Five Years T.1 : Inside [Livaï x OC]

#8 La fugue d'une incomprise

「Waltraud」

Mes yeux scrutent le plafond crayeux. La peinture écaillée par endroits révèle des fissures anciennes. Je ne crains pas l'effondrement, le ciel m'est déjà tombé sur la tête.

Les paupières closes, mes pensées s'arrangent lentement pour comprendre ce qu'il s'est passé. Luttant contre l'envie de me rendormir, je papillonne, poursuis le vol d'une mouche avant de me réfugier à nouveau dans l'obscurité, assaillie de nausées. Saletés de calmants et leurs effets secondaires...

Je suis toujours à l'hôpital, seule dans ma chambre. Livaï n'est plus là. Depuis combien de temps ? Aucune idée, une journée ou peut-être plus. Dehors, le ciel ensoleillé s'assombrit de nuages noirs venus de l'Ouest. Il pleuvra sans doute demain. J'essaye de bouger. Impossible. Excédée, je tire en vain sur les sangles qui me clouent au lit. Depuis quand attache-t-on les patients contre leur gré ? Des bribes de souvenirs me reviennent en mémoire. Sous cet angle, ils doivent me penser folle...

Le chariot des repas résonne dans le couloir. Cependant, il ne s'arrête pas devant ma porte. Ils me donnent les aliments par voie intraveineuse, d'où les nombreuses poches à la poubelle. Patiente, la ronde du soir commence. Un soignant, ou plutôt une, pousse enfin le battant. L'infirmière en question entre sans frapper avec son matériel sur un plateau, dont ma fameuse poche blanche. Elle ferme doucement derrière elle.

— E-Excusez-moi...

La femme sursaute, ne s'attendant visiblement pas à ce que je sois réveillée. Si je me suis beaucoup inquiétée de savoir à quoi ressemblerait ma voix, mes épaules s'allègent aujourd'hui d'un poids. Elle n'a pas changé. Bon, j'ai certes une extinction qui ne lui fait pas dépasser le stade du chuchotis, mais c'est un début.

Mes oreilles bourdonnent à l'effort, comme dans un tunnel. Je me racle la gorge, réapprends pas à pas comment vibrer les cordes. Je veux sortir du silence. Tant de choses étouffent à l'intérieur, et ont désespérément attendu ce jour.

— Pouvez-vous me dire... En quelle année sommes-nous ?

Cela brûle ! Je suis obligée de faire des pauses régulières. La soignante se rapproche et dépose son plateau sur la table de chevet.

— En 850, mademoiselle. Vous vous souvenez ? Nous sommes le 1er juillet, et les Déesses nous ont envoyé du beau temps.

Mon corps est traversé de soubresauts. 850... ? Je peine à réaliser. Cinq ans...

— E-Et... le district de Trost ?

Son regard s'illumine. Elle s'installe sur le bord du lit.

— La brèche a été rebouchée il y a cinq jours. La première victoire de l'humanité ! Les soldats du Bataillon d'exploration sont vraiment incroyables !