Chapitre 19

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Il s'éloignait déjà, sans un regard vers moi. Une bouffée de panique m'a envahie, aussitôt suivie d'une bouffée de colère. Il tenait donc vraiment à me rendre les choses si difficiles, alors même que je faisais un effort incommensurable pour lui ?

- Jacob Black, reviens ici tout de suite !

Ma voix était sortie plus forte et plus autoritaire encore que ce que j'avais voulu. Ce n'était probablement pas une mauvaise chose. Je me suis relevée à mon tour. Jacob s'est retourné, et m'a répondu sur le même ton :

- Je n'ai aucun ordre à recevoir de toi !

J'ai ouvert la bouche pour répliquer, puis je me suis reprise. Non. Je n'étais pas venue pour refaire exactement les mêmes erreurs. L'envie était forte, cependant, mais j'avais passé l'âge d'être capricieuse. N'est-ce pas ?

J'ai inspiré à fond et j'ai écarté les bras dans un geste d'impuissance.

- Je suis désolée, ok ? Je suis désolée, Jacob. Pour l'autre soir. JE SUIS DÉSOLÉE !

J'ai expiré, le cœur battant à tout rompre. Voilà, je l'avais dis, et trois fois plutôt qu'une. Jacob semblait ébahi. Il ne s'attendait visiblement pas à ça. Hésitant, il a fait quelques pas vers moi. Son expression avait changée du tout au tout, comme s'il venait d'avoir le souffle coupé.

- Tu es sure que tu te sens bien, Leah ?

Je lui ai décoché un regard noir, mais je devinais que le pire était passé.

- Écoute. Je n'aurais pas du m'emporter ainsi, alors que tu avais juste besoin de conseils. J'en ai conscience, et je sais que je t'ai blessé. Je ne vaut pas mieux que Paul, hein ?

J'ai tenté un sourire. Jacob me l'a rendu. Le sien était aussi fragile que le mien. J'avais l'impression de marcher en équilibre sur un fil. Il a haussé les épaules.

- C'était peut être ce dont j'avais besoin. Au final, j'y suis allé. Au rendez vous avec Renesmée, je veux dire.

- Je sais.

Je n'ai rien ajouté. Il a soupiré. Nous savions tous, comme nous connaissions maintenant tout plus ou moins la teneur de leur échange nocturne. Ce n' était plus qu'une questions de semaines, peut être même de jour, avant que je ne me réveille la nuit en sueur, enfiévrée par la passion d'un autre. Plus que nos pensées, nous partagions nos joies, nos peines et nos peurs.

- Quand même, ai-je repris. Je te jure qu'au début, j'avais vraiment l'intention d'être calme et empathique.

Jacob a grogné. Il a marmonné quelque chose, et j'ai saisi les mots "yoga" et "méditation".

- Oui, j'ai essayé ça brièvement. Quand je suis partie pour la fac. Pas longtemps, cela dit. Le yoga m'énervait plus qu'il ne m'apaisait.

Jacob a étouffé un rire avant de me jeter un regard en coin. Il se moquait de moi. S'il était encore capable de se moquer de moi, tout n'était pas perdu. Je me suis rappelé ces jours étranges, à n'avoir que Jacob et Seth dans ma tête, lorsque nous formions notre propre petite meute. Lorsque j'en étais venue à défendre les vampires. Les grands maux exigent les grands remèdes, c'est ce que l' on dit. Cette période nous avait rapproché, Jacob et moi. Et Jacob avait fait un bon leader. Jacob avait toujours été un bon leader. Il avait ça dans le sang, plus encore que moi et Seth, qui n'avions pas à avoir honte de notre lignée. C'était inscrit dans ses gènes.

J'ai pincé les lèvres. Je n'aimais pas laisser mes pensées errer sur ce terrain. Le sang, les gènes... Trop sensible, encore aujourd'hui. Jacob ne me regardait plus. Il shootait dans l'herbe, envoyant voler le gazon à plusieurs mètres. Pire qu'une taupe dans un jardin. Je n'ai fait aucune remarque. Durant mes 4 ans à l'université, je n'avais eu que très peu de contact avec la meute. Même Seth se plaignait du manque de nouvelle. J'avais voulu couper tous les ponts, tous les liens. Secrètement, j'avais plus d'une fois regretté notre ancienne meute réduite. Lorsque j'avais abandonné tout espoir de retrouver une vie normale, lorsque j'avais muté de nouveau pour la 1ere fois depuis de longs mois, je m'étais retrouvée seule dans ma tête. Je n'aurais pas du en être surprise: c'était mon choix, j'avais quitté la meute, les meutes. Pourtant, j'avais été blessée de constater le silence autour de mes propres pensées, et ce silence m'avait oppressé plus que de raison. C'était ce pourquoi je m'efforçais d'arranger les choses aujourd'hui. Ma vie était si misérable que les jours les plus heureux que j'avais connus depuis ma mutation étaient ceux passés à protéger les sangsues dans la meute de Jacob. J'ai inspiré.

Louve [Fanfiction Twilight]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant