Louve [Fanfiction Twilight]

Chapitre 30

Le choc entre l'eau glacée et mon corps brûlant était douloureusement délicieux. Un instant, je me suis laissée couler et balloter par les vagues. Elles n'étaient pas spécialement agressive, pas cette nuit, mais elles n'en manquaient pas moins de force, et je les sentais passer sur mon corps, même sous la surface, régulières et implacables. L'obscurité régnait, maîtresse, car même ma vision sur développée ne pouvait percer les ombres sous marines, et tout, autour de moi, paraissait immobile, malgré le mouvement incessant de l'eau. Je n'entendais rien, hormis mon propre sang qui battait dans mes oreilles, et c'était reposant, incroyablement bon.

Lorsque mes poumons ont commencé à protester, en feu, j'ai consenti à contre cœur à refaire surface. J'étais encore suffisamment courageuse pour m'accrocher à ma vie, aussi pathétique et douloureuse soit-elle. Et puis, je ne pouvais pas laisser Seth, ni maman, ni Rudy, quoi que je pouvais en dire. J'aurais soupiré, s'il m'était resté assez d'air pour cela, mais j'avais déjà laissé tout mon oxygène s'échapper de mes lèvres en fines bulles.

J'ai battu des bras et des pieds. De toute façon, mon corps, tel un bouchon, avait déjà commencé à me ramener vers le haut, vers l'air et la surface : Des souvenirs de mon passage à l'université me sont revenus brièvement. Une histoire de physique et de poussée d'archimède.

Ma tête a brisé les flots, et j'ai pris une longue inspiration d'air frais.

Après une apnée, même une simple respiration devenait exquise. J'ai tenté de me raccrocher à ce sentiment, de ne penser à rien d'autre qu'à cela, et je me suis doucement laissée flotter sur le dos. J'aurais aimé pouvoir contempler les étoiles, mais des nuages les soustraiyaient à ma vue, et même la lune se faisait désormais timide. Cette fois, j'ai pu soupirer, et une vague plus intrépide que les autres s'est abattue sur ma tête. D'accord, d'accord, pas de contemplation sereine des étoiles. J'ai effectué une rotation dans l'eau et j'ai commencé à nager avec énergie vers la plage.

Je suis sortie de l'eau sans cérémonie ni grâce, peu inquiète du bruit que je pouvais produire. Je ne craignais pas l'hypothermie, mais la sensation de fraîcheur sur ma peau m'agaçait plus qu'elle ne m'apaisait, maintenant. En fait, j'ai réalisé que j'étais toujours agitée, que j'avais de nouveau envie de courir, de m'enfuir, mais ça ne rimerait à rien. La chose que je voulais fuir, c'était moi, mes émotions, mes sentiments et mes souvenirs. Je ne pouvais pas échapper à ce qui se tramait dans mon cœur et dans ma tête. Je me suis figuré un chien qui courait en rond, tentant vainement d'attraper sa queue, puis j'ai remplacé l'image par un loup. Voilà, c'était moi. La réalisation était cinglante, mais je ne pouvais ignorer qu'elle était véridique. J'étais ridicule. Et perdue.

- Leah! Tout va bien ?

J'ai relevé la tête. Joshua me contemplait, ahuri, à quelques mètres de là. L'énervement s'est embrasé de nouveau dans mes veines, ainsi que l'incompréhension. M'avait-il suivi ? Ou était il venu ici de lui-même ? M'avait-il vu plonger ? Combien de temps avais-je couru dans la forêt, combien de temps avais-je passé dans l'eau, puis flottant à sa surface ? Visiblement, assez pour que Joshua se retrouve ici...

Je me suis approchée de lui, menaçante. Il n'a pas eu de mouvement de recul, il s'est contenté de me dévisager. Il avait l'air déboussolé, lui aussi.

J'allais lui hurler dessus, l'injurier, lui cracher de déguerpir, mais quelque chose m'en a empêché. La colère chantait dans mes veines.

Je n'ai pas compris ce qui s'est passé en moi à ce moment-là. La douleur était devenue une entité à part entière en moi, sauvage et incontrôlée, qui se débattait et murmurait à mon oreille des mots venimeux ; Joshua se tenait face à moi, l'air inquiet, jeune et vif, disposé à m'aimer. Pourquoi courir après Sam ? Pourquoi continuer à rêver de lui toutes les nuits ? Pourquoi m'accrocher à un homme qui appartenait à une autre, qui ne serait jamais plus mien ?