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Vers dix-neuf heures trente, on sonne à la porte. Sans surprise, en ouvrant la porte je vois mon frère.

- Alors comme ça tu fais encore des misères aux parents.
- Comme toujours, si ce n'est pas sur le sujet de l'homosexualité c'est par rapport à la cuisson du poulet ou sur le nouveau parfum que je mets. Tu as toujours été vu comme l'enfant parfait de toute façon.
- Parce que je le suis, dit-il sérieusement.
- C'est bien connu, dis-je en lui faisant un clin d'œil. Allez entre.

Je m'écarte afin de le laisser passer. Nous nous dirigeons vers la terrasse et nous y installons. Fabien ne tarde pas à nous rejoindre.

- Salut, ça y est on t'a retiré ton plâtre ?
- Salut, oui, il était temps. Ça va ?
- Oui, ça peut aller... Dit faiblement Fabien.
- Tu as des nouvelles de Thérèse ?
- Oui... Elle va bien...

Fabien arrivera peut-être à convaincre Teddy, mais ce n'est pas ce que j'ai entendu l'autre jour au téléphone. Écouter aux portes n'est pas très bien mais je m'inquiétais, Teddy est assez réservé sur ce sujet.

- Elle s'est remise de... Son accident ?
- Elle dit que oui, réponds Fabien, mais je ne sais pas quoi en penser honnêtement.
- La prochaine fois que vous discutez, dis lui qu'elle me manque.
- Elle nous manque à tous, dis-je faiblement.

Après quelques secondes où personne n'ose parler, je décide de briser le silence.

- Et si on mettait un peu de musique ?
Les musiques défilent, passant de Wake me up de Aviicii à Jeune et con de Saez, sans oublier The Police avec Can't stand losing you.

Le repas se déroule dans le calme. Bien évidemment on a évité de discuter de nouveau de Thérèse ou même de nos parents.

Cependant j'ai tout de même pu remarquer quelque chose. Teddy a toujours des sentiments pour Thérèse, son regard était voilé durant tout le repas, puis depuis qu'elle est parti il porte toujours la même cravate, même pour venir me voir et ce n'est vraiment pas dans ses habitudes. J'ignore pourquoi il fait ça désormais.

Mon frère et mon amant discutent dans le jardin pendant que je fais la vaisselle, quand des coups se font entendre à la porte. Je n'attends plus personne, j'espère que ce ne sont pas encore mes parents qui viennent me faire la leçon. Je me dirige vers l'entrée et ouvre la porte.

- Salut cousin...
- Stephy ? Mais... T'as vu l'heure ?

Stéphania est ma cousine et est à peine majeure. Elle vit encore chez ses parents, sa mère est la sœur de mon père. Mais elle est plus qu'une cousine pour moi, elle est ma meilleure amie, ma confidente. C'est à elle que j'ai avoué la première fois que j'étais plus branché mec, même si je n'ai pas eu besoin de le lui dire grand chose.

Un jour dans la rue alors qu'on revenait d'une séance de cinéma, on a croisé un couple de lesbiennes s'embrasser. Elle avait sourit et m'avait demandé si un jour on serai aussi heureux qu'elles l'étaient. Je lui ai demandé ce qu'elle aurai pensé si elle aurait vu un couple de gay faire pareil, ce à quoi elle m'avait répondu ''Le plus important c'est que tu sois heureux. Personne ne peut l'être à ta place et se battre pour son bonheur est une merveilleuse raison de se lever le matin.'' Ses mots résonnent encore dans ma tête, elle avait comprit qui j'étais réellement. Mais elle ne cessait pas de m'aimer malgré tout, au contraire j'ai l'impression que cela nous a rapproché, comme si elle voulait me faire comprendre que malgré les difficultés, les obstacles, elle serai toujours là pour croire en moi et m'épauler. Elle est peut-être plus jeune que moi mais elle fait preuve d'une grande maturité.

- Merci pour l'accueil... Dit-elle en entrant et s'installant.
- Fais comme chez toi... D'ailleurs en parlant de chez toi, tes parents savent que tu es là ?
- Regarde...

Elle me lance son téléphone que j'arrive à réceptionner par miracle. Ok, elle n'est pas d'humeur. Je déverrouille son téléphone et vois plusieurs appels manqués, et plusieurs messages de ses parents lui demandant où elle est, et lui disant de rentrer immédiatement chez elle. Ce qui apparemment ne fait pas parti de son programme.

- Il s'est passé quoi ?
- Je voulais te le dire depuis un moment mais depuis quelques temps tu es toujours occupé, entre ton déménagement, ton copain... Bref... J'ai rencontré une fille.
- Mais c'est super, dis-je en souriant.
- Ouais, mais on s'est vu tout à l'heure. On est allé boire un verre, puis on s'est baladé. Mes parents étaient à la maison alors je ne m'inquiétais pas tant que ça. Nous nous sommes calées dans un parc et... Nous nous sommes embrassées croyant qu'il y avait personne. Sauf qu'une amie de ma mère m'a vu et m'a reconnue. Dit-elle avant de sangloter.
- Que se passe-t-il ici ? Intervient Fabien qui vient de rentrer avec Teddy. Bonsoir Stéphania, adresse-t-il à ma cousine.
- Stéphania ? Tout va bien ?
- Oui ça va, vous pouvez... Dis-je en leur faisant signe de nous laisser seuls.

Teddy me fait un signe de la tête et ressort, suivi de Fabien. Pour l'instant je suis le seul de la famille qui soit au courant de son orientation sexuelle. Je pense que Teddy s'en doute un peu mais j'ai promis à Stéphania de ne rien dire à qui que ce soit.

- C'est bon ma belle, on est seul. Et... Je suppose que cette amie l'a dit à ta mère.

Ses sanglots redoublent et elle se jette dans mes bras. Ses parents partagent plus ou moins le même avis que les miens vis-à-vis de l'homosexualité, mais restent tout de même moins strictes, tant que ça ne concerne pas leur propre enfant je suppose.

- Écoute, tu es la bienvenue ici, tu le sais, tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites. Je comprends que tu ne veuilles pas parler à tes parents pour l'instant, mais je dois tout de même les prévenir que tu es ici. Alors fais comme chez toi ok ? Si tu as faim, soif sers toi, n'hésite pas, si tu veux prendre une douche il n'y a pas de problème, je vais demander à Fabien de préparer la chambre d'ami et tu pourras te reposer si tu veux, d'accord ?

Elle bouge doucement sa tête en étant toujours contre moi. Je lui caresse le dos pour la réconforter. Quelques minutes plus tard elle s'écarte doucement de moi.

- Tu veux boire quelque chose ?
- T'as du jus d'orange ?

Je lui fais un clin d'œil et me lève pour aller lui en chercher un verre. Je le lui ramène et vais voir Fabien.

- Qu'est-ce qu'elle a ? Demande Teddy.
- Je ne peux rien te dire... Dis-je gêné.
- Je comprends, je suis là si elle a besoin en tout cas, même si t'es son chouchou, elle reste ma cousine aussi, je tiens à elle et j'aime pas la voir ainsi.
- Je sais, elle va rester ici quelque temps... Bébé ? Tu peux aller préparer la chambre d'ami s'il te plaît ? Je dois prévenir ses parents qu'elle est là.
- Oui, pas de soucis, dit-il en avant de s'éloigner vers l'étage.
- Ça ira avec ses parents ?
- Oui, ne t'en fais pas.
- Ok. Je vais aller la voir.

Je lui fais un signe de la tête puis appelle ma tante.

Au regoubillonnement des chambriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant