Demain peut-être || Drarry

⌜𝚍𝚘𝚞𝚣𝚎⌟

Bonne lecture !

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- Harry ?

Il entend à peine l'appel qui vient de son salon. Penché sur son bureau dans une pièce au fond du couloir, Harry Potter s'arrête à peine pour frotter ses yeux secs et douloureux. Il s'est plusieurs fois coupé avec le papier, les feuilles de parchemin qu'il a à présent étudié en long et en large.

Dans le grand bureau de la maison de Harry Potter, Hermione Granger entre avec un soupir.

Elle paraît fatiguée, elle aussi. C'est sûrement normal, une fatigue normale : on est vendredi, c'est la fin de la semaine, elle est chercheuse en médecine. Ce que fait Hermione est épuisant, et elle vient quand même après le boulot pour vérifier qu'Harry n'est pas en train d'en faire trop.

Il ne la regarde pas.

Elle entre un peu plus et marche lentement jusqu'à l'épais bureau en bois qu'Harry a commandé sur un magazine sorcier (il est arrivé, monté, dans la pièce comme par magie, au moment même où Harry a rempli le bon de commande). Hermione paraît affligée.

- Harry, répète-t-elle d'un ton doux.

Cette fois, il sursaute avec force et relève ses yeux ronds vers elle. Il ne l'a pas entendu, ne l'a pas repéré : Hermione voit ses yeux rouges, injectés de sang, ses immenses cernes, son teint pâle et presque vert, malade.

Il renifle.

- Harry, tu es malade ?

Il fait sombre dans la pièce : le soleil est déjà couché depuis un moment. Une petite lampe dans un coin de la pièce, c'est à peu près tout.

- Hermione, souffle Harry.

Sa voix est rauque, enrouée, il repousse les papiers, se redresse sur sa chaise, passe une main engourdie dans ses cheveux complètement décoiffés. Hermione le sent de là où elle est : il n'a pas pris de douche, n'a pas changé de vêtements.

Blaise l'a appelé pour lui dire qu'Harry avait encore été forcé de prendre des jours, et qu'il n'avait plus aucune nouvelle. Une simple visite, un simple « Hermione, tu veux pas aller voir ? Si c'est moi qui y vais, il va encore me poser des questions sur l'affaire en cours et il est censé se déconnecter ».

Se déconnecter ? Ce qu'Hermione voit c'est une personne qui n'a pas arrêté de travailler une seule seconde, même pour prendre une douche, dormir, boire ou manger.

- Harry, qu'est-ce que tu fais ?

- Qu'est-ce que toi, tu fais là ?

Il parle du nez, renifle bruyamment, et ses sourcils se froncent. Sa chaise racle le sol, sur la moquette douce de la pièce, et son dos le tire un instant.

- Tu n'es pas censé faire ça, Harry. Blaise m'a dit que tu devais te reposer. Est-ce que t'es malade ?

- Non.

Il tousse. Hermione lui fait les gros yeux. Harry soupire.

- C'est sûrement un rhume, pas de quoi en faire un....

Il éternue, cette fois. Et il n'aime pas du tout l'air que son amie revêt.

- Hermione, c'est rien.

- C'est ça. Harry, tu vas sortir de cette pièce avec moi, aller prendre une douche et changer de vêtements, et je vais te préparer un truc à avaler.

Elle est droite dans ses chaussures, le regard orageux, les cheveux coiffés en arrière en une épaisse queue de cheval.

- Hermione, arrête ça, tu n'es pas...

Il renifle à nouveau, et ça l'énerve. Hermione Granger est son amie, pas sa mère ou sa tutrice : il n'est pas un gamin, ou en tout cas il déteste être traité comme tel, il a toujours détesté ça. Il aimerait être capable de faire en sorte qu'on le regarde autrement, en sorte qu'on ne s'inquiète pas.

Pour ça, il faudrait qu'il n'ait plus d'amis.

Et même si Harry aime être seul, il n'est pas prêt à l'être réellement.

- Je sais, d'accord ? Je ne suis pas ta mère, Harry, et si tu crois que ça me fait plaisir de te materner, alors tu te trompes. Mais tu... tu es là, incapable de dormir ou de prendre du repos, et moi je peux rien faire à part m'inquiéter et attendre que tu veuilles bien me laisser t'aider.

Elle s'avance, traverse le reste de la pièce, et vient lui prendre le bras.

- Je ne peux presque rien faire, Harry, parce que je ne suis pas Draco, et je le sais. Mais je sais cuisiner, et je suis une amie correcte : va prendre une douche, d'accord ? Vas-y, puis retrouve-moi dans la cuisine. Ensuite, tu dormiras un peu. Si tu ne veux pas le faire pour toi, fais-le pour moi.

Il hésite, se décompose, et soudain sa poitrine est étroite et douloureuse. Son corps épuisé menace de s'effondrer. Elle a raison, complètement raison, et il est si fatigué.

Sa tête et ses oreilles sifflent. Il a froid.

Peut-être qu'il est vraiment malade finalement.

- Des vêtements qui sentent le propre, souffle-t-il. Et de l'eau chaude.

- Oui, Harry. Allez viens.

Elle le tire, le fait sortir de la pièce, l'emmène jusqu'à la salle de bain.

- Du porridge ?

Sa gorge, encore et encore, le pique et le tire. Hermione sourit tendrement, lui caresse la main, et le pousse à l'intérieur.

- Du porridge, d'accord. Je vais t'en faire.

Il renifle, observe sa salle de bain, sa douche. Dans son dos, elle commence à partir.

- Hermione ?

- Oui ?

- Merci.

Hermione sourit.

- De rien, Harry.

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