilement rejoindre le couloir qui menait au salon personnel de Baba Hakim.

Devant la porte du salon, je laissai entendre un ouf de soulagement avant de frapper à la porte.

Romance fortuite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant