Chapitre 10

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La pluie tombait avec régularité sur le toit de ma petite maison. Le bruit était étouffé mais présent, constant, et plaisant. Je connaissais ce son depuis ma plus tendre enfance, comme je connaissais le grincement du bois et le claquement des volets mal fixés dans le vent. Plus jeunes, Emily et moi adorions les nuits de tempête. Nous nous cachions sous ma couette pour nous raconter des histoires effrayantes, nos chuchotements souvent interrompus par des éclats de rires irrépressibles qui réveillaient Seth et mettaient ma mère en fureur.

C'était il y a bien longtemps.

Ce soir, nulle tempête ne s'abattait sur la réserve, ce n'était que le temps maussade qui était la norme dans les environs.

J'estimais que j'avais eu plus que ma dose d'interactions sociales et d'ennuis pour la semaine, et que j'avais bien mérité un peu de tranquillité. Lorsque, plus tôt dans la journée, j'avais enfin pu rentrer, j'avais fait réchauffer une boite de conserve pour calmer mon estomac grondant, avant de m'effondrer sur mon lit pour une longue sieste. Je m'étais réveillée alors que le soleil se couchait derrière les nuages, réduisant à néant le peu de lumière qui entrait dans la maison jusque là. Je m'étais alors levée pour prendre une douche, avant de m'affaler, de nouveau, mais cette fois sur le canapé.

Fascinée, je contemplais le plafond, et j'écoutais la pluie.

Lorsque j'étais louve, j'aimais courir. J'aimais sentir la puissance de mes muscles, la robustesse de mes pattes, la force de mes mâchoires. Lorsque j'étais louve, je n'aimais pas rester inactive. Mais ce soir, sous ma forme humaine, l'inactivité était la bienvenue. Elle était facile. Reposante.

J'ai fermé les yeux. Je me sentais réveillée et reposée, aussi je n'espérais pas attirer le sommeil à moi, mais je voulais savourer cet instant de quiétude. Il était si rare que le flot incessant de mes pensées se calme à ce point. Je me suis concentrée sur ma respiration et sur le tap-tap-tap régulier des gouttes de pluie. Sous moi, le vieux canapé s'était enfoncé sous mon poids, mais les oreillers dépareillés rendaient néanmoins le tout confortable. Ma peau sentait le savon, et l'impression de propreté était bienvenue. Mes cheveux noirs, coupés courts, s'étaient hérissés autour de mon visage en séchant. Je...

La sonnerie de mon téléphone a retenti, stridente, et si inattendue que j'ai fait un bond sur moi-même avant de rouler à bas du canapé, sur le sol poussiéreux. Bordel. Il faudrait vraiment que je trouve le temps de faire le ménage. Quelle idiote je faisais. J'avais complètement oublié ce foutu portable. Ma bulle de sérénité avait éclaté en morceau, et je me sentais profondément ridicule. Au moins, personne n'avait assisté à ma chute.

D'un geste rageur, j'ai saisi le petit appareil qui continuait de sonner sur la table basse. Un juron m'a échappé lorsque j'ai vu le nom de l'indésirable qui m'appelait : Jacob Black. Toute culpabilité envolée, j'ai fait glisser la petit icône du téléphone vers la droite, pour décrocher, prête à assommer Jacob sous les insultes. J'étais déjà en train d'en élaborer des très fleuries, mais contre toute attente, mon téléphone affichait la fin d'appel : Il avait raccroché. «Va au diable, Black ! » ai-je murmuré à moi-même, avant de constater qu'une nouvelle notification s'affichait sur mon écran d'accueil : Il s'agissait d'un message, toujours de Jacob, très laconique : « Dehors ».

Furieuse, j'ai roulé sur le côté pour me relever en prenant appui sur mes coudes et mes mains. J'ai glissé le téléphone dans la poche de mon sweat trop large, et j'ai essuyé mes paumes sur mon pantalon de survêtement, avant de traverser la maison en quelques enjambées, vaguement gênée par un bleu que j'avais du hériter de ma chute. Je n'y ai pas accordé d'attention. Quelques heures au plus, et il aurait disparu.

Louve [Fanfiction Twilight]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant