⌜𝚞𝚗⌟

4.7K 477 114
                                    

Bonne lecture !

____________________

À l'extérieur du Poudlard Express, le paysage défile à toute vitesse.

Harry ne peut détacher ses yeux de ce décor qui change, se transforme juste devant son nez ; les immeubles deviennent des maisons, puis les maisons des arbres, puis les arbres des champs. Il trouve cela fascinant, lui qui n'a que très peu quitté la maison des Dursley. L'air frais de l'extérieur ne parvient même pas à traverser la vitre, qui est presque chaude. Est-ce aussi de la magie ? Il a l'impression d'en voir partout, à présent.

Assis sur la banquette de l'un des wagons, il mange les quelques bonbons qu'il a achetés à la dame au chariot. Elle vient de passer et il peut encore l'entendre s'éloigner dans le couloir. Hagrid lui a permis de prendre un peu d'argent dans l'immense coffre de ses parents (en fait, Harry n'a eu besoin que de battre deux fois des cils pour qu'il dise oui), et il est encore sidéré par toute la monnaie que la dame lui a rendue. À présent, il se retrouve seul dans un compartiment, avec un énorme sachet de bonbons sur les genoux. Il n'en a mangé que deux : la troisième, une grenouille en chocolat, s'est échappée par la fenêtre et il n'ose plus en toucher d'autres.

La porte du wagon s'ouvre soudain sans coups annonciateurs. Harry ne peut retenir un sursaut : il se tourne vers elle et observe en retour le garçon qui vient d'apparaître.

— Il n'y a que toi ?

Il tire derrière lui une immense valise en cuir.

— Je cherche un compartiment pas trop rempli depuis un moment, ça te dérange si je m'assois ici ?

Mais le garçon s'avance déjà en refermant derrière lui, alors que Harry n'a encore rien dit. Il laisse sa valise sur le côté, et grimpe sur la banquette juste en face de lui. Son sourire possède un air fier assez étrange, et il lève le nez en l'air comme si ce qu'il va dire est de la plus haute importance.

— Normalement, deux garçons me portent mes affaires, mais ils se sont perdus en allant aux toilettes.

Harry soupçonne qu'ils ont simplement fui. Il ne répond pas, mais cela ne semble pas déranger le garçon.

— Ma mère a lancé un sort sur ma valise pour qu'elle ne soit pas si lourde, mais ça ne marche pas beaucoup. Je n'ai pu y rentrer qu'à peine un quart de mon dressing.

La valise de Harry, elle, contient toutes ses possessions.

– Oh, au fait. Je suis Draco Malfoy, dit-il en avançant vers Harry une main tendue. Tu connais certainement mon père.

Puis, en l'observant de plus près, le garçon – Draco – ajoute avec surprise :

— Mais tu es le garçon de chez Madame Guipure ! On s'est croisé la dernière fois. Elle avait terminé tes tenues bien avant les miennes.

Mal à l'aise, Harry attrape sa main, pas vraiment certain de ce qu'il doit répondre à ça.

— Je n'en ai commandé qu'une, en fait, balbutie-t-il alors. Et je m'appelle Harry.

Il n'a aucune idée de qui ce garçon peut bien être le fils. Draco se rassie confortablement sur la banquette.

— Tu ne sais toujours pas dans quelle maison tu vas aller ? La dernière fois, tu ne savais pas non plus.

— Hagrid m'a dit que ça n'avait pas d'importance.

— Bien sûr que si ! Hagrid est un peu bête, alors forcément. Ta maison et les gens que tu rejoindras seront comme ta famille pendant toute ta scolarité ! Moi, je suis toujours certain d'aller à Serpentard.

Il se souvient de lui, à présent. Ce garçon aux cheveux blonds, presque blancs, lui avait posé pas mal de questions indiscrètes dans la boutique de la femme aux vêtements. Il ressemblait à un angelot au sourire narquois. C'est toujours le cas, mais cette fois il a tout de même l'air un peu plus timide.

Ils sont seuls, aujourd'hui. Et la rentrée, c'est effrayant.

— J'espère que tu seras aussi à Serpentard, lui confit-il. Tu es le premier à qui j'adresse la parole, hormis Crabbe et Goyle. Je n'ai pas encore vu les autres enfants sang-purs avec qui je jouais enfant, mais c'est pas pareil.

Il lui fait un sourire, puis commence à loucher sur le sac de bonbons sur les genoux d'Harry.

— Oh, tu as croisé la vieille dame ? J'ai essayé de la trouver, mais impossible de lui mettre la main dessus.

Draco semble prêt à bouder, alors Harry ouvre son sac et le lui tend. Il le laisse choisir.

— Je ne connais pas bien le monde sorcier et la magie. J'ai essayé de manger un chocolat tout à l'heure, mais il s'est enfui par la fenêtre.

— C'est rare, les familles sorcières qui gardent leurs enfants à l'écart de la magie, répond Draco en enfournant une patte rouge dans sa bouche. Pour les chocogrenouilles, il faut être vif.

Il lui montre comment faire, et Harry l'imite. C'est bon, et très sucré : il n'en a jamais chez son oncle et sa tante. Est-ce pour cela que son cousin est aussi rond ? Il n'a pas très envie de lui ressembler.

Soudain, la porte se rouvre à nouveau. Une fille aux cheveux épais passe sa tête dans l'embrasure.

— Vous n'auriez pas vu un crapaud ? Un garçon appelé Neville cherche le sien partout.

Harry secoue la tête, et Draco fait de même.

— D'accord, merci quand même. Si jamais vous le voyez, nous serons au fond du train.

Elle disparaît aussi vite qu'elle est venue, et Harry fronce les sourcils.

— Un crapaud ? Les gens se promènent avec des crapauds ?

Draco hausse les épaules, et avale un nouveau bonbon.

— Faut croire. Moi, j'aime pas beaucoup ça, c'est un peu comme les rats. En troisième année, je pourrais enfin avoir mon chat. Je harcèle mon père depuis mes cinq ans pour en avoir un.

Un chat ? La tante Pétunia y est allergique. Harry aurait bien aimé en avoir un aussi.

— Ton père te l'offrira ?

— Bien sûr. Ma famille est très riche, et je suis fils unique.

Il a l'air très fier de ce fait, alors Harry ne sait que répondre. Ça doit être bien, d'avoir des cadeaux : Draco a raison d'être content, et un chat c'est joli. Il hoche la tête et change de sujet en lui présentant à nouveau le sac de bonbons. Draco en attrape une bonne poignée avec un air heureux.

Le petit blond embraye ensuite sur une très longue conversation sur le Quidditch. Il vient juste de trouver une carte à collectionner avec un joueur apparemment connu, et semble scandalisé quand Harry lui demande ce que peut bien être le Quidditch.

Un long moment plus tard, Draco se lève d'un bon après un regard vers la fenêtre.

– On arrive bientôt, regarde ! Mets ta robe de sorcier.

Il glisse un regard perturbé sur les vêtements que porte Harry, les sourcils froncés. Lui même baisse les yeux sur la grande veste, le t-shirt large, et le pantalon trop grand retenu avec une ficelle à sa taille. Les habits de son cousin Dudley font bien tache par rapport au style très habillé de Draco, Harry veut bien le lui accorder.

Il tente un sourire un peu gêné, et Draco lui renvoie le même en un peu plus conscient. Il hausse les épaules, comme pour lui dire que c'est pas si grave.

Quand ils sont enfin habillés et prêts, le train tremble et siffle jusqu'à finalement s'arrêter. Draco attrape sa valise et se tourne vers lui.

– Tu viens ?

________________________

Demain peut-être || DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant