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- Si c'est une plaisanterie elle est de très mauvais goût, dit ma mère.

- Non ce n'est pas une blague, et pour tout dire, Fabien n'est pas juste mon colocataire, on est ensemble lui et moi.

- Et comme le sujet est lancé, je suis moi aussi de la team LGBT, dit simplement Stéphy. Et Svetlana est ma petite amie. 

Tout le monde continue de manger, plus ou moins comme si de rien était, ou du moins comme si le spectacle que leur offre mes parents ne les surprend pas.

- PARDON !? C'est toi sale monstre qui les a contaminé ! 

-  Si je peux me permettre monsieur, l'homosexualité est une maladie contagieuse selon vous ? Dit calmement Fabien.

- Exactement ! S'offusque ma mère. Et c'est prouvé ! Les parasites comme vous sont de plus en plus nombreux et se multiplient pire que des microbes, vous êtes le virus de notre société actuelle. Et dire que vous arrivez à trouver du travail, les personnes qui embauchent des foutriquets comme vous sont irresponsables et agissent sans penser aux conséquences ! Les vermines de votre genre sont juste utiles pour servir de cobaye pour déterminer le voltage des chaises électriques, dommage que ça n'existe plus, ça ferai du ménage.

- À vous entendre il faudrait presque mettre tous les homosexuels dans des cages et les exploiter comme des rats de laboratoire, dit Thérèse peinée.

- Je vous rappelle que vous parlez aussi de Mélian, votre fils et de Stéphania, ma fille, vous ne trouv...

- Justement tu acceptes ça toi ? Je te pensais plus saine d'esprit. Tu me déçois. 

Après s'en être prit à ma tante, mon père se tourne vers moi, allé, serre les dents, ça risque de faire mal...

- Quant à toi ! Après tout ce qu'on a fait pour toi ! Toute ta vie nous t'avons nourris, soutenu ! Sans compter les sacrifices qu'on a dû faire pour payer tes études de littérature ! Et c'est comme ça que tu nous remercies ?!? En bouffant des queues ?!? J'ai honte d'être ton père ! En fait ce n'est pas Mathieu qui aurai dû mourir ce soir là mais toi ! Lui au moins il était normal ! Lui au moins il était mon fils ! Lui au moins il me rendait fier ! Pas comme toi ! Toi t'es qu'un sale pédé ! Un suceur de bites ! Un fornicateur sans vergogne ! Tu salis mon nom ! Tu n'es que déshonneur ! Ne viens plus me parler ! Tu n'es pas mon fils ! Tu n'es rien ! Qu'une erreur de la nature qui empoisonne la société ! 

- Tu n'as pas l'impression d'en faire trop papa ? Demande Teddy.

- Quoi ? Parce que toi aussi tu...

Je n'arrive plus à entendre les obscénités prononcées par mes parents, je suis comme dans un autre univers, un univers où règne seulement chaos, abîme, tel un cataclysme. Je ne vois plus rien de ce qui se passe actuellement autour de moi, seul un étrange brouhaha lointain, et quelques ombres floues semblant se mouvoir.

La sensation d'être prisonnier dans un cauchemar horrifiant. Que cela cesse. De plus en plus d'obscurs fantômes s'animent autour de moi. Que cela cesse. Je les entends. Que cela cesse ! Ils parlent. Mais à qui ? À moi ? "Vas-y me regarde pas comme ça ! Tafiole ! " ; "Vas te pendre espèce de tarlouze !" ; "J'ai rien contre toi, enfin tant que tu ne m'encules pas, j'ai pas envie qu'on me traite de petite fiotte." ; "Bouffeur de queues !" ; "Les relations homosexuelles sont contre-nature." ; "Tarlouze !" ; "Mon dieu, je n'ose même pas imaginer le traumatisme des parents." ; "Tu me fais honte !" ; "Je savais pas que tu traînais avec des pédés, tu en es pas un j'espère ?" ; "Tu es mort pour moi !" ; "Encore une pédale, on est envahi." ; "Tu mérites de brûler en enfer !" ; "T'es pédé et tu portes du rose ? Vas pas te plaindre si tu te fais tabasser dans une ruelle sombre." ; "Suceur de bites !" ; "Jamais je ne te tournerai le dos, j'ai pas envie que tu m'encules." ; "Sale pédé !". Que cela cesse !


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Fin du passage

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Un fracas ? Non. Un cri ? Je ne sais pas. Il fait si sombre. Tout résonne. Une voix. Une lumière. Cette voix. Une lumière vive. Je la connais. Elle m'appelle. Elle m'apaise. 

- Mélian ? Chéri, tu m'entends ?

Je bouge lentement ma tête et regarde autour de moi. Tout est si flou mais réel.

- Mélian ? Regarde moi.

Je me tourne vers cette voix. Tout devient plus net.

- Fa... Fabien ?

Il me prend tendrement dans ses bras, tandis que le repas me revient en mémoire. Le repas.

- Mes parents ? Que s'est-il passé ?

- Du calme mon frère. Tu n'as pas manqué grand chose. Tu as fait une sorte de black out. Pour résumé, papa et maman n'arrêtaient pas d'insulter tout le monde, on a tous essayé de les calmer, de les faire réaliser leur absurdité mais rien à faire. À la fin tatie leur a dit un magnifique "La seule honte qu'il y a dans votre famille c'est vous qui en êtes responsable. Rejeter votre enfant de la sorte n'est pas humain. Même les animaux ne rejetteraient jamais leur petit. C'est vous les monstres, c'est vous qui agissaient de façon contre-nature. Alors maintenant sortez d'ici. Si vous n'êtes pas capable de vous remettre en question et de comprendre ça, vous n'êtes plus les bienvenus ici." Puis ils sont partis. En ce qui me concerne, tant qu'ils ne se seront pas excusés, qu'ils n'espèrent pas avoir mon soutient sur la situation. Comme je t'ai dit plus tôt, je veux être là pour toi. 

- Je ne sais quoi répondre, merci Teddy.

Je regarde autour de moi, je suis sur le canapé, mi allongé, mon amant toujours à mes côtés, Teddy se dirigeant vers la cuisine pour retrouver Thérèse, quant à ma tante, Sthéphy et Svetlana, elles sont toutes trois assises sur la terrasse, à discuter.

- On savait que ça se passerai mal, dit mon chéri en me passant un gant frais  sur le front.

- Oui, mais je ne pensais pas autant.

- Je me doute. Pendant ton absence tu répétais "Que cela cesse." Tu nous entendais ?

- Je ne sais pas, je ne veux plus y penser, dis-je l'air ailleurs.

- Par contre ton père à cassé son assiette avant de partir, il n'a visiblement pas apprécié que ce soit préparé par un gay.

- Vous avez prit le dessert ?

- Non, on t'attendait. 

- Bon eh bien savourons au moins ce dernier.

Avec Fabien nous nous dirigeons vers la cuisine où se trouvent toujours Teddy et Thérèse, puis nous ramenons les desserts en terrasse.

La fin du repas se passe dans la bonne humeur, du moins en apparence. Tout le monde préfère éviter de revenir sur la calamité qui vient de se produire. Mais retrouver tous ces visages souriants, heureux d'être ici, et acceptés, mets du baume au cœur. 

À la fin du repas, et voyant qu'il est presque vingt-et-une heure, ma tante décide de rentrer chez elle pour se reposer. Quand à nous, la soirée ne fait que commencer.

Au regoubillonnement des chambriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant