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Je finis de tout ranger quand mon chéri redescend dans le salon.

- Thérèse n'est plus là ?
- Non elle vient juste de partir, tu es resté trop longtemps dans la salle de bain bébé, dis-je en l'embrassant tendrement.

Sans surprise, il passe ses bras autour de moi et me love contre lui. Je ne peux m'empêcher d'enfouir mon visage dans son cou pour me délecter de son merveilleux parfum. Comme pour en savourer toutes les fragrances, je ferme les yeux et me laisse transporter par chacune des notes.

- Chéri, si tu continues de renifler tout mon parfum bientôt il y en aura plus dans tes poumons que sur moi, râle-t-il faussement.
- Humm chut bébé, laisse moi en profiter encore un peu...

Je le sens pousser un léger rire amusé puis sa main vient me caresser les cheveux. Oh cette sensation, mélangée avec son parfum, c'est sûr, le paradis existe, j'y suis. Je ne peux m'empêcher de le prendre à mon tour dans les bras.

- Euh les mecs ?

Stéphania interrompt notre câlin mais je ne bouge pas d'un millimètre des bras de mon chéri, même si ce dernier tourne légèrement son visage vers ma cousine.

- Je file à la bibliothèque, j'en ai pas pour trop longtemps en principe... Dit-elle un peu gênée d'avoir brisé ce moment je pense.
- Attends je vais te déposer, je passe devant, enfin quand je  retrouverai ma liberté...
- Hummm non reste là... Murmuré-je en le serrant davantage contre moi.
- D'accord je vais dire à mon patron la raison de mon absence il va être heureux... Râle-t-il gentiment.
- Eh bien cousin, je ne te savais pas aussi lolita...
- Mais non tu es juste jalouse, dis-je en lui faisant un clin d'œil et me dégageant de mon amant. Allez, filez je vous ai assez vu.
- Oui évitons les sujets qui fâchent, rigole-t-elle en venant m'embrasser sur la joue et de s'éloigner.
- À tout à l'heure bébé.
- Oui, sois prudent. 

Une fois mon chéri et ma cousine sortis je monte ranger une nouvelle fois la chambre bazar, même si au fond de moi je sais que dans peu de temps je devrai à nouveau la ranger. 

En attendant je dois trouver une idée de repas pour ce soir, le moment sera suffisamment épicé pour préparer quelque chose de piquant. Je pense que le mieux est de voir le diner comme un prélude à la discussion.

Pourquoi pas une entrée terre/mer avec un taboulé de quinoa avec des concombres, des tomates cerises et du saumon fumé ; un plat principal sucré/salé avec un sauté de porc riz ananas et enfin un dessert fondant et croquant avec une mousse à la mangue sous son dôme caramel ?

Oui ça me semble une bonne idée, et je ne me gênerai pas de faire des allusions tout au long du repas, histoire de les mettre dans l'ambiance.

Ce qui me préoccupe le plus restera leur attitude face à Fabien. 

Son petit spectacle avec sa poupée gonflable ne risque pas de disparaître de leur mémoire, loin de là. En même temps ils l'ont bien cherché aussi. 

Une fois la chambre enfin rangée je continue de faire un peu de ménage à l'étage puis redescends mettre de l'ordre en bas. 

Il est un peu plus de dix heure trente quand Stéphania revient.

- Lolita, c'est moi je suis de retour, s'exclame-t-elle.
- Stéphy, tu es obligée de m'appeler ainsi ?
- Eh bien après la scène que j'ai vu ce matin, je dois avouer que je ne te connaissais pas ainsi, c'est agréable à voir. Fabien te rend heureux ça se voit.
- Oui, c'est le cas, je tiens à lui et j'ai peur que si je ne le lui dis ou ne le lui montre pas assez je m'en veuille pour le restant de ma vie.
- C'est ce que tu ressens par rapport à cousin Math ? Je me souviens que malgré vos nombreuses bêtises vous vous chamailliez souvent. Du moins c'est ce que j'entendais de ma mère quand tonton Jean se plaignait. 
- Vraiment ? Pourtant en général c'était Ted qui s'embrouillait avec Math, au contraire j'essayais de les séparer, m'étonné-je.
- Tu le dis toi-même, Teddy a toujours été vu comme le fils préféré, peut-être que lorsque tu essayais de les séparer, tu prenais le parti de Math et que ça ne plaisait pas à tes parents. Du moins je suppose.
- Oui, probablement. En tout cas ce soir j'ai peur que ça se passe mal, enfin oui, évidemment ça va se passer mal, mais j'ignore à quel point.

Sans m'en rendre compte, mes mains tremblent légèrement et une ligne humide s'échappe de mes yeux. Doucement Stéphania s'approche de moi et me prend dans ses bras, puis s'écarte et me prend les mains.

- Ça va aller, tu ne seras pas seul, on sera tous avec toi, avec vous. Même ma mère pourra éventuellement vous soutenir. C'est vrai dans le fond ce repas c'est juste pour "officialiser" mon coming out et lui présenter ma copine. Si tu veux avant le repas je pourrais lui dire que ça risque de dégénérer, histoire qu'elle puisse essayer d'adoucir l'atmosphère, après tout tu es son chouchou.
- Je pense qu'elle aura suffisamment à gérer de son côté, même si ton père ne sera pas là ce ne sera pas évident pour elle je pense, ton homosexualité deviendra réel.
- Je sais, mais au moins elle est déjà au courant pour moi... Le choc est déjà passé en quelque sorte.
- Pour toi elle le sait, mais pas pour moi. Tu imagines, avant-hier elle apprend que sa fille unique est lesbienne, et aujourd'hui que son neveu préféré est gay. Tu réalises le choc ?
- Ouais, pas faux... 

Elle s'éloigne de moi et semble réfléchir. Elle fait plusieurs fois le tour du canapé en regardant soit le plafond, soit en feuilletant d'un sens à l'autre les pages de son bouquin. 

- Tu sais quoi ? On sait d'avance que cette soirée sera catastrophique. Je crois même que tous ceux qui seront présents, mis à part les parents, savent au fond d'eux-même que ce sera limite une scène chaotique. Alors si tu es d'accord, une fois que les parents seront parti, on fait en sorte d'oublier cette soirée et on fait une méga fête, avec musique, alcool, même si je sais que Fabien n'aime pas ça, je pense qu'on aura tous besoin d'un verre... Des chips, des bonbons, et surtout... Des ballons ! S'exclame-t-elle toute joyeuse.
- Des ballons ?
- Oui ! Fais moi confiance c'est une surprise ! Je vais aller faire quelques courses et je vais m'occuper de ça cet aprem. D'ailleurs ça te dérange pas si ma copine vient un peu plus tôt ? Elle pourra m'aider comme ça, ça ira plus vite parce que j'ai du boulot d'un coup. 

Étrangement son sourire joyeux commence davantage à me faire peur, mais elle s'y connait en soirée et d'après ma tante elle aime en organiser pour ses amis même si elle n'y reste pas longtemps. 

- Je crois que je n'ai pas vraiment le choix de toute façon alors va pour la soirée, mais je doute qu'on aura le c­œur à faire la fête tu sais...
- Justement, ça nous fera oublier cette soirée, puis c'est pas tous les jours qu'on fait son coming out à ses parents, alors même si ça se passe mal, il faut fêter cet évènement, et puis tu veux vraiment te rappeler de ce jour comme le pire jour de ta vie ? Tu n'aimerai pas te dire "ok ce jour là était le pire jour de ma vie, mais suite à ça on a fait une fête de fous, on a tous rigolé et on s'est tous amusé " ? Ce serai plus positif non ?

Après un long blanc de ma part et voyant le sourire de ma cousine devenir de plus en plus flippant tout en ayant le regard du Chat Potté, je ne peux faire autrement que d'accepter. 

- Super ! Laisse moi m'occuper de ça, tu verras, tu ne vas pas le regretter ! 

À peine sa phrase fini, elle vient claquer ses lèvres sur ma joue et part en trottinant dans sa chambre. Je l'adore, mais par moments elle me fait un peu peur, mais je pense que c'est une bonne chose puisque je tiens autant à elle.

- Ah au fait !

Je ne l'avais pas entendu revenir vers les escaliers.

- Oui ?
- J'aurai besoin de ta CB, ton code je le connais déjà. 

Elle venait de me dire cette phrase avec un sourire mi-angélique mi-satanique, avant de partir dans sa chambre et de s'y enfermer. Que me prépare-t-elle encore ?





Au regoubillonnement des chambriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant