Chapitre 2

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La sonnerie stridente de mon téléphone portable m'a réveillée en sursaut. J'avais dû m'assoupir devant la télévision, assommée d'ennui. La télécommande qui s'était échouée sur mes genoux est tombée au sol avec fracas, causant un bruit démesuré pour un si petit objet. J'ai juré à voix basse en me penchant pour la récupérer. Mon portable continuait à exiger mon attention. Fichue technologie !

Je me servais très peu de mon téléphone, pour des raisons évidentes. Avant tout, je n'avais personne à appeler hormis ma mère, qui était aussi branchée nouvelles technologies que Charlie, ce qui n'était pas peu dire. Ensuite, le réseau passait mal dans notre réserve, fluctuant d'un endroit à un autre. Et enfin, je préférais largement me sentir déconnectée du monde et des autres, plus proche de la forêt, de la meute et de ma nature de loup. J'avais goûté au grand monde, et j'en avais gardé un goût amer et rance. Je retiendrai ma leçon.

Néanmoins, c'était une exigence de Jacob comme de Sam que nous fussions  tous munis de téléphones et que ces derniers soient constamment avec nous. Pour pouvoir rassembler la meute rapidement si besoin, ce genre de conneries. Comme si nous ne nous en sortions pas très bien avant tout ça ! Si la situation était urgente, un loup n'avait qu'à renverser sa tête au ciel et lui dédier un long hurlement. Nous étions tous très sensibles à ce genre de signaux, et ils suffisaient amplement. À l'entente d'un tel cri, nous n'avions qu'à nous précipiter au dehors et à muter. Alors, nos esprits se mêlaient à ceux de nos frères de meute et en quelques secondes, nous étions au courant du danger et du plan de bataille, quels qu'ils soient. À mon sens, c'était plus rapide, plus efficace et plus pratique. Mais Sam arguait qu'il était plus discret d'éviter les hurlements à tout va si possible, à plus forte raison en journée. Et Jacob avait approuvé. Je n'avais pas eu le choix. Je n'étais que la Bêta.

J'ai appuyé sur un bouton de la télécommande pour éteindre la télévision et je me suis étirée une nouvelle fois de tout mon long pour atteindre mon téléphone. J'ai réussi à appuyer sur l'écran in extremis, juste avant que la dernière sonnerie ne retentisse. Jacob comme Sam étaient toujours furieux lorsque je manquais un appel, et si j'aimais les provoquer, j'avais le sentiment d'en avoir assez fait aujourd'hui.

- Leah ?

- Et qui d'autre veux tu que ce soit, ai-je grommelé

Jacob a ignoré ma remarque. Non seulement il n'y a pas répliqué, mais il n'a même pas eu un reniflement agacé ou une exclamation dédaigneuse. Bizarre.

- Je suis retournée voir Renesmée après ma ronde, et j'ai vu Bella par la même occasion. Elle aimerait que nous la rejoignons chez Carlisle, les Cullen ont à nous parler.

-Pardon ? Je ne vais pas chez les buveurs de sang ! Me suis-je hérissée. "Sam est le second Alpha, il n'a qu'à venir avec toi, si c'est si important !"

J'avais craché ma réponse, mais j'étais pensive. Je pensais avoir deviné pourquoi Jacob se montrait si peu enclin aux chamailleries: les changements opérés chez sa petite mutante le travaillaient encore.

- Il ne peut pas, il est auprès d'Emily, a-t-il admis avec réticence. Elle ne se sent pas bien du tout apparemment.

J'ai serré mes lèvres. Ces derniers temps, Sam était aux petits soins pour Emily. Encore plus que d'habitude, je voulais dire. Depuis qu'elle avait donné naissance à son fils, sa santé était devenue fragile. Il protégeait bien ses pensées lorsqu'il courait avec nous, mais nous savions tous qu'Emily n'était plus aussi vaillante qu'autrefois. De plus, chacun s'y était habitué. Il n'était plus rare d'entendre que la jeune femme avait eu de la fièvre la nuit dernière ou encore qu'elle se sentait trop faible pour gérer seule son petit garçon téméraire et entêté. Sam pensait constamment à eux, mais cette pensée n'occupait pas le devant de son esprit, c'était plutôt devenu l'arrière fond habituel de ses réflexions, auquel nous ne faisions même plus attention.

Louve [Fanfiction Twilight]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant