Five Years T.1 : Inside [Livaï x OC]

#35 Le requiem des disparus

(music & ambience song de ce chapitre)

「Waltraud」

Finalement, Livaï s'est retroussé les manches en constatant mes résultats médiocres de nettoyage. Muni d'une paire de gants, cheveux et voies respiratoires protégés par deux torchons, il va même jusqu'à grimper sur une chaise pour atteindre le plafond. Je me suis éclipsée pour ne pas le gêner. Au bureau des coursiers, j'ai patienté pour remettre le paquet confié par Martine en échange de quelques pièces. Je ne suis revenue qu'après m'être assuré que les paroles écrites par les nôtres pour leurs familles soient entre de bonnes mains.

Je me demande d'où lui vient son obsession. Une allergie ? Bien que je continue de chercher, je ne vois toujours pas la différence après son passage. Quand je lui en fais la remarque, l'ex-caporal-chef affirme que j'ai « de la merde dans les yeux ». Ce à quoi je rétorque qu'il a « de la bouse à la place du cerveau ». Disons simplement qu'après qu'il m'ait pondu l'un de ses entraînements surprises, que j'ai refait les sols. Pas sûr que la gérante apprécie l'état de son parquet. Je crois même avoir enfoncé un pan de mur en lui balançant une chaise. Ce pour quoi étrangement, Livaï m'a félicité. Du moins, c'est ce que j'en ai traduit de son regard à ce moment-là.

Une troisième fois en seulement six heures, le ménage a été refait. Ce coup-ci, ensemble.

Livaï m'attend sur le palier. La porte grande ouverte sur l'intérieur, il toise mon assiette. Un bouillon de poule au pot, accompagné d'une tranche de pain et de fromage. Pleine.

– Tu devrais manger quelque chose avant de partir.

– Je ne préfère pas, ajourné-je.

– Tch. Pas sûr que tu en es l'envie après.

Il se retourne pour disparaître dans la cage d'escalier. Je verrouille derrière moi, puis glisse la clef dans mes vêtements, un cordon à mon cou pour ne pas la perdre. Dehors, l'absence de vent rend les températures supportables. Nous commençons à marcher, privilégiant des rues moins bombées. Côte à côte, Livaï me surprend à vouloir converser. Sa voix porte suffisamment pour que je sois la seule à l'entendre.

– En temps normal, c'est le travail d'un officier supérieur. Mais vu que tu es là, autant t'initier.

« Au lieu de poireauter », il se retient d'ajouter. C'est plutôt attentionné de sa part.

– C'est aussi une suggestion d'Erwin, m'apprend-il.

– Le commandant ?

Pourquoi Erwin souhaiterait-il que j'assiste à ça ? Cela a-t-il quelque chose en rapport avec son vœu ? C'était quoi déjà ? « Je voudrais que tu retrouves la foi » ? La cause du Bataillon d'exploration, la raison de son existence même, son combat engagé contre les Titans. Offrir son cœur... Se donner corps et âme... sont des notions abstraites pour moi. Je suis incapable de faire ce sacrifice.