Avec les gosses à Poudlard, c'était juste lui et Hermione le soir à table. Par certains côtés, c'était plus simple. L'idée d'essayer d'expliquer aux enfants les réunions, les coups de fil et les quelques visites surprises de Pansy Parkinson dans leur salon lui tordait l'estomac. Mais il n'y avait pas de distraction. La plupart des soirs, Hermione et lui bataillaient comme des perdus pour trouver des sujets de conversation. Il en parla à une réunion. Serena, la dame aux chats, lui dit :
« C'est ça, être sobre, Ron. Vivre sa vie sans distractions. Il n'y a pas plus grande distraction que l'alcool. »
Au départ, Hermione s'était arrangée pour qu'ils soient pris dans un tourbillon de sorties, pensant qu'être avec ses amis l'aiderait. Sauf que vous ne passiez pas la soirée avec Seamus sans aller au pub, et Dean était devenu snob au niveau des vins, alors un dîner avec lui voulait dire aller poser ses fesses dans un restau chic où il commandait un vin ridiculement cher que Ron devait faire semblant d'aimer. Quelques repas à la maison avec Harry et Ginny c'était bien, et il y avait toujours le repas dominical chez ses parents, mais il n'était pas capable de gérer plus pour le moment.
Il fallait reconnaître une chose à Hermione. Peu importait le temps qu'il passait aux réunions, elle ne disait jamais rien. Mais elle ne lui faisait pas confiance. Pas que Ron puisse lui en vouloir pour ça, parce qu'il fallait bien admettre que s'il ne buvait peut-être plus, il n'était pas non plus sobre. Il ne se faisait pas confiance lui-même, pour être franc. Elle continuait à sentir son haleine quand il revenait la nuit, et insistait pour qu'il l'appelle par Cheminée quand elle n'était pas en ville afin de vérifier ce qu'il faisait. Quand il parlait de son problème, qu'il essayait de formuler pourquoi il buvait – parce que plus il devenait sobre, plus il acceptait qu'il y avait une raison pour laquelle il buvait – elle posait des questions et faisait des commentaires qui lui montraient qu'elle ne comprenait tout simplement pas.
Hermione avait ses démons, comme tout le monde. Mais elle les canalisait en travaillant quatre fois plus dur que tout le monde. L'idée de s'anesthésier pour se trouver lui était complètement étrangère.
Lentement, il se mit à réaliser qu'il était possible qu'elle ne comprenne jamais ce qui le poussait à boire – que peut-être elle était trop proche de cette raison, ou qu'elle était une partie de cette raison. Quelqu'un souleva ce point à une réunion un soir, et il eut besoin de quitter la salle. En général pleine de compassion – qui pouvait oublier son truc avec la S.A.L.E – elle semblait penser qu'à l'exception de son mari, tous les alcooliques étaient des clodos affalés contre des lampadaires, qui faisaient la manche avec un vieux chapeau dégueulasse, mendiant de quoi se payer leur prochaine biture.
Ça n'avait jamais été aussi évident que quand il lui avait finalement dit que Parkinson était sa tutrice. Elle avait marmonné dans sa barbe :
« Surprise, surprise...
— Qu'est-ce que tu veux dire par là, Hermione ? »
Arrivés là dans leur mariage, ils se connaissaient un peu trop bien tous les deux. Elle hésita, se rendant clairement compte qu'elle avait franchi une limite. Refusant de revenir en arrière, elle déclara :
« Elle est méprisable. Si j'étais elle, je boirais aussi. »
Ron perdit complètement son sang-froid.
« Tu penses que je suis la seule personne bien dans la salle ? que à part moi, c'est tous des Mangemorts et des clodos ? Je sais que tu ne pouvais pas la voir à l'école ; moi non plus d'ailleurs. Mais laisse-moi te dire une chose : elle se bat comme une folle pour moi. Elle s'assied à côté de moi et de l'autre côté il y a... »
Il s'arrêta net car il n'était pas censé donner de noms.
« Pense à des guérisseurs, des avocats, des gens avec qui tu travailles. Des putain de professeurs. »
Ses yeux lui étaient presque sortis de la tête lorsque le Professeur Chourave était rentrée dans la pièce la semaine dernière.
« Je suis en sacrément bonne compagnie, Hermione ! »
Elle ne lui avait pas adressé la parole durant trois jours.
Comme d'habitude, ils passèrent la veille de Noël avec les Granger, et le jour de Noël au Terrier. Tout le monde était là cette année : Fleur et Bill avaient pris un Portoloin pour venir de France, Charlie et son mec étaient venus de Roumanie, George, Angelina et leurs monstres, et puis Harry, Ginny et les gosses étaient là. Même Percy et sa femme étaient venus. Tout le monde parlait, riait et blaguait.
Pour quelqu'un d'extérieur au groupe, tout semblait parfaitement normal chez le clan Weasley. Son alcoolisme était tabou mais tout le monde y pensait. Sa mère avait insisté sur le fait que le lait de poule était sans alcool et il n'y avait pas eu d'irish coffee cette année. Pas même Fleur ne se plaignit de l'absence de vin. Si vous ne pouviez pas compter sur les Français pour faire chier sur le vin... Il savait que c'était leur façon de lui montrer leur soutien, mais du coup il se sentait comme le déchet de la famille, au lieu d'être le raté de la famille, et de son point de vue, il n'y avait pas une différence énorme entre les deux.
Il avait les nerfs tellement en pelote qu'il pouvait à peine respirer, mais il passa quand même son coup de fil à Pansy le lendemain de Noël. Elle était toute pétillante et l'appela même Ron. Ses gosses étaient à la maison pour les fêtes et elle lui avait rabattu les oreilles pendant deux semaines de ses plans pour les vacances. Il aurait dû lui demander de Transplaner immédiatement. Il aurait dû lui dire qu'il serrait les poings si fort que ses ongles creusaient des marques en demi-lune dans ses paumes.
Il lui souhaita un Joyeux Noël, raccrocha, et se dit qu'il serait ivre avant le coucher du soleil.
Évidemment, ils avaient viré toutes les bouteilles de la maison quand il avait commencé à aller aux AA. Il parvint à passer le petit-déjeuner, et même un snack un peu plus tard avant d'atterrir dans la salle de bain, où il vida l'armoire à pharmacie. Il y avait toujours des sirops pour la toux à base d'alcool qui restaient de quand Hugo avait fait une bronchite, et un autre médicament qui contenait de l'alcool, là depuis que la mère d'Hermione avait passé la semaine chez eux quand elle avait la grippe. Il descendit le tout. Il essaya d'ignorer Hermione qui l'appelait avec inquiétude depuis l'autre côté de la porte, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. Il transplana jusqu'au pub le plus proche.
Et commença à s'en mettre vraiment une bonne.
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Électrique
FanficVoici sous vos yeux ébahis par ce pairing incongru, un mini recueil de Ron/Pansy qui comptera, a priori, 2 fics assez courtes chacune.