Louve [Fanfiction Twilight]

Chapitre 8

Le silence de Jacob avait duré plusieurs minutes. Fatiguée, je m'étais laissée emportée dans des pensées contemplatives, aussi le son de la voix de Jacob m'a fait tressaillir.

- Je ne vais pas y aller, a-t-il assené, comme s'il n'avait rien écouté à ce que je venais de dire. « Je ne vais pas y aller, et je vais laisser les choses se tasser. Tout ça est une très, très mauvaise idée. Bon sang, je... »

- Jacob Black, tu t'es invité chez moi pour me demander des conseils alors que tout ce que je désire actuellement, c'est dormir. J'ai pris sur moi pour écouter tes petits problèmes et tenter de les résoudre, alors tu va me faire le plaisir de ne pas faire l'exact contraire de ce que je viens de te dire de faire !

Ma voix était basse, mais il m'avait très bien entendue. Le besoin irrépressible de sommeil se pressait contre moi, soudain impérieux, et je n'avais qu'une envie : que Jacob dégage de chez moi, qu'il se débrouille seul avec ses problèmes de cœur qui n'en étaient pas vraiment. Si, quelques instants plus tôt, c'est lui qui avait failli perdre le contrôle, cette fois c'est moi qui ai du me contenir. La fatigue ne me réussissait pas. Ma patience avait été épuisée. J'ai parlé franchement à Jacob, écœurée de son comportement :

- Tu geins et tu pleurniches comme si tu avais de vrais problèmes de couple. C'est insupportable. La solution, je te l'ai donnée, c'est de vous parler. Toi et la moitié de vampirette êtes imprégnés, vous êtes biologiquement programmés pour vous aimer jusqu'à la fin de vos jours. Et tu n'as pas le droit de mettre tout ça en l'air, de tout gâcher parce que tu as peur. Oui, Jacob Black, je pense qu'au fond de toi tu es terrifié, comme un môme, par ce qui pourrait arriver. Jusque là, tout était facile, simple : S'occuper de la gamine, l'emmener courir sur ton dos, accéder à ses désirs simples d'enfant, la faire rire ! Mais maintenant, ça devient sérieux. Ses sentiments ont changés, et les tiens aussi. Ce n'est plus une enfant qu'il faut protéger : c'est une partenaire, une compagne, une égale. Il est fini, le temps des cachotteries, du mensonge par omission sous prétexte de la protéger. Fini aussi, de lui dissimuler tes peurs et tes démons, arguant qu'elle est trop jeune pour les lui infliger. Tu vas devoir lui parler, à cœur ouvert, et plus que ça, assumer ton manque d'expérience, là où elle s'attend sûrement à te trouver plein d'assurance, comme tu l'as toujours été à ses yeux.

Jacob me contemplait, bouche bée. Ses lèvres ont bougées, sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Je l'avais pétrifié sur place. J'avais visé juste, je le voyais dans son regard. A bout de souffle, j'ai inspiré longuement, avant de terminer mon monologue tant qu'il ne pouvait pas m'interrompre :

- Tu peux me traiter de tous les noms si tu veux, mais ces noms, ce sera toi qui les aura mérité si tu ne vas pas à son stupide rendez-vous cette nuit. Tu n'as pas le droit de gâcher ce qui t'a été servi sur un plateau ! Bordel, Jacob, des années durant j'ai espéré m'imprégner à mon tour pour effacer la douleur de Sam, chaque année un peu plus ! Tu n'as pas seulement la chance de t'être imprégné relativement rapidement, tu as aussi celle de t'être imprégnée d'une créature capable de vivre aussi longtemps que toi, d'une créature qui ne risque pas de se briser au moindre coup du destin ! Es-tu donc stupide à ce point ? C'est moi que vous appelez « égoïste », mais dis-moi, Jacob Black, as-tu remarqué comme la terreur colore toutes les pensées de Sam depuis trop longtemps ? Il se voit perdre Emily, encore et encore, emportée dans sa jeunesse. Et Jared a eu une dispute la semaine dernière avec Kim, une dispute idiote partie d'une remarque idiote, parce qu'un jour Kim vieillira et mourra, alors que Jared demeurera jeune aussi longtemps qu'il se transformera en loup, et Kim lui reprochait de refuser de vieillir et de mourir à ses côtés. Ils n'ont pas encore 30 ans, mais ils y pensent déjà, parce que l'état d'Emily et l'inquiétude réveillée en Sam nous a rappelé à tous notre nature, notre condition. Je...