#39 L'art de bien recevoir

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Waltraud

Prudente, j'emboîte des petits pas mal-assurés. L'équilibre rendu précaire par – nul doute – un manque d'habitude à porter des talons, je rêve de me déchausser et d'ôter ce corset du diable. Dès que Susanne a le dos tourné, je desserre les lacets. Enfin ! J'inspire un grand bol d'air sous le regard amusé de Clemens.

– Vous êtes sublime.

Il n'y a aucune trace de moquerie dans sa voix. Il est sincère, et à la réaction intéressante d'un petit homme parti littéralement la queue entre les jambes, je le crois.

– Tout le mérite revient à votre femme. Elle a un don pour embellir la laideur.

– Vous vous dénigrez.

Clemens affiche un air désolé pour moi dont je fais litière. Mon visage se rembrunit. Je déteste la pitié des autres. Elle est inutile, un sentiment qui ne répare rien.

– Assurément.

Je tire sur mes gants pour cacher mes cicatrices. Seules dans la penderie, Susanne s'est aussitôt excusée de son mouvement de recul en les découvrant. Sa famille étrangère à l'Armée, contempler pour la première fois et de ses propres yeux un corps morcelé a été une franche surprise, qui plus est, celui d'une femme de sensiblement son âge. Je ne lui en veux pas. Je comprends. Peu l'ont vu et moi-même, j'évite de me dévêtir devant un miroir.


« – Que vous est-il arrivé... ?

Des mésaventures. »


J'ai éludé sa question, car en sachant, ses élans de gentillesse à mon égard auraient subitement cessé.

Égoïste.


Tu n'as pas changé.



La porte s'ouvre et je relève la tête. Chaque marche a une caractéristique particulière, distinctive. Depuis que je le connais, la sienne a toujours été scandée par le rythme de ses bottes, celles d'un militaire endurci. Pourtant, elle m'inspire un vague sentiment de tristesse. Comment dire... ? Comme si chaque claquement est un coup de marteau sur le métal chauffé à blanc. Il se déformera, supportera, et en fin de compte, se renforcera.

Susanne fond immédiatement sur Livaï, les joues gonflées de contrariété.

– Enfin ! Pressons, nous n'avons pas tout le temps !

L'homme d'acier se laisse entraîner par le bras, ne résiste pas à la volonté implacable de la coquette blonde à s'occuper de son cas. Elle n'a pas froid aux yeux, et c'est une qualité que je le sais apprécier sans le montrer.

Five Years T.1 : Inside [Livaï x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant