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Le regard de Teddy croise le mien, tous les souvenirs, toute la douleur remonte d'un seul coup à la surface.

Non, je ne peux pas, pas maintenant. Sans m'en rendre compte j'ai de plus en plus de mal à respirer, je suis comme paralysée, comme si tout autour de moi venait de s'arrêter et de s'effondrer.

- Thérèse regarde moi ! Regarde moi Thérèse !

Des larmes commencent à couler le long de mes joues, je distingue la voix de Fabien à mes côtés, je n'avais même pas remarqué qu'il avait lâché Garfield et s'était rapproché de moi.

Ma vue se trouble à cause de mes larmes, je commence à être prise de nausée. Je sens mon corps tout entier être prit de tremblement. J'arrive pas à me calmer.

Je reconnais malheureusement cette sensation, je faisais régulièrement ce genre de crise après mon accident. Mon médecin m'avait prescrit des calmants, ces crises d'angoisse s'étaient calmées au bout de plusieurs mois.

Cela fait à peine un mois que je suis totalement sevrée, mais je n'ai aucun calmant sous la main et rien pour réussir à me calmer.

Je distingue désormais quatre silhouettes autour de moi, mais je suis toujours incapable de savoir qui est qui, ni même ce qu'elles disent. Je suis comme dans un état second. Mon dieu faites que ça s'arrête hurlé-je intérieurement.

Une des silhouettes s'avance davantage vers moi, je sens deux autres mains me toucher, ne faisant qu'accentuer mes tremblements, ma crise d'angoisse augmente de plus en plus puis désormais je ne sens plus que deux mains sur moi et enfin deux bras me serrant fort.

Petit à petit mes tremblements diminuent. Je peux mieux sentir la position des bras contre mon corps. Un bras se situe dans le bas de mon dos, tandis que l'autre est au niveau de mes omoplates, une main derrière ma tête maintenant celle-ci contre le torse de la personne qui me tient.

Ma respiration se fait de plus en plus régulière, je peux désormais entendre un léger son.

- Chuuuut.... Chuuuut...

Mes muscles se détendent, je reprends doucement possession de mes moyens, mes yeux sont toujours embués, je les ferme puis me blottie un peu plus contre la personne collée à moi.

Sa présence m'apaise, mes nausées ont complètement disparues, et mes larmes cessent de couler.

De fatigue, je suppose, je sens mes jambes devenir comme du coton et soudain le trou noir.

À mon réveil je sens une main me caresser doucement les cheveux, ainsi qu'une main dans la mienne.

J'ouvre les yeux puis remarque que ma tête repose sur les cuisses d'une personne. Un homme.

Il me faut quelques secondes pour émerger totalement. Je commence à bouger puis entends faiblement.

- Reste calme, tout va bien.

Cette voix. Ce pantalon noir. Cette fois c'est sûr. Teddy. Mon cœur s'accélère malgré moi, mais je n'ose pas bouger, ni le regarder.

- Ne te sauve pas, je t'en pris, reste encore un peu ainsi, près de moi.

Sa main me caresse toujours les cheveux, ce qui est très reposant je dois l'avouer. Il continue de me parler en murmurant, je ferme lentement les yeux pour profiter pleinement de ses caresses qui m'avaient manquées malgré le fait que je veuille me sauver.

- Je suis désolé pour tout ce que j'ai pu te dire, tout ce que j'ai pu te faire. J'imagine qu'après ton accident tu devais être vraiment mal. Tu sais, il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à toi et...

Il pose sa main sur la mienne, que j'avais inconsciemment posé sur mon ventre.

- Normalement dans un peu moins d'un mois on aurai dû devenir parent. Et au fond de moi, ne pas m'occuper de vous me manque.

Je réalise que je tiens toujours sa main dans la mienne, alors je la lui serre légèrement. Lui aussi m'a manquée et finalement sa présence à mes côtés me fait du bien, je crois.

J'entends des pas se rapprocher puis murmurer.

- Alors ? Elle s'est réveillée ?

Je reconnais la voix de Fabien. J'ouvre les yeux et tourne lentement ma tête vers lui.

- Eh bien, tu nous as fait une belle frayeur tout à l'heure. Comment tu te sens ?
- Mieux merci, et désolée pour tout à l'heure, c'est juste que tous les souvenirs sont revenus d'un coup et j'ai paniqué.
- C'est en me voyant que tu as eu ta crise, je me trompe ? Me demande Teddy tout hésitant.

Je le regarde gênée puis fait non de la tête, honteuse.

- Mais c'est dans ses bras que tu t'es immédiatement calmée, me dit doucement mon meilleur ami.

Je lève instantanément ma tête vers Fabien pour voir s'il est sérieux, celui-ci approuve d'un léger sourire et d'un hochement de tête. Je regarde ensuite Teddy qui semble soucieux.

- Quand je t'ai vu dans cet état j'ai eu peur, je ne savais plus ce que je faisais, si c'était bien ou mal, juste je ne pouvais pas te laisser ainsi, alors je t'ai prise dans mes bras et t'ai serrée fort contre moi. Tu t'es calmée puis tu as perdu connaissance.
- Oui, tu nous as fait une belle peur, dit Mélian en s'approchant de nous avec Garfield dans les bras.

Je souris en voyant mon matou en pleine forme. Il doit me reconnaître puisqu'il saute sur le canapé, au grand désespoir de Mélian.

- Non pas sur le canapé ! Garfield... Pfff...
- Mais il n'est pas sur le canapé il est sur mes jambes, dis-je pour le défendre.
- Oui et avant il a posé ses grosses pattes sur mon canapé.
- "Ses grosses pattes" tu entends ça mon beau ? Comme si tu était un gros nounours oh... Il est méchant tonton Mélian...
- Meow.

Suite à la réponse de mon chat tout le monde éclate de rire, ce qui, au passage, vexe légèrement le principal intéressé.

- Ne t'en fais pas mon grand je te donnerai des friandises.

À ces mots le rouquin fait demi-tour et vient se mettre sur les genoux de Teddy. Quand on dit que les animaux comprennent tout, ce n'est pas un mensonge.

- Au fait Teddy, que fais-tu là ? Tu savais que j'étais là ?
- Non du tout, j'étais juste passé pour proposer à Stéphania de faire un peu le tour des boutiques pour se changer les idées mais le programme à changé, de plus elle n'était pas intéressée par ma proposition.
- Oh d'accord.

Je caresse mon chat, lui aussi m'a énormément manquée. En réalité je suis heureuse d'être là et comme l'a dit Mélian ce matin, ''Pour retirer un pansement on n'est jamais prêt, pourtant faut le faire'' il avait raison.

Ça fait mal sur le coup mais on peut enfin voir que la plaie est cicatrisée, même si parfois il peut rester une marque, celle-ci est juste la preuve de notre force à surmonter les épreuves du temps. Et ça fait du bien de voir qu'on est plus fort qu'on pourrait le penser.

Toutes les blessures peuvent être soignées et guéries. Il suffit de laisser le temps panser les plaies. Les traces visibles ne sont que des souvenirs pour ne pas oublier notre force intérieur, et les combats qu'on a déjà mené et gagné.

Et rien ni personne ne peut nous enlever ça. Nous avons tous une histoire, un passé, plus ou moins douloureux, mais ça n'en reste pas moins notre vécu, car sans ses blessures nous serions incapable de nous forger notre caractère, notre identité et nous serions incapable d'être qui nous sommes au fond de nous.

La bonne humeur règne dans la pièce quand le téléphone de Mélian annonce une notification. Il regarde donc son smartphone puis soupire.

- C'est pas vrai...
- Que se passe-t-il ? S'inquiète Teddy.
- Nos parents vont encore passer en fin d'après-midi.
- Je vais rester dans ce cas, ça les calmera peut-être puis au moins ils auront pas à venir me voir pour me raconter tout en détail.
- Mouais, j'ai hâte qu'ils arrivent, soupire ironiquement Mélian.

Au regoubillonnement des chambriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant