S'il lui fallait se montrer tout-à-fait franche, elle s'était souvent sentie mal depuis le début de cette année. Mais ça n'avait jamais donné ça. Allongée toute habillée sur son lit, elle pleurait en silence, dans le noir. Les rideaux du baldaquin étaient tirés et elle aurait pu jeter un sortilège pour insonoriser cet espace, mais même tendre la main vers la poche où reposait sa baguette lui semblait représenter un effort trop grand.
Elle ne savait pas exactement pourquoi elle pleurait. Elle s'était obstinément refusée, jusqu'à ce jour, à laisser les larmes franchir ses paupières. Elle avait refusé de toutes ses forces l'auto-apitoiement. Elle savait bien que ça ne servait à rien. Mais ce soir, elle était revenue tout droit à son dortoir, sans voir ou entendre rien de ce qui l'entourait. Elle avait laissé tomber à terre son sac tout juste retrouvé, et sans prendre la peine d'allumer la lumière, s'était étendue sur le lit. Elle avait essayé de ne penser à rien. De surtout, surtout ne pas penser à quel point elle devait avoir l'air misérable pour que la Belette ait pitié d'elle. Et puis Daphné et Millicent étaient rentrées, en parlant fort, sans se soucier de sa présence, leur conversation insignifiante entrecoupée d'éclats de rire.
Et les larmes s'étaient mises à couler, de leur propre volonté, sans que Pansy puisse faire quoi que ce soit pour les stopper. Daphné et Millicent avaient fait leur toilette, toujours en papotant gaiement. Maintenant que ce ravage lacrymal s'était déclenché, il semblait impossible à arrêter. L'humidité sur ses joues irritait sa peau, l'irritait tout court, et elle avait presque envie de la sécher d'un revers de manche afin de faire cesser ce picotement, mais bouger demandait définitivement un effort trop grand. Et puis, elle ne voulait pas qu'elles l'entendent. À vrai dire, elle osait à peine respirer et le silence presque absolu qui régnait sous le baldaquin contrastait étrangement avec la violence débridée du flot de larmes.
Jamais de toute sa vie ne s'était-elle sentie aussi seule. Et voilà qui n'était pas peu dire.
C'était la faute de Weasley. Il lui avait jeté au visage le pathétisme de sa situation, ce désespoir total dont elle avait refusé de reconnaître l'existence pendant toutes ces semaines. Elle le détestait pour cela. Elle le détestait tout court, d'ailleurs.
Les filles avaient fini leur toilette, s'étaient couchées et avait éteint la lumière. Pansy avait continué à pleurer. Sans pouvoir s'en empêcher. Sans même avoir envie de s'en empêcher. Elle sentait les traînées salées refroidir sur ses joues, avait besoin de se moucher, ne bougeait pas. Renifla vaguement. Se ficha d'être entendue. Renifla encore. Roula sur le côté. S'endormit, enfin.
Elle se réveilla les cils collés par les larmes, les paupières lourdes de ses épanchements, ses vêtements froissés sur elle. Les filles étaient déjà levées, et n'avaient pas jugé bon de l'appeler. En un sens, c'était une bonne chose. Elle n'avait pas vraiment envie de croiser leur regard. Elle passa dans la salle de bains et découvrit que ses joues étaient couvertes d'une poudre blanchâtre. Elle avait oublié qu'elle avait métamorphosé son oreiller en sac de farine avant d'être convoquée chez Weasley. Elle se débarrassa vivement de ses vêtements et passa sous la douche en étouffant un gros soupir. Weasley... Elle n'était vraiment, vraiment pas pressée de se retrouver en cours de potions.
Elle se rendit compte assez vite qu'il n'y avait pas lieu de redouter de se trouver à nouveau en face de lui. Rien ne semblait avoir changé : il l'ignorait, comme il le faisait ordinairement, et rien ne laissait soupçonner que la veille il avait essayé de lui parler. Pansy détestait ce verbe. La façon de le prononcer qu'avaient certains, surtout, en y mettant une majuscule. Derrière se cachait l'idée que le dialogue pouvait tout résoudre, qu'il fallait s'ouvrir de ses problèmes aux autres. C'était probablement le concept le plus Poufsouffle au monde. Et Pansy n'avait définitivement rien d'une Poufsouffle, merci pour elle. Elle n'avait envie de Parler de ses problèmes à personne, encore moins à ce satané Rouquin, assis avec Préfète Parfaite et le Sauveur de l'Humanité.
Potter chuchota quelque chose et les deux autres pouffèrent de rire. C'était tout sauf discret, mais Slughorn ne fit aucune remarque. Pansy leva les yeux au ciel. Non, rien n'avait changé.
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Électrique
FanfictionVoici sous vos yeux ébahis par ce pairing incongru, un mini recueil de Ron/Pansy qui comptera, a priori, 2 fics assez courtes chacune.