⌜𝚍𝚒𝚡-𝚑𝚞𝚒𝚝⌟

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Bonne lecture !

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L'hiver revient, finalement.

Harry ouvre les yeux sur un morceau d'oreiller, et des mèches blondes. Le nez dans le coussin, l'odeur de la nuit encore dans le nez, il grogne un peu et se retourne : une main se trouve dans le bas de son dos, et elle remue un peu quand il finit par lever ses yeux fatigués vers le plafond.

Il fait un peu jour. Un peu car c'est diffus. Des rayons clairs qui passent à travers le store cassé de l'appartement qu'ils louent depuis le mois dernier. Une odeur de café et de cigarette qui remonte depuis le couloir du rez-de-chaussée. La respiration profonde de Draco.

Harry cligne des yeux. Son ventre grogne. Il a du mal à ne pas se rendormir immédiatement.

— Draco, souffle-t-il, pas très fort.

Du bruit vient de la rue en contrebas. La musicienne de l'étage du dessus s'entraîne avec sa basse, un son grave qui fait un peu trembler le mur.

Draco remue. Il est allongé sur le ventre, en enfonce sa tête dans son coussin. Harry lui donne un petit coup d'épaule.

— Draco, répète-t-il.

Sa peau est brûlante, alors qu'il ne fait pas vraiment chaud dans la pièce. Ça arrive, parfois, et entre deux clignements d'yeux Harry voit sa magie qui s'agite entre lui et le plafond. Ça crépite, c'est coloré : une seconde, des yeux qui s'ouvrent encore plus grand, puis c'est terminé.

Il inspire.

— Draco, on rend l'appart » cet après-midi...

Harry se tourne légèrement, et observe les lettres carrées de son réveil. Il est un peu plus de dix heures, et ils ont encore plein de trucs à ranger (aucun regard n'est obligatoire pour se souvenir de leurs vêtements sur le sol, de la bouffe dans les placards, de la salle de bain à nettoyer, de leurs serviettes de plage qui sentent encore la mer).

Cette fois, Draco grogne plus fort, et se retourne vers lui. Sa main, puis son bras : tout passe autour d'Harry et l'attire vers lui pour qu'il puisse poser ses lèvres sur sa joue. Le silence les entoure un instant, Harry ferme les yeux, Draco renifle dans son cou.

Ils se séparent au bout de quelques longues secondes, et le bruit revient.

Harry se lève le premier.

— Le proprio va nous tuer si on recule. On a l'avion à prendre ce soir, en plus. Allez, viens.

Il lui remue l'épaule, jusqu'à ce que Draco Malfoy ouvre complètement les yeux et s'étire.

— Tu me fais chier, Potter. On aurait dû tout décaler.

Ils ont bu, hier soir. Ce n'est sûrement pas une excuse, car leurs vacances prolongées les ont rendus fainéants, mais au fond ce n'est pas si grave : l'hiver arrive, et ils s'envolent vers le soleil.

— Oh, souffle Harry en remontant le store.

Au départ, il trouve que c'est trop clair : le ciel est sombre, pourtant, mais ses yeux lui font mal et il les ferme jusqu'à pouvoir les ouvrir à nouveau.

Quand c'est fait, il remarque que dehors il neige encore. Que le sol est blanc, que les routes sont dégagées et salées, que les arbres penchent, et que les flocons sont vraiment gros.

Des mains entourent sa taille, une peau chaude le colle.

— J'espère que notre taxi moldu sait ce qu'il fait.

Draco lui embrasse la nuque, puis pose son menton sur son épaule et regarde l'extérieur avec lui. Ils sont sûrement tous les deux en retard, mais tant pis : vivre à son rythme, respirer, profiter. C'est ce qu'ils font, pour l'instant. Quand le moment viendra de se poser à nouveau, ils le feront mais en attendant ils peuvent bien regarder la neige quelques minutes.

— On a même pas fait nos valises, remarque Harry sans se détourner.

Ils ont bougé tellement de fois que leurs valises sont dans un état plus que déplorable : il y a des autocollants moches qu'ils ont achetés dans des boutiques paumées, des échantillons de sable, des vêtements froissés, des maillots de bain usés. Draco a agrandi la sienne en un puits sans fond, mais ça n'arrange pas l'extérieur et finalement ce n'est pas si mal.

Chaque rayure, chaque choc vient d'ailleurs. D'un endroit où ils ont mangé des glaces, appris le volley-ball, pris des photos, joués aux échecs, faits de la magie, volés sur un balai.

Harry soupire. Draco fait la moue.

— Il faut qu'on s'y mette, hein ?

Ils se séparent, et Draco se recule en s'étirant à nouveau. Il prend tout de même le chemin de la salle de bain car une journée ne peut pas commencer sans une douche, et Harry se dit qu'il pourrait peut-être essayer de faire le petit-déjeuner en attendant.

Il fixe l'extérieur encore un peu. Les souvenirs lui reviennent légèrement, les souvenirs d'avant, et cette fois il ne se sent pas triste ou bizarre. Il ne se sent pas à côté de la plaque, il sait qui il est et ce qu'il veut. Cette fois il n'est pas en colère, cette fois le ciel ne semble pas prêt à lui tomber dessus, cette fois Draco ne vient pas tout juste de rentrer, cette fois il ne se sent pas piégé dans un quotidien qu'il n'apprécie pas forcément.

Cette fois il sait que si un jour il s'endort au bord de la fenêtre, sa magie n'aura même pas besoin de le rattraper en bas : quelqu'un sera là pour l'empêcher de tomber.

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Demain peut-être || DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant