Presqu'une semaine complète s'écoula avant qu'elle ne révise son opinion et ne se dise que certaines choses changeaient peut-être, en fin de compte. Elle avait – comme à son habitude – attendu jusqu'à l'extrême limite pour commencer à travailler sur sa punition d'Étude des Moldus. Mais ses trois rouleaux de parchemin sur l'invention de l'électricité étaient dus pour le lendemain, et elle n'avait même pas commencé à faire des recherches sur le sujet.
Il était déjà tard, et elle pensait qu'elle serait seule à la bibliothèque. Elle venait à peine de rassembler quelques ouvrages de référence quand des voix s'élevèrent non loin d'elle. Un garçon et une fille, qui parlaient de plus en plus fort. Ce qui n'était au départ qu'une conversation murmurée tournait apparemment à la dispute.— Qu'est-ce que tu veux dire « ça ne peut plus continuer comme ça » ? demandait la fille.
Elle essayait manifestement de rester discrète, mais sa voix partait dans des aigus incontrôlés qui la trahissaient.
— Ai donc le courage de tes opinions ! Vas-y, finis ta pensée, va jusqu'au bout, j'écoute.
Pansy n'entendit pas la réponse et la fille reprit :
— Ah non ! tu as dit ce matin qu'il fallait qu'on parle, alors vas-y ! Dis-moi ce que tu as à me dire
— Pas ici, Hermione...
De vaguement curieuse, Pansy se trouva soudain très intéressée. Connais tes ennemis, dit-on.
— Ah oui ? Et où alors ? Tu n'as pas fait l'effort de m'adresser une seule fois la parole tout à l'heure, alors qu'on était seuls dans le bureau des Préfets !
— Tu ne m'as pas parlé non plus, répondit Weasley, sur la défensive.
— J'attendais que tu le fasses ! fut la réplique immédiate.
— Je pourrais répondre la même chose, grommela l'autre.
Presque sans s'en rendre compte, Pansy s'était levée de sa chaise et s'était rapprochée à pas de loups de l'étagère qui la dissimulait à la vue du couple.
— Mais ce n'est pas moi qui me montre de plus en plus froide et distante de jour en jour ! Ce n'est pas moi qui ai dit qu'il fallait qu'on parle !
Il y eut un long silence. Si lourd et pesant que Pansy avait presque peur de faire du bruit en respirant. Finalement, Granger explosa :
— Tu comptes te défiler encore longtemps ? Si tu as quelque chose à me dire, fais-le, bon sang ! Si tu veux rompre, dis-le !
— Je... je veux pas te faire de mal, Hermione.
— Ah mais tu t'en fichais bien de me faire du mal quand tu m'as abandonnée toute seule dans une tente miteuse au milieu de nulle part ! Est-ce que tu vas être aussi lâche maintenant que cette fois-là ?!
Pansy regrettait terriblement de ne pouvoir voir leurs visages.
— Tu mélanges tout, protesta Weasley.
— Je mélange rien du tout ! Et maintenant, vas-y ! Une fois pour toutes : c'est quoi ton problème ?
La Préfète en Chef fulminait visiblement. Même sans la voir, Pansy parvenait à l'imaginer assez aisément : les cheveux encore plus embroussaillés que d'habitude, ses mains serrées en des petits poings rageurs, ses yeux lançant des éclairs. Elle n'aurait pas voulu être à la place de Weasley en ce moment. Étrangement, se rendre compte que tout n'était pas aussi paradisiaque que cela au merveilleux pays des Gryffondor ne lui faisait pas autant plaisir qu'elle l'aurait cru. Elle entendit Weasley soupirer.
— Mais c'est justement ça le problème ! Tu passes ton temps à faire comme si tout allait bien, mais au fond, tu m'as jamais pardonné, pas vrai ?
La réponse ne vint pas immédiatement.
— Mais si, finit par répondre Granger. Je voulais pas dire ça. Tu m'as mise en colère, c'est tout.
Pansy en fut relativement sidérée. La bouillonnante Miss-Je-Sais-Tout était quasiment en train de s'excuser. Pathétique. Certainement la dernière des choses à faire lorsque votre copain était en train de rompre. Car elle avait maintenant la certitude que c'était à cela qu'elle assistait : une rupture.
— Précisément. Tu crois vraiment qu'on peut avoir une relation saine si chaque fois que l'un de nous est en colère il ressort ses vieilles rancœurs ?
— Ses vieilles rancœurs ? Et quelles rancœurs exactement as-tu contre moi ? Je ne t'ai jamais abandonné au pire moment, sous prétexte que tu cuisines moins bien qu'un Elfe de maison ! Et j'avais un Horcruxe autour du cou un tiers du temps, moi aussi !
— Bien sûr ! Parce que toi, tu es si parfaite, Hermione ! Tu sais toujours ce qui est bon pour les gens, pas vrai ? Et ça t'autorise à décider à leur place.
Pansy réprima un sourire. Elle n'aurait pas cru le Rouquin capable de tenir tête ainsi à Granger.
— Je... Va te faire, Ron ! Tu étais bien content que je prenne les décisions quand nos vies étaient en jeu !
— Mais elles ne le sont plus.
— Alors tu n'as plus besoin de moi...
La voix de Granger était amère.
— Ce n'est pas ce que j'ai dit, Hermione. C'est juste que... j'ai besoin de temps. Je te regarde planifier nos vies pour les trente ans qui viennent et... je me reconnais pas là-dedans.
Il y eut un silence. Quand elle reprit la parole, Granger semblait au bord des larmes.
— Tu dis ça comme si j'avais déjà prévu le nombre et le prénom de nos enfants. J'essaie juste de me focaliser sur l'avenir plutôt que sur le passé. Est-ce que c'est si mal que ça ?
Pansy était prête à parier qu'elle n'avait peut-être pas encore décidé de leurs noms, mais Granger avait certainement une idée très claire du nombre d'enfants qu'elle voulait.
— C'est pas que c'est mal, non. Simplement, on peut pas effacer le passé d'un coup de baguette magique. J'ai besoin de temps, Hermione. J'arrive pas à faire comme toi, comme si tout allait bien, à avoir le sourire tout le temps, à faire des projets. On a peut-être gagné la guerre, mais ce monde est un putain de champ de ruines !
Pansy cligna des yeux. Il y avait donc une sensibilité, cachée sous cet amas de taches de rousseur ? Surprenant.

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Électrique
FanfictionVoici sous vos yeux ébahis par ce pairing incongru, un mini recueil de Ron/Pansy qui comptera, a priori, 2 fics assez courtes chacune.