Premier Jour
Dans les livres, les personnages se réveillaient toujours en panique en ne reconnaissant pas leur environnement, avant de se rappeler qu'ils n'étaient pas chez eux et que la situation était, eh bien, tout à fait normale. Je ressentis une pointe de déception en y pensant. C'était surfait ; je savais exactement où j'étais avant même de reprendre pleinement conscience.
Un chant d'oiseaux fut ce qui me sortit de mes songes. C'était agréable, plus que le bruit du camion-benne à six heures du matin en tout cas. Je gardai les yeux fermés un moment, appréciative. Tout était calme, j'étais seule, j'aimais ça.
Malheureusement, ça ne durerait pas. Bientôt, j'allais me lever et des serviteurs invisibles viendraient me coller aux basques toute la divine journée, et puis j'irais me coucher et je ne serais toujours pas seule.
J'ouvris les yeux en faisant la moue. Ça y était, je venais de me gâcher le moment avec une seule pensée parasite. Je poussai hargneusement les couvertures et filai dans la salle de bain, où je me préparai pour la journée à venir.
Aussitôt que j'eus mis un pied en-dehors de ma chambre, je sentis une présence à mes côtés, qui me toucha doucement le bras.
Bonjour, Dame Psyché. Avez-vous passé une agréable nuit ?
Je me retins de rouler des yeux. À quoi s'attendaient-ils ? J'avais été kidnappée. Ma nuit avait été courte, pleine de pensées et d'angoisses. Mon sommeil ne devait pas avoir duré plus de cinq heures.
Je me contentai de hocher de la tête, politesse oblige.
— Alors, cette visite...?
Le plus vite j'en aurai fini avec ça, le plus vite je pourrai être seule. Sans oublier l'intérêt de connaître l'agencement du domaine.
Les voix me firent faire le tour du premier étage assez vite : dans l'aile où se situait ma chambre se trouvaient toutes les chambres d'amis. Il n'y avait pas grand-chose à voir. C'était semblable à ce que j'avais, balcon en moins parfois. En face des grands escaliers menant au hall par lequel j'étais entrée hier, il y avait une immense bibliothèque, puis un salon rempli d'instruments de musiques et de fauteuils à l'air extrêmement moelleux. Je ne pus aller plus loin : l'aile droite était un endroit privé pour Môsieur mon pas-tant-mari-que-ça-finalement-d'après-notre-conversation-d'hier-soir. Les serviteurs invisibles ne me spécifièrent pas que j'avais l'interdiction d'y aller, mais je le compris à la façon dont ils me donnèrent une description vague de l'endroit sans m'y amener.
Ensuite vint le rez-de-chaussée : à gauche du hall d'entrée, une salle énorme en marbre, que j'imaginais parfaite pour les réceptions. Elle me rappelait la salle de bal du film Anastasia, dans un style plus italien, avec colonnes et marbre blanc partout. De là, je fus guidée jusque dans un couloir qui devait être juste en-dessous de celui qui menait à mes appartements. Il y avait là d'autres chambres d'amis, qui s'étendaient d'un côté à l'autre du palace. Dans l'aile droite se trouvaient une grande salle à manger, avec d'immense tables en bois massif, une plus petite et cosy, sûrement réservée à un usage quotidien, et enfin une cuisine digne d'un restaurant cinq étoiles.
Une heure devait bien s'être écoulée depuis le début de la visite. Au moment où je fus guidée jusqu'à l'extérieur, j'avais les chevilles en compote et le dos en miette.
... Ici, vous trouverez une piscine. Elle est chauffée et couverte l'hiver habituellement, mais on peut allumer le chauffage maintenant si la température ne vous convient pas. Vous avez des transats dans le cabanon juste là. Ne vous embêtez pas à les ramener après les avoir utilisés, nous nous en occuperons pour vous.
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Psyché
FantasiaPlongez dans le monde des dieux et des nymphes, des sorts et de l'ambroisie, où les coups se font dans le dos et où le mensonge règne en maître... Le tout dans une réécriture moderne du mythe gréco-romain d'Éros et Psyché ! "Vous connaissez sans dou...