— Alors quoi ? demanda Hermione. Se morfondre sur ce qui est arrivé c'est mieux peut-être ? Oui j'essaie d'aller de l'avant, oui je fais des projets, oui j'ai envie de continuer à vivre ! C'est un crime ?
— Bien sûr que non. Mais essaie de comprendre que tout le monde n'est pas comme toi. Que j'ai besoin de temps. Mon frère est mort, je...
— Je sais ça, Ron. Tu crois que j'ai pas de peine, moi ? Il me manque aussi. Et Tonks. Et Remus. Et... Mais on peut passer le reste de notre vie à pleurer les morts. On est en vie, nous. On a mérité d'essayer d'être heureux, tu crois pas ?
Quelques secondes s'écoulèrent avant que Weasley ne réponde d'une voix sourde :
— Si. Mais je crois pas qu'on pourra l'être si on va trop vite. Il faut des bases stables pour construire une relation. Et toi... toi tu vas trop vite pour moi. J'ai à peine réalisé que c'était fini et qu'on était toujours en vie. Et toi, tu en es déjà à planifier nos études après Poudlard...
— Alors c'est ça ? Tu m'en veux encore d'avoir renvoyé le dossier d'inscription pour AurorSup à ta place ?
Pansy en aurait presque éclaté de rire. C'était tellement typiquement Granger. Il aurait fallu un adjectif pour qualifier ce genre de comportement. Grangerien, peut-être ?
— Non ! Oui... je sais pas, écoute. C'est pas, c'est pas que je t'en veux. Mais essaie de comprendre que c'est à peine si je sais ce que je veux faire le week-end prochain. Alors l'année prochaine ?
— Mais c'était la date limite, Ron ! Tu ne crois pas que tu m'en aurais voulu, si tu avais laissé passer la date et que je n'aie rien fait ?
— Tu aurais pu m'en parler, au lieu de remplir le formulaire à ma place !
— Qu'est-ce que ça aurait changé ? Je sais que tu l'aurais renvoyé. Et tu m'aurais probablement demandé de t'aider à rédiger ta lettre de motivation. Tu as toujours voulu être un Auror, Ron.
Pansy se demanda si Granger se rendait seulement compte de son pédantisme.
— Toujours ? Peut-être... Mais tu crois que c'est toujours le cas ? Peut-être qu'au final, j'ai eu suffisamment de Mages Noirs pour le reste de ma vie...
— Oh. Je... Pourquoi tu m'en as pas parlé ?
— Parce que tu es toujours si sûre de tout. Si sûre de savoir ce que les autres veulent et ce qui est bon pour eux !
— Je voulais simplement...
— Me rendre heureux ? Mais tu ne peux pas faire le bonheur des gens malgré eux, Hermione ! Ça ne t'a jamais traversé l'esprit que si le choix leur en avait été donné, tes parents auraient peut-être pris le risque de rester en Angleterre au péril de leur vie, plutôt que d'oublier l'existence de leur fille ?
Il n'y eut pas de réponse. Le silence s'étira pendant de longues secondes.
— Hermione ! Hermione, attends ! Je voulais pas dire ça. Excuse-moi ! Hermione...
Une porte claqua et le silence revint dans la bibliothèque. Voilà qui avait été instructif, réfléchit Pansy. Elle tourna sur elle-même, décidée à revenir aux Moldus et à l'électricité, et heurta une chaise dont les pieds crissèrent bruyamment sur le sol de pierre.
Zut. Zut, zut, zut. À peine quelques secondes s'écoulèrent avant que Weasley n'apparaisse au coin de l'étagère. Pansy avala sa salive et le regarda dans les yeux, déterminée à ne pas rougir.
— Tu étais là tout du long ?
Elle ne voyait pas l'utilité de nier l'évidence. Elle hocha brièvement la tête.
— Et ? Tu jubiles pas ?
Elle tenta le sourire méprisant mais quelque chose lui disait qu'il n'était pas aussi convaincant qu'il aurait pu l'être.
— Pourquoi ? Tu te crois si irrésistible que je doive me pâmer en apprenant que tu es célibataire ?
Weasley ne se mit pas en colère, il eut simplement l'air surpris par sa réponse. Oh non... très très mal joué sur ce coup, Pansy... Une erreur de débutante. Elle se sentit rougir. Heureusement, Weasley ne releva pas. Il se contenta d'hausser les épaules.
— Hermione est malheureuse, je suis malheureux, et que tu aies été témoin de ça est humiliant. Je pensais que c'était le genre de situations que tu appréciais...
Elle secoua la tête.
— Désolée, Weasley. Mon psychisme est un tout petit peu plus subtil que ça.
— Oh. Je vois...
Il ne voyait rien du tout. Elle-même ne comprenait pas pourquoi elle ne parvenait pas à trouver hilarante la rupture pathétique de Miss Parfaite et King Weasley. Peut-être parce que c'était pathétique, justement. Et que c'était un adjectif qui s'était trop souvent appliqué à elle, dernièrement, pour qu'il soit encore capable de la faire sourire quand c'était d'autres qu'il concernait. Elle éprouva le besoin de dissiper cet instant d'incertitudes partagées. De reprendre le contrôle. Et frapper là où ça faisait mal n'était pas quelque chose qu'elle jugeait indigne d'elle.
— On peut avoir des détails sur cette histoire de tente ?
Weasley eut le culot de sourire, comme rassuré de se retrouver soudain en terrain connu.
— Non, je crois pas. Certainement pas ce soir en tout cas.
Pansy se rendit compte avec horreur qu'elle souriait elle aussi, comme s'ils avaient partagé une bonne blague. Weasley tordit légèrement le cou pour lire le titre des livres étalés sur la table.
— Tu travailles sur l'invention de l'électricité ? C'est pour demain, non ?
Pansy leva les yeux au ciel.
— Tu comptes me faire la morale, encore une fois ?
Il haussa les épaules.
— Mon père a écrit un article sur le sujet. Il a été publié dans le Chicaneur du mois dernier, si ça t'intéresse...
Là-dessus, Weasley lui tourna le dos et s'en alla, sans attendre sa réponse.

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Électrique
FanfictionVoici sous vos yeux ébahis par ce pairing incongru, un mini recueil de Ron/Pansy qui comptera, a priori, 2 fics assez courtes chacune.