#46 Le fin fond de l'histoire

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Waltraud

Si à première vue, la liasse de feuilles semble joncher négligemment le sol, un œil avisé y verra une classification claire, loin de l'anarchie suggérée aux premiers abords. Livaï est assis sur une chaise face à ce tableau, et se penche parfois pour saisir une donnée qui a attiré son attention. Bras croisés sur le torse, même une épaisse couche de fond de teint ne saurait pas venir à bout de la noirceur de ses cernes.

Je me suis réveillée le lendemain de « l'accident ». Depuis, Livaï campe dans ma chambre, la seule de la petite maison. Bien sûr, son oncle n'a rien tenté. En outre, celui-ci n'est pas revenu de la surface. Cinq jours... Que mijote-t-il ? Debout, j'avise ma nouvelle chemise et espère que celle-ci durera plus longtemps que la précédente. Mon garde du corps claque la langue de contrariété.

— Tu n'es pas censée te lever, me rappelle-t-il à l'ordre du médecin d'un ton autoritaire.

Cela lui va bien de me dire ça !

— Tu as vu ta tête ?

— Elle est plus belle que la tienne.

Probable. Néanmoins, je le défie ouvertement, titube un peu à initier quelques pas. La bonne dose d'antalgiques atténue la douleur de ma poitrine bandée, elle est supportable. Du blanc de l'œil, je sais qu'il m'observe d'un air désapprobateur. Avec l'assurance que mon état ne l'autorise pas à me frapper pour me rendre raisonnable, il se contente de me lancer des éclairs que j'ignore.

— Qu'est-ce que c'est ?

Il relève la tête avant d'affaisser à nouveau son regard acéré sur son œuvre. Comateuse et nauséeuse, je n'ai guère prêté attention jusqu'alors au comment il s'occupe. En travailleur chevronné, il ne peut être resté simplement les bras croisés depuis hier.

— Tu pensais que j'allais attendre sagement derrière la porte que tu te vides ? J'ai fait auparavant un petit détour.

Je percute. Il se réfère au dîner chez les Rosenfried. Oh le cachottier...

— Quelque chose d'intéressant ?

— Pas sûr.

Cela le tuerait de développer ? Enfin... Autant parler à un mur. Et je ne suis de toute façon pas non plus d'humeur à lui tirer les vers du nez.

Je m'approche et pose ma tête sur son épaule. Sans surprise, il se braque. Aussi raide qu'un piquet...

— Ohey.

Immobile, je soupire longuement et ferme mes yeux fatigués. Ils se rouvrent quand une main passe sur mon front et écarte doucement mes mèches.

— Tu ne te sens pas bien ?

J'opine.

— Retourne au lit, alors, m'ordonne-t-il implacable.

Mes lèvres laissent échapper un couinement de chien battu.

Five Years T.1 : Inside [Livaï x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant