Allez, fais ta magie !
Je grimaçai à l'image que me renvoyait mon miroir. Psyché et les soirées, c'était une histoire de haine et d'amour entremêlés. Pour preuve, j'en avais mes cernes violet foncé et les restes de mascara que je n'avais pas réussis à enlever hier qui barbouillaient le contour de mes yeux de noir. Je faisais plus zombie que jeune fille épanouie, et la léthargie que le manque de sommeil me causait n'aidait pas.
Je me frottai les yeux de mes poings. Mince, ils étaient noirs eux aussi, maintenant.
La porte de ma chambre s'ouvrit à la volée. Cydippe se tenait là, les cheveux en pagaille.
— Allez ma grande ! On se bouge ! Petit déjeuner ! Allez, allez !
Elle tapa des mains en rythme, réplique miniature d'un chef d'armée. Elle en avait le caractère, parfois...
Sans plus de cérémonie, elle claqua la porte. Ses pas furieux résonnaient dans toute la maison alors qu'elle s'éloignait.
Je soupirai et attrapai un coton pour finir de me débarbouiller.
Je lançai un dernier regard à mon reflet. Là, c'était mieux.
En bas, tout le monde était attablé. C'était bien un truc de notre famille, ça. Passer les petits-déjeuners ensemble, qu'il vente ou qu'il neige. Maladie, flemme ou dispute, rien ne pouvait interrompre ce rituel. Ça nous fera tout drôle quand Aglaure partira. Elle en était déjà à sa dernière année de Master de psychologie. Si on avait pu trouver des universités à proximité jusque-là, rien n'était moins sûr pour ses offres d'emploi... elle voulait un appartement à elle, de toute façon. À vingt-trois ans, elle en avait assez de vivre à la maison.
Je tirai une chaise – ma place – et m'assis.
Alors que je tartinais mon pain avec de la confiture, mon père m'appuya sur les côtes avec son coude.
— Alors ? demanda-t-il, haussant les sourcils de façon suggestive. C'était comment, hier soir ?
Je me pinçai les lèvres, essayant à tout prix de ne pas rougir en me rappelant la veille.
— C'était... bien.
Cydippe ricana.
— « Bien » ? C'est tout ? Tu ne m'as toujours pas raconté ce que tu es allée faire en allant dans les fourr...
— Et toi, alors ? la coupai-je, un peu trop vite pour ne pas être suspicieuse. Comment ça s'est passé avec tous tes prétendants ?
Son sourire fit trois fois le tour de sa tête. Ça, c'était un sujet qui lui plaisait. La technique ultime pour faire diversion.
— Moi, oh... Il y en avait quelques-uns qui me tournaient autour, mais ils ne m'intéressaient pas. Après, il y a eu le vieux dégueulasse, mais ça, c'est une autre histoire.
Elle plissa le nez de dégoût en se remémorant le souvenir. Elle reprit :
— Mais tu sais, c'est un peu comme ce que les gens disent à propos de l'arc-en-ciel derrière les nuages. Tout ça, c'était des nuages... et un bon gros nuage noir. Mais après... !
Aglaure haussa un sourcil.
— Quoi ? Tu as trouvé l'amour ?
— Ah, ah. Ne ris pas. Peut-être. On ne sait jamais. Et tu peux parler avec tes exploits boutonneux à toi. Non, j'ai trouvé quelqu'un de... très gentil. Il me regardait dans les yeux quand il me parlait. Très respectueux. En fait, il m'a même donné son numéro...
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Psyché
FantasyPlongez dans le monde des dieux et des nymphes, des sorts et de l'ambroisie, où les coups se font dans le dos et où le mensonge règne en maître... Le tout dans une réécriture moderne du mythe gréco-romain d'Éros et Psyché ! "Vous connaissez sans dou...