Chapitre 12

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Ring ding dong

S'il y avait bien une chose que ma dernière expérience m'avait apprise, c'était que je ne pouvais compter sur personne à part moi-même ici et que de tous, mon ravisseur était le plus à même de vouloir m'aider... en oubliant les voix. Mais on ne pouvait même pas vraiment les considérer comme des êtres à part entière, capables de pensées profondes, donc on pouvait les mettre de côté dès le départ lorsque mes requêtes étaient d'ordre sentimental.

En fait, plus j'y pensais et plus je me disais que mon hôte avait tout d'une bonne personne, si on mettait de côté les premières impressions. Il était gentil, attentionné, à l'écoute, généreux et me faisait assez confiance pour me laisser vagabonder à ma guise dans sa demeure lorsqu'il n'était pas là. Il m'avait peut-être enlevée, mais il affirmait l'avoir fait sous la pression et non par choix, et pour nous protéger tous les deux. Lui-même n'avait rien du kidnappeur !

Cette pensée me réconfortait autant qu'elle me filait le cafard. Après tout, je venais de me rendre compte que je ne pouvais me fier ici qu'à une personne, qui au passage était hyper secrète et même si bienveillante, peu impliquée au final. Avec cet homme-monstre-qu'importe, j'avais toujours l'impression de ne voir que la surface d'un lac bien trop profond, impossible à percer à jour. Il n'était pas un confident, pas quelqu'un en qui je pouvais avoir une totale confiance et me reposer, et encore moins une épaule sur laquelle pleurer. Je ne doutais pas qu'il accepterait de le faire si je lui demandais, mais j'étais totalement contre l'idée. Ça ne se faisait qu'avec des amis ou de la famille proche et il ne l'était définitivement pas.

Du coup, forcément, je ressentais un manque. J'avais besoin de parler à mes sœurs. C'était vital, ou sinon j'allais devenir folle. Je le sentais, et ça m'inquiétait horriblement. Quitte à passer le reste de ma vie ici – oui, je préférais envisager le pire des cas –, je préférais le faire avec toute ma santé mentale.

Pour peut-être la vingtième fois depuis que j'étais arrivée ici, je me maudis pour avoir oublié mon téléphone. Avec un peu de chance, on m'aurait laissée l'avoir et j'aurais pu communiquer avec le monde extérieur, même sous certaines contraintes.

Cela faisait huit jours que j'étais enfermée ici, j'avais l'impression que c'en était cent.

À ce rythme, j'allais dépérir.

C'est cette réalisation qui me poussa à confronter mon hôte, le soir-même. J'avais demandé aux serviteurs invisibles de faire passer le message. Requête qui avait été menée à bien, puisqu'il se trouvait en face de moi en ce moment-même – enfin, je supposais qu'il était en face de moi, c'était difficile à dire dans le noir complet.

— Je pensais que tu me bouderais pour toujours. Bonsoir Psyché.

Il était heureux. Ça s'entendait dans son ton guilleret et ses pas posés alors qu'il tirait un chaise pour s'y asseoir. Il était complètement relaxé, et il en poussa un soupir de bien-être. Je manquai d'en rire. Je lui avais fait peur, au vautour sanguinaire dont parlait la prophétie ? En menaçant de ne plus le voir ? C'était presque adorable. Presque.

Je souris en coin.

— Ça aurait fini par être ardu, en vivant sous le même toit.

Je m'installai confortablement sur le bord de mon lit, l'air de rien.

— En fait, j'ai une requête dont j'aimerais te faire part...

— J'aurais dû me douter que tu ne m'appellerais pas juste pour le plaisir de me voir... Vas-y, je t'écoute ?

Il avait pris un air soupçonneux. J'étais presque désolée de briser ses espoirs.

— Eh bien, tu vois, tu as une grande maison.

PsychéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant