Five Years T.1 : Inside [Livaï x OC]

#14 Le crime sorti des oubliettes

「Waltraud」

Nous avançons silencieusement. Sous l'épais feuillage des bois, nos lanternes sont notre unique source de lumière. Aucun mot n'est prononcé, car tous redoutent. Certes, après le déclin du jour, les Titans s'affaiblissent et entrent dans un état végétatif. En fonction des spécimens, ce processus varie d'une demi-heure à plusieurs heures, et les résultats des recherches de Hansi ont confirmé mes observations. Mais même dans l'obscurité absolue et sur le plus abrupt des chemins, un déviant peut surgir à la première démonstration d'orgueil.

Au pas, les sabots des chevaux tapent la terre molle. À chaque craquement de brindille, mes oreilles se tendent et mon bras agrippe fermement la taille de Petra, ma main prête à lui arracher les rênes à la moindre alerte. Cette situation de vulnérabilité qui traîne en longueur est juste une torture pour moi. Au vu de mon état et sans MTD, j'occupe la pire position du groupe.

S'il y a un loup, tu es l'agneau.

Au bout du tunnel sans fond que nous pratiquons, les ombres se dessinent. Quand le sentier débouche enfin, la vive lumière m'aveugle un court instant. Une forme s'impose devant nous, juste gigantesque. Par delà un rempart haut de quinze mètres et baignées par les rayons lunaires, les tours du château s'élèvent, blanches et majestueuses. Nous sommes arrivés à destination.

Perdue dans ma contemplation, mon cœur rate soudain un battement. Avachi au pied du mur, un Titan nous scrute. Les poils hérissés, nous nous contentons de suivre notre meneur qui passe devant en l'ignorant. La herse s'abaisse derrière nous et la cavalerie se stoppe au milieu de la cour sableuse. Là, Livaï descend de son destrier noir qui atteint facilement les un mètre soixante au garrot. C'est fou, ils font la même taille ! Comment a-t-il fait pour grimper dessus ? Puis, le caporal-chef assigne ses ordres.

— Auruo, Petra, avec moi en reconnaissance.

— Oui !!

— Erd, tu as la charge d'Eren.

— Oui !

— Gunther, Martine, vous savez quoi faire.

Il n'attend pas leur réponse. Hissés sur leurs montures, la rousse et le dénommé Auruo passent en manœuvre tridimensionnel et s'envolent à sa suite. Accrochée au cuir de la selle, je me retrouve plantée comme une idiote pendant que les autres posent les pieds à terre et s'activent. Quelqu'un finit par remarquer mon embarras et s'approche.

— Besoin d'aide ?

Je toise l'homme. Des cheveux blonds remontés en une queue pliée à l'arrière du crâne, une fine barbe, il a un regard assuré et une voix à la fois douce et forte qui m'inspire tout de suite confiance.

— Volontiers.

Son bras enlace ma taille et au moment de me soulever, j'enroule le mien autour de son cou. Le soulagement de sentir à nouveau la terre sous mes pieds m'arrache un soupir.