Chapitre 16

290 21 6
                                    

Nous ne nous étions pas attardés à l'hôtel.

Le choc de la nouvelle passé, Seth et moi avions été soulagés d'apprendre que rien de grave n'était arrivé. Nous avions continué notre exploration des lieux, et peu à peu plusieurs membres de la meute nous avaient rejoins dans nos tête. Après ces heures de silences, cette profusion de pensées confuses et excitées avait été dure à supporter pour moi, d'autant plus que nous rentrions bredouille de cette opération.

Alice et Jasper n'avaient rien trouvé non plus, et nous étions repartis aux premières heures du jour. Nous étions venus sur place en s'attendant à trouver un jeune désorienté et perdu, une mission de sauvetage, en quelque sorte. Nous pensions rester quelques jours sur place, anticipant que, peut-être, il faudrait traquer le jeune, retrouver sa trace. Mais il n'y avait rien à suivre, rien à retrouver. Nous repartions plus perplexes que jamais, avec le sentiment d'avoir oublié quelque chose de primordial.

J'ai shooté dans un caillou. A présent, je marchais à pas lents à travers la forêt, sur un sentier qui me ramènerait vers la plage. La meute était encore en ébullition, et je cherchais le calme. Mes propres pensées tourbillonnaient dans ma tête, inutile de supporter en plus celles des autres plus souvent que nécessaire. Le sujet Jacob revenait aussi souvent au premier plan de mon esprit : je regrettais notre dispute, et j'aimerais pouvoir arranger les choses, mais j'étais déchirée. Je me connaissais trop bien, et j'avais peur qu'en tentant d'arranger les choses je ne fasse que les empirer. Ainsi, j'avais évité de me retrouver seule avec Jacob depuis notre retour. Lorsque nous étions transformés en même temps, je me contentais de murer mes pensées avec mes sarcasmes habituels. Il était de toute façon trop absorbé par ses propres problèmes pour prêter attention à moi.

J'ai soupiré. Jacob et moi avions appris à nous apprécier, le temps aidant. Notre relation avait toujours été particulière, mais je détestais le savoir fâché contre moi. Pour autant, je ne me sentais pas d'aller lui présenter mes excuses, car je pensais chaque mot que j'avais prononcé cette nuit là. C'était peut-être le pire. Et c'était peut-être pour le mieux. Comme si j'avais besoin de quiconque ! J'étais mieux seule.

J'ai relâché mes poings en sentant mes ongles rentrer dans ma peau. Je ne m'étais pas rendu compte que je les avais serrés.

Devant moi, les arbres s'espaçaient, et bientôt j'ai débouché sur la plage. Malgré les nuages dans le ciel, le temps était calme, et l'océan venait lécher le sable avec des vagues paresseuses. L'odeur du sel et du bois flotté emplissait mon nez. L'odeur de mon enfance ; l'odeur de mon foyer. Je pouvais bien désirer de toute mes forces de pouvoir être ailleurs... J'appartenais à cet endroit. C'était dans mon sang. C'était le genre d'appel auquel on n'échappait pas.

Lentement, je me suis avancée vers l'eau. J'ai pris le temps de retirer mes baskets et mes chaussettes, puis j'ai avancé de quelques pas, et les vagues glacées m'ont léchées les pieds. J'ai senti mes muscles se tendre sous la surprise et la différence de température, mais c'est vite passé. L'eau tourbillonnait autour de mes chevilles, et j'ai laissé mon regard se perdre devant moi. L'immensité de l'océan se déployait devant mes yeux.

Il y avait quelque chose d'à la fois captivant et effrayant dans le spectacle de toute cette eau à perte de vue, qui roulait vers la grève et renfermait tant de secrets et de mystères. Le bruit du ressac était apaisant, et je me suis demandée, le cœur serré, quand avais-je cessé de venir me réfugier ici, quand avais-je oublié l'apaisement procuré par la contemplation de l'océan.

Ma petite bulle de quiétude solitaire a été rompue par le bruit ténu de pas se rapprochant de moi. J'ai gardé les yeux fixés sur le large, et j'ai inspiré un grand coup par le nez, une habitude de loup qui finissait par persister même sous forme humaine. Nous étions tous familiarisés avec les odeurs de nos frères de meute, aussi ai-je rapidement reconnu celle de Micah. Ce n'était pas une grande surprise. J'aurais du me douter que lui aussi chercherait un peu de calme et d'éloignement. Mais qu'il continue à s'approcher de moi, jusqu'à entrer dans mon champ de vision, c'était autre chose.

Louve [Fanfiction Twilight]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant