Louve [Fanfiction Twilight]

/Renesmée/

Renesmée se tenait au centre du petit cercle de lumière dispensé par la lune, immobile et silencieuse. Autour d'elle, les arbres de la forêt se dressaient, majestueux, leurs branches agitées par le vent. Il ne pleuvait pas, mais l'air était humide et les nuages menaçants ; le répit ne serait que de courte durée.

Jacob était discret, silencieux comme la nuit, mais elle eut immédiatement conscience de son arrivée. Son cœur battait la chamade, et son sang chantait dans ses veines. Son odeur n'était pas tout à fait humaine, ni tout à fait animale. Elle savait que les vampires se plaignaient souvent du fumet caractéristique des membres de la meute, mais Renesmée ne trouvait pas leur odeur désagréable. C'était simplement différent, comme elle.

Le grand indien se tenait immobile parmi les ombres. Renesmée percevait sa tension et son hésitation. Elle fronça les sourcils, embêtée. Cette nuit était capricieuse et envoûtante, presque magique, et Renesmée ne voulait pas que les choses se déroulent autrement que parfaitement bien.

Elle franchit l'espace qui la séparait de Jacob en quelques pas, et avant qu'il n'ait eut le temps de réfléchir au comportement à adopter, elle colla sa main contre sa joue, plongea les yeux dans les siens, et lui imposa des images.

La parole était si laborieuse. Belle, certes, mélodieuse même, mais elle était lente et imprécise. Renesmée avait lu des poèmes dans plusieurs langues, en avait écris plus d'un elle-même, on lui avait raconté bien des histoires et elle avait feuilleté bien des romans, mais toujours les mots lui avaient semblé limités. Les plus grands auteurs de ces derniers siècles avaient tentés de les utiliser pour décrire l'amour et la haine, la passion et la jalousie, ils avaient essayé de dépeindre les couleurs, les saveurs et les sensations, mais comment pouvait-on expliquer à quelqu'un ce qu'était que le bleu, tant qu'il n'avait pas observé un ciel pur un jour d'été ? Et comment décrire la délicieuse odeur de la Push, celle de la mer qui rencontrait la forêt, de la terre et de l'eau se heurtant, dans un coin du monde où le surnaturel était la norme ?

De la même façon, Renesmée ne pouvait se contenter de mots pour faire comprendre à Jacob tout ce qu'elle désirait lui transmettre. Sa peau fraîche contre celle, brûlante, de l'indien : Voilà qui était réel, tangible. Les yeux de Jacob étaient vides, lointains, concentrés sur ce qu'elle lui envoyait, bien qu'ils n'aient aucun rôle dans le processus. Renesmée ferma ses propres yeux, pour mieux se concentrer.

Que voulait-elle transmettre à Jacob ? Ce qu'elle ressentait. La façon dont elle le voyait. Les petits détails qui la troublaient, qui lui coupaient presque le souffle, d'une façon nouvelle et pourtant délicieuse. Elle lui renvoya son image, l'image du Jacob qu'elle voyait avec ses yeux d'immortelle.

La teinte exacte de sa peau. Ses yeux sombres et expressifs. La tendre courbure de son épaule. Le tracé de ses muscles, et la façon dont ils roulaient sous sa peau. Mais aussi la douceur de sa fourrure de loup. La façon dont chacun de ses poils avait une couleur différente, pour former un tout étincelant. La puissance qui se dégageait de chacun de ses mouvements.

L'image de sa paume posée contre sa joue à cet instant même. Le contraste des couleurs. Elle laissa les images s'évanouir, et retourna sa main. Son contact se fit caresse, et durant un infime instant, Jacob pencha la tête vers son toucher... Avant de brusquement faire marche arrière, s'arrachant à elle.

Renesmée était interdite. Sa main, toujours en l'air, semblait caresser le vide. Jacob n'était qu'à deux pas d'elle, mais il aurait tout aussi bien pu être à des kilomètres. Elle fit un effort pour effacer toute émotion de son visage, et ramena son bras le long de son corps, avec une extrême lenteur.

- Y a-t-il un problème, Jacob ?

Sa voix résonna, claire et cristalline, entre eux deux. Renesmée aimait sa voix. Il lui arrivait parfois d'accompagner son père lorsqu'il jouait du piano.