Five Years T.1 : Inside [Livaï x OC]

#26 Les confidences au sommet

「Waltraud」

Je peux recoudre des chaires béantes, assécher des fleuves de sang. Je peux réparer des os brisés, amputer un membre déchiqueté.

Mais il a une chose que je ne peux pas faire...

C'est soigner les maux de l'âme.

「Livaï」

Je peux devenir une arme au service de l'humanité, tuer... tuer... tuer encore ces monstres. Je peux faire face à la mort sans sourciller, guider mes hommes dans cet enfer.

Mais il y a une chose que je ne peux pas faire.

C'est leur dire que leur sacrifice n'a pas été vain.

「Waltraud」

La pluie n'arrête pas de tomber. Le déluge écrase nos épaules déjà endeuillées. Il semble que le ciel ne veuille pas cesser de pleurer. Clemens a reçu un certificat inaptitude à combattre. Il n'envisage pas le transfert à la Garnison, il va quitter l'armée. J'ai appris qu'il a perdu son meilleur ami durant la dernière expédition. La mort de trop. Il pense renouer avec le cocon familial, reconstruire sa vie au sein des Murs. La fille qu'il évoque parfois, sa belle mésange, il espère réussir à obtenir son pardon et enfin puiser le courage de la demander en mariage.

Après l'avoir salué, je remonte dans notre chambre. Ah... non. Ma chambre. Le présent et le passé se mélangent. Quel jour sommes-nous ? Pourquoi mon corps m'a-t-il menée jusqu'ici ? Quand je franchis le pas de la porte, l'habituelle chaleur qui m'enveloppe a disparu. Et soudain, je me souviens.

« Elle n'est plus là. »

 Je scrute brièvement le petit bureau. Sur la chaise est rassemblée le peu d'affaires personnelles de mon ancienne colocataire. Mes yeux s'attardent ensuite sur le lit défait, et l'espoir se ravive avant que la bougie s'éteigne aussitôt par un esprit qui a cessé de rêver. Non, elle ne reviendra pas, je le sais bien. Entendre son rire redonner de joie à ce monde froid, mon éphémère baume au vide sidéral de la solitude. Je me souviens de ces nuits où, parfois frappées d'insomnies, nous avons discuté jusqu'à ce que le sommeil vienne doucement nous cueillir. Depuis...

Les battants de la fenêtre claquent. Le vent s'engouffre et me fouette le visage. La bouche ouverte, mon cri reste coincé au fond de ma gorge nouée, prisonnier dans mes entrailles.