Le mélange de médicaments et d'alcool – il avait commencé direct du Whisky Pur-Feu – le fit dégringoler dans une ivresse psychotique. Alors que d'habitude il avait l'alcool joyeux, du genre à échanger des blagues et des scores de Quidditch, cette nuit-là la colère – pourquoi ne pouvait-il pas prendre juste quelques verres, pourquoi fallait-il toujours qu'il finisse absolument minable quand il buvait – et la frustration – pourquoi est-ce qu'il se sentait si nul et si seul alors qu'il avait des amis géniaux, une femme merveilleuse et des gosses adorables – le submergèrent.
Même ivre-mort, il eut la présence d'esprit de ne pas chercher à transplaner. Il marcha jusque chez lui, environ trois kilomètres, et une fois là se dirigea tout droit vers le salon. Il y éclata les miroirs, les lampes, enfonça ses poings dans les murs, balança le sapin et fit s'écraser les décorations au sol, tout cela en hurlant, Merlin seul savait quoi. Criant et sanglotant et haïssant le monde entier, surtout lui-même.
Il avait commencé à arracher les rideaux de la tringle quand le Stupéfix l'atteignit dans le dos.
***Il se réveilla dans son ancienne chambre au Terrier. Pansy Parkinson était assise sur le coin de son lit et se peignait les ongles de pied en rose vif. Il se prépara à entendre les récriminations, les remarques culpabilisantes, le mépris.
« Hermione m'a appelée. »
Il ne pouvait même pas hocher la tête. Elle referma le vernis à ongles et le posa à côté de quatre flacons de potion anti gueule de bois.
« C'était un cocktail relativement létal, Weasley. Du sirop pour la toux, des médicaments moldus, et une bouteille de Pur Feu. Tu as eu de la chance de pas en claquer. Tiens, je parie que t'as mal. »
Elle se leva et passa un bras sous ses épaules. De l'autre main, elle porta la potion à ses lèvres et l'aida à boire.
« Une autre ?
— Non, grinça-t-il. »
Son estomac protestait déjà après juste une seule.
« Faut que je pisse.
— Tu ne vas pas pouvoir marcher pendant un moment. Tu devras pisser dans une bouteille. »
Dans un effort surhumain il leva la tête et regarda ses pieds. Ils étaient couverts de bandages. Cela montrait bien à quel point il était mal, pour ne pas avoir remarqué que la plante de ses pieds était en lambeaux. Mais maintenant qu'il avait réalisé, ça lui faisait un mal de chien.
« Tu as perdu tes chaussures quelque part entre le pub et chez toi. Tellement plein que tu t'en es pas aperçu, tu as continué à marcher, et tu as laminé tes pieds sur le goudron. Je ne sais pas de quoi tu te rappelles, mais la version courte c'était que tu étais ivre mort, que tu as pété un câble et ravagé ton salon. Molly et moi avons passé trois heures à enlever des fragments de miroir, de lampes et de boules de Noël de tes pieds. Elle montera tout à l'heure te jeter un sortilège de cicatrisation quand tu te sentiras mieux. Moi je suis nulle pour ça. Comme toi, ajouta-t-elle avec un petit sourire. »
Il se cacha le visage avec les mains et se mit à pleurer.
***
Hermione l'avait foutu à la porte. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Plus tard dans l'après-midi était arrivée une malle réduite par magie, remplie de ses vêtements, accompagnée d'une Beuglante de deux pages qui détaillait tout ce qu'il avait fait pendant sa crise de rage alcoolisée. Elle terminait en lui disant qu'elle n'avait pas réparé le salon afin que les enfants puissent voir ce qu'il avait fait, y compris ses traces de pieds sanglantes sur le tapis. Il s'installa au Terrier. Revenir chez ses parents à l'âge mûr de trente-neuf ans était terriblement pathétique, mais sa mère le lui avait proposé et il ne voulait vraiment pas demander à quiconque d'autre – comme Harry ou George – parce qu'ils se sentiraient obligés de dire oui et que ça le ferait se sentir encore plus pathétique.
Harry lui avait demandé s'il voulait un congé, mais il avait dit non, parce que s'il n'avait pas quelque part où aller durant la journée, il deviendrait fou.
Il alla à Poudlard pour s'excuser auprès des gosses. Il leur fit la totale, comme quoi l'alcoolisme était une maladie et que ce n'était pas de leur faute s'il buvait, que c'était quelque chose qui était en lui. Qu'il avait des amis et des gens pour l'aider et qu'il surmonterait ça. Que ça n'allait pas se régler en un weekend, que c'était probablement l'affaire de toute une vie. Toutes les deux phrases, il leur répétait qu'il les aimait et que ce n'était pas de leur faute mais la sienne. Rose pleura tout du long. Les yeux de Hugo restèrent secs. Ron ne mentionna pas Hermione une seule fois. À la fin, il dit qu'il fallait qu'il y aille mais qu'il leur écrirait. Hugo hurla :
« Espèce de sale connard ! Je ne veux plus jamais te voir. »
Ce n'était pas quand il avait presque tué Harry qu'il avait touché le fond.
***
Si Ron avait cru que les quatre premiers mois de sobriété étaient une torture, il s'était méchamment trompé. À l'époque, il avait toujours le respect de la plupart des gens, et ses amis croyaient en lui. Maintenant, Hermione avait peur de lui, ne le respectait plus, et il était assez possible qu'elle le déteste. Ses enfants avaient peur de lui, ne le respectaient pas, et Hugo le détestait. Harry et Ginny ne le respectaient pas, mais il s'accrochait à la certitude qu'ils l'aimaient toujours. Même chose pour ses parents. Oui, ils l'aimaient peut-être, mais ils ne croyaient plus en lui. Personne ne croyait en lui à part ses amis aux AA. Et Parkinson.
Il commença à aller à deux réunions par jour.
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Électrique
Hayran KurguVoici sous vos yeux ébahis par ce pairing incongru, un mini recueil de Ron/Pansy qui comptera, a priori, 2 fics assez courtes chacune.