⌜𝚍𝚒𝚡-𝚜𝚎𝚙𝚝⌟

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Bonne lecture !

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Harry baisse les yeux sur ses mains pleines de terre et de coupures. Ça pique un peu, à force, mais en vérité ce n'est pas si embêtant : le temps commence à se réchauffer, sa peau frissonne, et sa magie le force à entendre chaque page que Draco tourne, derrière lui.

Un petit coup d'œil en arrière, et il le voit sur son transat, une couverture sur les épaules et un magazine sorcier devant les yeux. Il ne s'est pas coiffé ce matin, depuis qu'ils sont sortis de la salle de bain, qu'ils ont déjeuné en regardant une émission étrangement intéressante, et qu'Harry a insisté pour sortir prendre l'air.

Il ne peut pas aller trop loin, il boite encore, il s'essouffle facilement, mais en attendant sa commande est arrivée comme prévu et il a eu envie de planter toutes ses belles fleurs.

Les autres se sont fait dévorer par une plante cannibale, apparemment, mais personne ne l'avait prévenu. Il en remet, mais évite celle qui a un nom latin et une photo avec des dents.

Le dos plein de sueur, il se redresse. Il lui reste une bonne dizaine de pots à mettre en terre.

— C'est comme ça qu'il se repose ?

Harry sursaute presque en entendant Hermione.

Toujours avec son épais manteau, elle descend les quelques marches depuis la terrasse jusqu'au jardin et plisse les yeux en avisant le léger t-shirt d'Harry, ses genoux humides et ses mains sales. Elle se tourne vers Draco qui relève ses lunettes de soleil.

— Je maîtrise, t'en fais pas.

Il lui offre un sourire, mais les yeux d'Hermione n'ont pas l'air ravis.

— Tu es allongé sur un transat, Malfoy. Et lui il patauge dans la boue alors que sa fièvre est tombée il y a à peine deux jours.

Hermione a toujours un don pour tout dramatiser, alors Draco et Harry échangent un regard depuis chaque extrémité du jardin, et haussent les épaules.

— Il voulait planter ses fleurs. Tu veux que je lui dise non ? Non, Harry, ne plante pas tes fleurs ? Sérieusement ?

— Je m'en fiche, Draco. Il ne devrait pas être en train de se rouler dans l'herbe en t-shirt, il fait à peine dix degrés dehors.

— Bien sûr, maman. Je lui dirais.

Hermione attrape sa baguette avant que Draco ne puisse réagir, et brûle son magazine d'un mouvement du poignet et d'un murmure à peine audible. Elle relève le menton, et renifle avec irritation, tandis que Draco la fixe avec la mâchoire décrochée.

— Vous êtes de gros gamins, tous les deux. Je devrais vous engager une nourrice.

Elle s'avance, dans ses boites à talons fins, et arrive à la hauteur d'Harry à peine quelques secondes plus tard. Finalement, Draco semble amusé et regarde le tas de cendres sur son pantalon avec des yeux impressionnés.

Harry lui sourit. Avec le calme d'un lac et des yeux aussi clairs que de l'eau.

— Tu vas vraiment mieux ?

— Je me sentais fatigué, ce matin. Mais ça va mieux.

Draco crie depuis l'autre bout du jardin :

— Il voulait aller faire un tour sur le terrain de Quidditch du quartier, si jamais tu veux brûler son balai aussi !

Harry pouffe, mais Hermione n'a pas l'air de trouver ça drôle. Les potions qu'il prend depuis son retour de l'hôpital le rendent gai et guilleret, et parfois il a juste envie de s'allonger dans l'herbe, de planter des fleurs, ou d'embrasser Draco.

Il est fatigué, son corps l'est, mais son esprit ne s'est jamais senti aussi libre : il a attendu une semaine, immobile dans un lit blanc et dans une chambre vide, avant d'annoncer à Blaise qu'il allait donner sa démission à sa sortie.

Il l'a fait, et il se sent mieux.

— Je pourrais le faire, dit Hermione. Je pourrais brûler ton balai, Harry.

— Tu ne vas pas le faire. Tu es trop gentille.

— Je le suis, c'est certain. Parce que le médecin t'a ordonné de rester tranquille pendant au moins trois semaines de plus, et que je ne suis pas en train de te ramener dans sa chambre par la peau du cul.

Harry a fait un rêve, en s'endormant dans le canapé la veille au soir. La seconde d'avant ses yeux se trouvaient sur l'écran de la TV, et sa tête sur l'épaule de Draco, et celle d'après il prenait l'avion avec lui pour aller manger des pâtes en Italie.

C'est stupide, mais ça a l'air bien.

— Il me l'a conseillé, en fait. Il n'y a que toi et Draco pour m'ordonner des trucs, je suis Harry Potter. Mais je t'assure que ça va. J'ai bientôt fini.

C'est un peu faux, mais Hermione ne fait pas de jardinage. Elle écrit des livres ennuyeux, et passe ses journées à faire des recherches sur des sujets barbants. Et elle passe voir ses deux meilleurs amis pour leur tirer les oreilles, une fois de temps en temps.

Il sourit à nouveau. Elle finit par soupirer.

— Je t'ai apporté des fruits. Des fruits et des potions, que j'ai faites moi-même. Pas plus d'une pas jour, par contre mange autant de fruits que tu veux.

Elle observe ses clavicules, les os de son visage, et semble satisfaite de voir qu'Harry reprend un peu de poids. Son corps lui fait mal, il a de la fièvre de temps en temps, sa magie essaye encore de faire exploser la TV, mais il mange et dort et reprend des forces.

Draco les regarde.

— D'accord. Merci, Hermione.

Harry la regarde dans les yeux. Pendant si longtemps qu'elle finit par comprendre que ce n'est pas seulement pour les fruits et les potions : merci pour tout.

Il renfile. Il commence à faire froid. Il ne bouge plus vraiment. Ses jambes s'engourdissent.

— Hermione ?

Elle est sur le point de repartir, mais s'arrête pour lui lancer un coup d'œil.

— On va sûrement partir, dit-il, et même s'ils n'ont encore rien dit, rien décidé, Harry en est presque sûr.

Il se sent prêt. Draco relève la tête. Leurs magies se frôlent.

— Je sais pas pour combien de temps, ou encore où, mais on va partir.

Harry lui dit, car c'est Hermione et qu'elle a le droit de savoir. Elle a le doit de savoir qu'ils la laisseront seule dans peu de temps. Mais à sa grande surprise, elle sourit.

— Je sais, Harry. Je me doute.

Il ne demande pas comment, ni pourquoi ; il se contente d'observer son visage, de voir qu'elle n'est pas triste, et la culpabilité s'en va. Ses épaules se font plus légères. Ses fleurs attentent encore d'être plantées.

Il hoche la tête, elle dit au revoir, et ils sont à nouveau tous les deux. Leurs regards se croisent.

— Je vais quand même aller faire un tour sur le terrain de Quiddich ce soir, lui apprend Harry, et Draco éclate de rire.

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Demain peut-être || DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant