Épilogue

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J'écoutais les battements de cœur d'Éros, la tête posée sur son torse. Ses bras m'entouraient, nos jambes s'entremêlaient. Il avait replié une couverture autour de nous, nous protégeant du froid de la nuit. Ce n'était pas vraiment nécessaire, avec ses ailes immenses, mais il avait insisté pour ne pas les utiliser. Il me semblait qu'il était timide, et qu'il avait toujours plus ou moins peur de me faire fuir avec ses attributs étranges de dieu. À tort, bien entendu ; après ce que j'avais vécu, ce ne seraient pas quelques plumes qui me feraient peur. Mais il était important de lui laisser à lui aussi le temps de s'adapter à moi, et s'il était plus à l'aise à jouer encore un peu l'humain en ma présence, alors je le laisserai faire. À vrai dire, il y avait même inversion des rôles, maintenant que je devais m'habituer à mon corps de déesse. Mais je ne m'en faisais pas. Les étoiles brillaient au-dessus de nos têtes, le monde continuait de tourner. Un tableau idyllique, que rien ne venait troubler. Les jours sombres étaient derrière nous. J'inspirai, le doux parfum d'Éros venant chatouiller mes narines.

— Comment tu fais pour toujours sentir aussi bon ?

Ma voix était rauque de ne pas avoir été utilisée pendant un moment. Éros pouffa et s'appuya sur l'un de ses coudes. Il avait fait apparaître une rose dans ses mains, qu'il me proposait.

— Il y a un parterre de fleurs un peu plus haut, derrière la forêt.

Je saisis la rose d'un rouge profond qui ne m'était pas inconnu, humant discrètement. Cela expliquait beaucoup de choses, effectivement. J'étais surprise. À force de me balader sur le domaine, j'aurais pensé le connaître assez bien. Jusqu'où s'étendait-il ?

— Celle à ma fenêtre, c'était toi ?

Le souvenir semblait remonter d'une autre vie, à un point où je n'avais plus l'impression de l'avoir vécu. J'avais été paniquée, ce jour-là. La rose reposait sûrement toujours au fond d'un de mes tiroirs, desséchée par le temps. Peut-être maman l'avait-elle trouvée et retirée.

Quelques mois plus tôt, cette pensée m'aurait agacée. Aujourd'hui, je me fichais bien qu'elle fouille dans ma chambre. Le recul venait peut-être de ma nouvelle condition divine, ou alors des aventures que j'avais vécues, je n'étais pas très sûre. L'une ou l'autre de ces propositions, en tout cas, un problème comme celui-ci me semblait bien insignifiant, maintenant.

Éros acquiesça, faisant vibrer son torse contre ma joue. Je retins un soupir de contentement. Cette position était devenue l'une de mes préférées.

— Je venais pour Aphrodite. Lorsque je t'ai reconnue, j'ai voulu te laisser quelque chose. Au fond, j'avais un petit espoir que tu me reconnaîtrais grâce à cette rose et son odeur, après avoir été si près de moi pendant le bal.

Je ris doucement.

— Je n'avais pas encore les sens d'une déesse, à ce moment-là.

Il promena ses lèvres sur mon front, puis sur mes pommettes et mon nez. Le doré intense de ses yeux rencontra le mien.

— Quand est-ce que je vais pouvoir rencontrer tes parents, déjà ?

Mes doigts parcoururent son visage, émerveillés par la douceur de sa peau, la fermeté de sa mâchoire et la courbure de son nez. Le battement de ses cils chatouilla mon épiderme. Oui, cela ne me dérangeait pas si cette féérie durait encore quelques milliers d'années.

— Demain. Je te les présente demain.




Hey ! Bravo et merci, vous avez atteint la fin de ce roman. Si vous avez toujours quelques questions par rapport à l'intrigue ou aux personnages, laissez-les moi ici, je répondrai à une FAQ sur la prochaine partie. ^^

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